Pour trouver un champion qui domine totalement les débats en Botola, il faut remonter à la saison 2016-2017, lorsque le Wydad de Casablanca avait remporté le titre avec un confortable matelas de 7 points d’avance. En cette édition rendue particulière par la crise sanitaire, le championnat s’est joué en deux parties. La première dominée par le WAC et la seconde par son intime ennemi, le Raja. En clair, les Verts ont nettement mieux géré les aspects émotionnels et sanitaires de la pandémie, pour revenir encore plusforts, malgré un effectif très peu fourni quantitativement. Même si qualitativement, Jamal Sellami n’a pas eu à se plaindre. Les Hafidi, Moutouali et autre Rahimi, ont eu la bonne idée d’être en pleine bourre au moment où se nouait le destin de la Botola. Les deux premiers ont été ultra déterminants, dimanche face à l’ASFAR, alors que le dernier a permis aux Verts d’écarter la RSB de la course au titre, en égalisant au bout du temps additionnel (2-2). A eux trois, ils ont inscrit un peu plus de la moitié des buts de leur équipe (22 sur 43). Une performance teintée à la fois de maîtrise (1er/56% de possession) et d’une efficacité diabolique devant les cages adverses (près d’un tir cadré sur deux). Car si l’on en croit les «Expected Goals», le Raja aurait dû marquer moins de 39 buts. Perdre le championnat dansle sprint final, malgré 14 penalties obtenus, n’est jamais anodin. Surtout quand pas moins de 11 joueurs arrivent au mercato d’hiver et que l’entraîneur est limogé dans la dernière ligne droite. Autant dire que le Wydad s’est tiré une balle dans le pied. La faute à un projet sportif illisible de manière générale, et à une défense patraque en particulier (5ème), encaissant cinq buts de plus que le champion (1er/23 buts encaissés). Bref, le Raja a mérité sa couronne, autant que le Raja de Béni Mellal et l’Olympique de Khouribga la relégation. Séparées d’une centaine de kilomètres, les deux cités partageaient les mêmes maux et notamment des défenses à l’agonie, avec respectivement 41 et 38 pions encaissés, soit les 15ème et 13ème pires défenses. Mais cela ne suffit pas toujours pour vivre le cauchemar de la descente, comme en atteste Berrechid. Plus mauvaise arrière-garde de l’élite (44 buts encaissés), le CAYB a sauvé sa place en D1 grâce à une prise de risque constante dans les plans de jeu et à des individualités prometteuses. Un véritable vent de fraîcheur. Les promesses, justement, parlons-en. Le championnat regorge de talents. Que ce soit des quasi-quarantenaires (38 ans), à l’instar d’El Mobaraky (18 buts et passes décisives), ou des «prospects», des promesses pour l’avenir, comme Amine Aboulfath, très sûr dans la passe (1er). Il est également doté d’une lecture et d’une compréhension du jeu hors norme (1er en interceptions). Sans oublier, Chihi (IRT) qui a tourmenté bien des défenses (71% de dribbles réussis) et a été sans aucun doute déterminant dans le maintien de son club. Avec 75 arrêts, R. Bounaga a, quant à lui, été essentiel dans la surprenante 7ème place occupée par le MAT qui n’avait plus connu pareil classement depuis la saison 2015-2016 (6ème).