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Trop juteux, le business des médocs : Les circulaires se suivent et se ressemblent

Des cliniques privées n’en ont cure


Hassan Bentaleb
Mardi 2 Avril 2019

Les circulaires interdisant la vente de médicaments par les cliniques privées se succèdent et se ressemblent. Une nouvelle vient d’en être adressée aux professionnels de la santé. Elle menace les contrevenants d’entre eux de poursuites judiciaires. En effet, Anas Doukkali, ministre de la Santé, ne compte tolérer aucune violation de la loi n° 17-04 portant Code du médicament et de la pharmacie.
«C’est un problème qui ne date pas d’aujourd’hui et les circulaires concernant ce sujet se succèdent depuis la promulgation de la loi 14-07 », nous a confié Khalid Zouine, président du Conseil national de l’Union nationale des pharmaciens du Maroc (UNPM). Et de poursuivre : « En effet, ledit texte de loi stipule dans son article 72 que les cliniques doivent s’approvisionner directement auprès des établissements pharmaceutiques et que ces derniers doivent céder les médicaments aux cliniques au prix hôpital défini par voie réglementaire et ces derniers doivent les facturer aux patients dans les limites du prix précité».    
Ces dispositions sont souvent violées par les cliniques privées, selon notre source. En outre, «ces derniers facturent souvent les médicaments au Prix Public Maroc (PPM) alors qu’ils devraient le faire au prix de l’hôpital. Les médicaments vendus doivent être uniquement utilisés au sein des cliniques. Ceci d’autant plus que ces cliniques ne doivent pas disposer de stocks énormes et ces derniers doivent être gérés par un pharmacien ou être livrés dans le cadre d’une convention avec une pharmacie», nous a-t-elle précisé.
Et le contrôle ? « Ça n’existe pas. D’ailleurs, il y a déjà une circulaire de Louardi qui n’a jamais été respectée. C’est le cas également des chèques de garantie qui sont interdits par la loi mais qui demeurent une pratique récurrente au sein des cliniques », nous a déclaré Khalid Zouine. Et d’ajouter : « Prenez l’exemple de la ville de Meknès, seuls deux cliniques ont signé une convention avec des pharmacies ».
Notre source estime que cet état d’anarchie est dû à l’absence de mécanismes de contrôle et pense qu’au cas où ils existeraient, il sera facile de les déjouer. « Il est difficile de surveiller et de contrôler l’ensemble des cliniques. Mais, il est possible de détecter la source de chaque médicament en se référant au numéro du lot dont il fait partie ».
En attendant que ces contrôles soient opérationnels, notre source estime que c’est le citoyen qui  paie les pots cassés puisque les prix des médicaments achetés aux cliniques sont majorés. «Certaines cliniques n’hésitent pas à facturer une boîte de médicament dont  le patient n’a consommé qu’un ou deux comprimés », nous a-t-elle expliqué.
« L’initiative est bonne, mais sa mise en œuvre laisse à désirer », nous a affirmé le président du Conseil national de l’UNPM qui estime que les véritables problèmes sont ailleurs.  La couverture sociale, les retraites, le droit de substitution, la régionalisation des Conseils de l’Ordre et la réactualisation des textes de loi régissant les autres instances professionnelles, etc. semblent les véritables questions qui hantent les pharmaciens.
Des soucis dont Anas Doukkali semble avoir pris conscience puisqu’il a reconnu que le secteur de l’officine connaît, aujourd’hui, de vraies difficultés qui menacent la pérennité et les missions essentielles de ce dispositif national. A ce propos, il a déclaré dernièrement que le dialogue est engagé avec les professionnels sur l’avenir de la profession et que plusieurs projets de loi sont mis dans le pipeline législatif (texte de loi relatif à la pharmacopée, à la pharmacovigilance, au Conseil de l’Ordre, à la biodisponibilité, et à l’inspection). D’autres textes suivront concernant notamment le Dahir de 1922 sur les stupéfiants et la révision de la loi 17/04 ainsi que des textes d’application.
Une étude d’impact de l’application du Décret de fixation des prix sur le secteur menée avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sera lancée à côté des autres pistes qui seront explorées (rémunération des services rendus à la santé publique, droit de substitution…).


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1.Posté par Bouhlal le 05/04/2019 18:52 (depuis mobile)
C'est catastrophique

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