Une occasion de réflexion et d'évaluation


Par Khalid Cherkaoui Semmouni *
Jeudi 8 Mars 2018

La Journée internationale de la femme est célébrée le 8 mars. C'est une journée qui met en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes. Ce n'est qu'en 1977 que les Nations unies officialisent la journée, invitant tous les pays du monde à célébrer cette journée en faveur des droits des femmes.
C'est une journée de manifestations à travers le monde pour faire aboutir les revendications des femmes, améliorer la condition féminine et faire un bilan sur la situation des femmes dans la société. C’est une occasion, aussi, de discuter et d'examiner les réalisations accomplies et de suivre les aspirations des femmes à l'avenir.
La société marocaine a-t-elle commencé à reconnaître les capacités et les compétences des femmes au sein de la société et des institutions ?
Personne ne pourrait contredire les progrès réalisés par la femme marocaine, grâce à ses efforts et ses ambitions qui lui ont permis d’occuper des postes de direction et d'imposer sa présence dans la société civile et politique, et en particulier au sein des partis politiques et des institutions représentatives, en dépit des défis majeurs auxquels elle est confrontée et des traditions fossilisées qui font obstacle à sa carrière.
Toute Marocaine a le droit d'être fière de ce qu'elle a pu atteindre. Elle a acquis des droits politiques et civils à travers différentes étapes historiques, qui sont consolidés ces dernières années grâce au militantisme de la société civile en général.
Malheureusement, les statistiques officielles montrent que les femmes continuent à souffrir de l'analphabétisme et du chômage, beaucoup plus que les hommes, et de leur faible intégration dans la sphère économique. La participation des femmes aux postes de «leadership» et de prise de décision est également faible. Aussi, nous continuons d'observer les pratiques discriminatoires à leur égard dans la société et au sein des partis, telles que la marginalisation de leur rôle politique, même lorsqu'elles sont fournies dans l'interface, offrant seulement un décorum ou un pari électoral,  ce qui peut être considéré comme une sorte d’exploitation des femmes sur le plan politique et dans les médias.
Nous constatons également que parmi les principaux objectifs du développement durable, celui d'atteindre la parité totale entre les hommes et les femmes au  niveau des droits de citoyenneté, l'autonomie des femmes et leur contribution pleine et équitable dans toutes les activités politiques, notamment en contribuant aux décisions et en participant à la gestion des affaires publiques aux côtés des hommes. Une condition préalable à la réalisation du principe d'égalité.
Sans aucun doute, le Maroc a accompli de nombreuses réalisations pour la promotion des droits des femmes. Depuis son accession au Trône, S.M. le Roi Mohammed VI mène un processus remarquable de modernisation du statut de la femme marocaine ; comme il a souligné dans plusieurs discours la nécessité de promouvoir le rôle des femmes et d'ouvrir les perspectives de leur participation dans les centres de prise de décision et dans les institutions représentatives.
L'une des lois importantes en faveur des droits des femmes marocaines,  le Code de la famille, annoncé en 2003 et qui est l'une des premières initiatives d’adoption de leurs droits, quatre ans après l'accession de SM le Roi au Trône. Cette loi était considérée comme "Une révolution sociale et législative".
Sans oublier de saluer les multiples réformes initiées par le Maroc en vue de promouvoir les droits de la femme et d’œuvrer pour son autonomisation, en citant le Code de la nationalité, la scolarisation des filles, l’accès des femmes aux postes de décision, l’adoption de l’approche genre dans tous les domaines et des programmes de lutte contre la violence à l’égard des femmes, la ratification de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la levée des réserves la concernant, ainsi que l’institution de l’égalité et de la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination dans la Constitution de 2011.
Ce processus est couronné, cette année, par la décision de S.M. le Roi Mohammed VI de charger le ministre de la Justice d'ouvrir aux femmes la profession d'adoul et de prendre les mesures nécessaires pour réaliser cet objectif. Cette décision confirme bien le haut niveau de formation et de culture scientifique acquis par la femme et la qualification, la compétence et la capacité dont elle a fait preuve dans les différentes hautes fonctions qu’elle a assumées.
Malgré ces réformes remarquables, nous constatons, encore, une présence modeste de la femme marocaine, aussi bien dans les postes de prise de décision, ou dans les institutions représentatives (Parlement et collectivités territoriales), ou dans les partis politiques.
Cette réalité incompatible avec le statut avancé de la femme, comme nous l’avons constaté, est liée à la nature de la société. La mentalité masculine prévaut toujours, donnant la priorité aux hommes en tant que leaders sociaux et politiques et en tant qu'individus ayant des capacités plus fortes que les femmes pour gérer les affaires publiques et occuper des postes de direction.
L'accès des femmes aux postes de décision ou aux institutions représentatives est parfois très difficile et complexe, malgré la rhétorique selon laquelle les partis politiques soutiennent cette question, qui reste parmi les défis majeurs auxquels est confrontée aujourd'hui  la femme. C’est un indicateur du degré d'égalité entre les sexes.
Enfin, et en commémorant la Journée internationale de la femme, nous pouvons souligner l'importance de promousoir les droits des femmes, surtout le droit à l’égalité avec les hommes, et de changer les concepts traditionnels dans la société les concernant, en soumettant ces concepts à la critique objective et constructive, à savoir que le progrès de la société serait incomplet sans la participation réelle et efficace des femmes dans la société civile et politique, et aussi dans la gestion des affaires publiques aux côtés des hommes sans aucun sentiment d’infériorité que ressentent ces derniers.

 * Ancien président du Centre
marocain des droits de l’Homme



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