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Une vague massive de cyberattaques rappelant le mode opératoire du virus WannaCry en mai se répandait mardi à plusieurs multinationales européennes et américaines après avoir frappé des entreprises majeures et des structures gouvernementales en Ukraine et Russie.
Après avoir obligé le géant pétrolier russe Rosneft à passer sur un serveur de secours et la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl à revenir à des mesures manuelles du niveau de radioactivité, le "ransonware" (rançongiciel) Petrwrap causait des pannes informatiques chez le transporteur maritime Maersk, coupait le courant chez le propriétaire des biscuits Lu et Oreo et contraignait des salariés allemands de Nivea à rentrer chez eux plus tôt.
Le laboratoire pharmaceutique Merck est devenu la première victime connue aux Etats-Unis, son système informatique ayant été "compromis".
Le virus "se répand dans le monde entier, un grand nombre de pays sont affectés", a prévenu sur Twitter Costin Raiu, chercheur du laboratoire russe Kaspersky. Selon lui, l'Ukraine est le pays le plus touché devant la Russie et dans une moindre mesure la Pologne et l'Italie.
Des informations rapportées par plusieurs entreprises ciblées par ces attaques simultanées faisaient état d'un virus faisant apparaître une demande de rançon de 300 dollars en monnaie virtuelle sur l'écran de leurs ordinateurs.
Selon plusieurs spécialistes de cybersécurité, le virus responsable, "Petrwrap", est une version modifiée du ransonware Petya qui avait frappé l'an dernier.
Il a frappé en Russie et Ukraine des dizaines de cibles aussi variées que des banques, les fabricants des confiseries Mars ou des produits de soin Nivea, le groupe de distribution Auchan et des structures gouvernementales ukrainiennes, a ainsi indiqué Group-IB.
Le 12 mai, un autre rançongiciel, "Wannacry", avait affecté des centaines de milliers d'ordinateurs dans le monde, paralysant notamment les services de santé britanniques et des usines du constructeur automobile français Renault. Ses auteurs réclamaient une rançon pour débloquer les appareils.
L'éditeur américain d'antivirus Symantec avait mis en cause le groupe de pirates informatiques Lazarus, soupçonné d'avoir partie liée avec la Corée du Nord.
En Ukraine, le Premier ministre Volodymyr Groïsman a évoqué une attaque "sans précédent". "Les banques éprouvent des difficultés à prendre en charge leurs clients et faire des opérations bancaires", a indiqué la banque centrale.
Le site du gouvernement ukrainien a été bloqué, tout comme celui de la centrale Tchernobyl, où s'est produit en avril 1986 la pire catastrophe nucléaire de l'histoire.
En raison de pannes informatiques, la mesure du niveau de radiation sur le site, à l'arrêt total depuis 2000, se faisait "manuellement".
"Cela veut dire que nos techniciens mesurent la radioactivité avec des compteurs Geiger sur le site de la centrale, comme on le faisait il y a des dizaines d'années", a déclaré Olena Kovaltchouk, la porte-parole de l'Agence gouvernementale de gestion de la zone d'exclusion de Tchernobyl, ajoutant ne pas savoir quand un retour à la normale serait possible.
A Kiev, les usagers du métro ne pouvaient plus acheter de tickets par carte bancaire tandis qu'à l'aéroport Borispil de Kiev, la plupart des panneaux d'affichage étaient éteints.
"La principale version de l'enquête se concentre sur la piste russe", a déclaré le procureur général militaire ukrainien Anatoli Matios, cité par l'agence Interfax-Ukraine.
La Russie a pourtant été directement frappée. Sa banque centrale a fait état d'établissements financiers infectés, sans que leur fonctionnement ne soit perturbé.
Rosneft, l'un des plus gros producteurs de pétrole au monde, a indiqué que sa production n'avait pas été interrompue grâce à un serveur de secours. Le sidérurgiste Evraz a également subi une attaque, a indiqué un porte-parole à l'agence Ria-Novosti.
En Europe, plusieurs multinationales se sont dites affectées, notamment le transporteur maritime danois Maersk ou le géant britannique de la publicité WPP.
En France, les sites officiels du groupe de matériaux de construction Saint-Gobain n'étaient pas accessibles, un porte-parole indiquant que les systèmes informatiques avaient été "isolés" par mesure de sécurité.
Des employés de sa filiale Point P, dans le nord de la France, ont reçu un message leur demander de déconnecter leur ordinateur du réseau.
Et en Allemagne, selon la chaîne de télé régionale NDR, "plus rien ne fonctionne au siège" de Beiersdorf, le fabricant de la crème Nivea et de nombreux salariés ont dû rentrer chez eux.
"Le phénomène des ransomwares se démocratise. Ces vagues d'attaques virales, on va en avoir beaucoup dans les prochains mois", a prévenu le colonel Nicolas Duvinage, chef du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) de la Gendarmerie Nationale française, interrogé par l'AFP.