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Une Coupe du monde à trois Pourquoi pas ?


Chady Chaabi
Jeudi 22 Novembre 2018

Depuis l’échec du Royaume à l’organisation de la Coupe du monde 2026, les rumeurs vont bon train concernant une candidature maghrébine conjointe, entre le Maroc, la Tunisie et l’Algérie, afin d’accueillir la Coupe du monde 2030. Si cette éventualité s’est estompée avec le temps, l’hypothèse d’un scénario similaire a pris forme dernièrement. Mais pas avec les mêmes protagonistes. Par la voie de son président du gouvernement, Pedro Sanchez, en visite lundi au Maroc, l’Espagne a proposé au Royaume de soumettre une candidature conjointe, aux côtés du Portugal, pour le Mondial 2030 « J'ai fait la proposition - d'abord au gouvernement puis au Roi Mohammed VI - de lancer une candidature commune pour organiser en 2030 le Mondial entre le Maroc, l'Espagne et le Portugal", a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Nous allons travailler avec le Portugal à la présentation de cette candidature hypothétique qui, je pense, sera très compétitive et nous réjouit beaucoup ». Si l’on en croit le chef de l'Exécutif espagnol, la proposition du gouvernement ibérique aurait eu les faveurs des autorités marocaines.
Initialement, cette volonté a été émise par le président de la Fédération espagnole de football, Luis Rubiales, lorsque son homologue de la FIFA, Gianni Infantino, a rendu visite, en septembre dernier, à la Moncloa, le siège du gouvernement espagnol. D’ailleurs, ce dernier serait lui aussi emballé par cette candidature. Elle pourrait contenter trois pays qui restaient sur des échecs. Car à la dernière déception du Maroc, s’ajoutent celles du royaume ibérique ainsi que du Portugal, qui ont tous deux essuyé un échec pour l’obtention de l’organisation du Mondial 2018.
La récente victoire du trio USA-Canada et Mexique a ouvert la voie aux candidatures tripartites. Du coup, cette tendance émergente pourrait servir les intérêts du Maroc à plusieurs égards, et comblé les nombreuses lacunes qui lui ont causé un énième échec en juin dernier. Néanmoins, elle rend la concurrence beaucoup plus grande.   
Après plusieurs tentatives (1994, 1998, 2006, 2010 et 2026), le Maroc n’a pas encore rangé au placard son ambition de devenir le deuxième pays africain à organiser l’évènement sur le continent, après l’Afrique du Sud, en 2010. Pour 2026, sa candidature s’inscrivait dans une vaste stratégie de développement du pays, et avait l’avantage de l’homogénéité par rapport à la candidature hybride nord-américaine : une faible distance entre les villes susceptibles d’accueillir la compétition et un seul fuseau horaire, ce qui serait toujours le cas, dans l’éventualité d’une organisation tripartite, contrairement aux avantages liés à la monnaie et à la législation. Ensuite le Maroc espérait montrer que cette compétition pouvait servir de promotion économique et sociale. Mais techniquement, il partait avec du retard, au vu des critères (infrastructures, transport, hébergement, budget…) imposés par la FIFA. Car United 2026, avec trois pays habitués à l’accueil de grandes compétitions sportives, propose du prêt-à-l’emploi, alors que le Maroc doit encore construire des stades.
 

Sur ce dernier point, les collaborations du Portugal (Euro 2004, Final four de la Ligue des nations en juin) et de l’Espagne (Coupe du monde 1982 et J.O d’été 1992) représenteraient un complément idéal. Et puis il y a l’argent évidemment. Dans ce méga format à quarante-huit équipes, c’était le principal argument d’United 2026, qui anticipait des prévisions deux fois plus que celles marocaines. Comme cette donnée commerciale charme Gianni Infantino, la présence des deux pays européens au côté du Maroc tend à augmenter ostensiblement les retombées financières.
Sur le front diplomatique, le Maroc s’était positionné sur un axe d’unité continentale, et de fraternité euro-africaine. Avec les cinquante-cinq membres de l’UEFA et les cinquante-trois de la CAF, les Confédérations des deux continents rassemblent plus de la moitié des votants. Peu avant la tenue du vote qui a sacré la candidature nord-américaine, Noêl Le Graêt, le patron de la Fédération française, grand supporter du Maroc, a défendu le dossier du Royaume devant l’assemblée de la puissante UEFA. Son credo ? Rendre à l’Afrique ce qu’elle a donné au football européen ». Mais entre morale, économie et politique, il y avait un gouffre qui pourrait être comblé par la candidature tripartite, puisqu’en ligne de compte rentreraient désormais également deux pays européens.  
En revanche, et bien que le Royaume se situe à seulement 15 kilomètres de l’Espagne, en ces temps de crise migratoire, l’obtention de toutes les garanties nécessaires sur l’aspect clé des visas et de la liberté de circuler des joueurs, des staffs, mais aussi des fans sera un enjeu majeur. Aussi, il va falloir faire face à la concurrence de plusieurs candidatures conjointes, comme celles venues des Balkans, Bulgarie-Grèce-Roumanie-Serbie, ou encore d’outre-Manche (Angleterre, Irlande du Nord, Écosse et pays de Galles), sans oublier le dossier qui part avec une légère avance, composé d’un trio sud-américain, Argentine, Uruguay et Paraguay.  Avance symbolique due au 100ème anniversaire de l’événement, dont la première édition s’était tenue, je vous le donne en mille, en Uruguay (1930).


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