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Un champion d’apnée trompe la mort sous la glace des Alpes autrichiennes


Mardi 25 Février 2020

Ce n’est pas la façon dont l’Autrichien Christian Redl s’imaginait terminer son aventure: inconscient sur la surface gelée du lac de Weissensee après avoir échoué à conquérir un record de plongée en apnée sous la glace.
Remonté par un membre de son équipe, aussitôt pris en charge par les médecins sur place, le sportif est secoué mais philosophe : “Pour moi, ce n’est pas dangereux. C’est juste quelque chose qui peut arriver”, explique-t-il, après avoir récupéré ses esprits, aux journalistes de l’AFP qui ont assisté à sa tentative.
Ce brun de 43 ans fait partie de la petite communauté d’apnéistes à chasser l’exploit en eaux glaciales.
L’apnée sous la glace est une niche car “il fait froid, sombre, c’est oppressant”, décrit Christian Redl.
Situé à 930 mètres d’altitude, dans un décor de sapins et de hauts sommets au sud du pays, le lac de Weissensee devait lui offrir les conditions idéales pour descendre à 71 mètres de profondeur, dans une eau à deux degrés, et ainsi battre le record de la discipline détenu par un Neo-Zélandais.
La tentative s’est déroulée mi-février, alors que 30 centimètres de glace recouvraient le plan d’eau.
La descente au moyen de la gueuse fixée sur un câble s’est passée comme prévue mais le plongeur a été terrassé lors de sa remontée avec les palmes : “J’ai brûlé trop d’oxygène pour me propulser avec les bras et les jambes et ça, combiné avec la température de l’eau, ça s’est terminé en blackout”.
Les vocations prennent parfois d’étranges détours : c’est parce que ses activités professionnelles ne lui permettaient pas de mener ses tentatives de record pendant l’été que le sportif, grandi près de Vienne, s’est spécialisé dans l’apnée sous la glace, y gagnant le surnom de “Iceman”.
A 30 ans, il a pu abandonner son métier de banquier d’investissement pour se consacrer à sa passion, complétant ses revenus en enseignant la plongée et en jouant dans des films.
Sa capacité à rester en apnée jusqu’à six minutes a fait de lui un figurant demandé pour les rôles de noyé, raconte-t-il en riant.
Mais c’est dans son personnage de plongeur de l’extrême qu’il s’est épanoui, avec un goût prononcé pour les aventures spectaculaires : l’an dernier, il s’est immergé dans les eaux sombres des grottes du glacier d’Hintertux, dans les Alpes du Tyrol, à 3.200 mètres d’altitude ; en 2012, il est parti au Népal pour explorer les profondeurs d’un lac à 5.160 mètres d’altitude. Cette expérience népalaise reste la plus exigeante qu’il ait jamais menée.
“Les dix premiers médecins que j’ai vus m’ont dit: +c’est impossible, tu vas mourir+”. Le onzième a dit +tu vas mourir mais le projet est intéressant+ et je me suis focalisé sur la seconde partie de la phrase”.
Ant Williams, son rival neo-zélandais détenteur du record de plongée en apnée sous la glace, lui reconnaît du “talent” pour un sport qu’il décrit comme “bien plus intimidant et inconfortable que la plongée normale”.
“L’eau n’est pas seulement gelée mais c’est le noir absolu et menaçant là-dessous”, décrit-il à l’AFP.
A la différence de l’apnée sous la glace, cantonnée aux spécialistes, la plongée en lac gelé attire de plus en plus d’adeptes, observe Ernest Turnschek, directeur d’une école de plongée au Weissensee et ami de Redl depuis plus de vingt ans.
“Les pratiquants sont fascinés par les teintes visibles sous l’eau”, explique-t-il.
Christian Redl s’entraîne essentiellement en piscine. “Je fais tout grâce au mental et je ne me soucie pas du froid”, assure-t-il.
La quête de records dans les abysses lui coûte de plus en plus, reconnaît-il : “Je sens que je vieillis et que j’ai besoin de plus d’entraînement qu’il y a neuf ans, à l’époque de mon premier record en plongée sous la glace”, à 61 mètres de profondeur.
Mais comme de nombreux apnéistes, il raconte “l’addiction” des profondeurs, l’envie d’aller toujours plus loin et le “sentiment incroyable” de la remontée à la surface.
“Lorsque tu respires à nouveau l’air extérieur, c’est comme une renaissance”.


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