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Un taux de positivité de 22,1%
48.002 tests ont été effectués entre mardi et mercredi. Ce qui constitue un record depuis le début de l’épidémie dans le pays. Le taux de positivité qui s’établit à 22,1%, n’est pas loin d'être le plus haut jamais enregistré lui aussi. Autant d’indicateurs qui font pencher la balance vers le scepticisme. Idem pour la capacité en lits de réanimation. En comptant les 312 nouveaux patients admis en réanimation ou en soins intensifs en 24h, les structures de réanimation sont désormais occupées à hauteur de 41,2%. Certes, on est encore loin de la catastrophe, mais à ce rythme, on s’y achemine. D’où l’importance de la vaccination. Mais là aussi, il y a un bémol.
A contre-temps. Dans sa volonté d’élargir son arsenal vaccinal, le ministère de la Santé s’est peut-être un poil trop précipité en signant un accord d’approvisionnement avec Pfizer et BioNTech SE. L’accord dont Pfizer Inc. et les laboratoires Pfizer SA au Maroc sont parties prenantes, a été annoncé via un communiqué soulignant l’engagement mondial de Pfizer et de BioNTech à aider à lutter contre la pandémie. Mais ce noble dessein, à la teinte pécuniaire, est fortement contrarié.
Pfizer perd de son efficacité
D’après une étude parue sur la plateforme medRxiv, il semblerait que le vaccin développé par Pfizer et BioNTech SE, dont le Royaume devrait recevoir plus d’un million avant la fin du mois d'août, perd de son efficacité quelques mois après l’injection de la seconde dose. En détail, l’étude évoque une perte d'efficacité de 96% à 84% en quatre mois. Soit 6% tous les 60 jours. L’efficacité du vaccin américain pourrait ainsi tomber à moins de 50% au bout de 18 mois.
Alors que les autorités sanitaires marocaines sont sur le point d’accorder l’autorisation de mise sur le marché (l’AMM) de l’antidote américain, cette nouvelle a de quoi surprendre et inquiéter. Certes, l'étude n’a pas encore été suffisamment analysée et relue par d’autres scientifiques, mais elle en dit long sur les zones d’ombre que recèlent des vaccins développés en des temps record. D’autant plus que les scientifiques à l’origine de l’étude n’ont pas lésiné sur les moyens. 45.000 patients vaccinés avec deux doses dans six pays y ont participé.
«Les données en provenance d'Israël indiquent une diminution de l'efficacité, qui est au départ à quasiment 100 % contre le risque d'hospitalisation. Après une période de six mois, l'efficacité devient faible chez les personnes âgées de plus de 90 ans et moyenne chez les plus de 80 ans”, admet Albert Bourla, le P.-D.G. de Pfizer sur CNBC. Puis de nuancer : “La bonne nouvelle, c'est que nous pensons qu'une troisième dose pourra faire revenir le niveau d'immunité à un niveau suffisant pour protéger contre le variant Delta».
L’éventualité d’une troisième dose se précise
De toute évidence, ces résultats arrangent bien les affaires et le compte en banque du laboratoire en plaidant pour l’éventualité d’une troisième dose. En réalité, cette éventualité n’en est plus une. Surtout outre-Méditerranée. A commencer par Emmanuel Macron. Le président français a confirmé, dans une vidéo postée sur Instagram et TikTok, la nécessité d’une troisième dose de vaccin à la rentrée, principalement pour «les plus âgés et les plus fragiles» Et d’ajouter qu’il était “maintenant établi que pour lutter contre ce virus, il faut des rappels”. Ailleurs sur le Vieux Continent, plusieurs pays lui ont emboîté le pas. L’Allemagne a par exemple annoncé qu’un rappel serait disponible le 1er septembre pour les plus vulnérables. En Hongrie, c’est le cas depuis le 1er août. Et tout cela, contre l’avis de l’Organisation mondiale de la santé.
Depuis plusieurs semaines, la répartition inégale des vaccins aux quatre coins de la planète agaçait au plus haut point les dirigeants de l’Organisation onusienne. Désormais, l’agacement s’est transformé en colère froide. «Nous avons un besoin urgent de renverser les choses : d’une majorité de vaccins allant dans les pays riches à une majorité allant dans les pays pauvres», a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus. Pour y parvenir, l’OMS appelle les grandes puissances à ne pas se précipiter avant de débuter l’injection des troisièmes doses. Mais sera-t-il pour autant écouté ? Rien n’est moins sûr.
L’OMS plaide pour l’égalité
En tout cas, du côté des U.S.A, c’est niet. Il n’est pas question d’attendre qui que ce soit, estimant que s’engager sur deux tableaux n’est pas mission impossible. “C’est un faux choix”, a commenté à Washington Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, avant de préciser le fond de sa pensée : “Nous estimons que nous pouvons faire les deux. Nous n’avons pas besoin de choisir entre administrer des rappels à la population américaine, ce qui n’est pas encore officiellement prévu, et aider les pays pauvres”.
En clair, c’est la loi du plus fort qui prime. Les grandes puissances n’accordent que peu de considérations aux désidératas de l’OMS, dont le patron dénonce depuis des mois une forte inégalité vaccinale entre pays riches et pays pauvres. Pour preuve, sur les quatre milliards de doses injectées dans le monde, 80% sont allées à des pays dont le revenu par habitant est moyen ou élevé, alors qu’ils représentent moins de 50% de la population mondiale. Et ce n’est pas près de changer.