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A la différence de la première vague d’avril dernier, désormais, on connaît tous un proche contaminé par le nouveau coronavirus. Ce qui en dit long sur le terrain qu’il prend. En même temps, comment pouvait-il en être autrement alors que dans certaines régions, le bilan de contaminations quotidien est de trois voire quatre chiffres. Comme en atteste la région de Casablanca où la barre des 2000 cas est sans cesse repoussée (+2478 cas dont 2.059 uniquement à Casablanca). Dans la capitale économique, la population a accepté de vivre avec le virus, mais sans pour autant s’astreindre aux mesures préventives et aux gestes barrières. Ce qui revient à combattre le feu par le feu. Résultat : la situation épidémiologique s’y est embrasée. Mais elle n’est toujours pas alarmante. Contrairement aux rumeurs qui courent, les structures dédiées au Covid-19 à Casablanca ne sont pas encore saturées, quand bien même on compte à l’échelle nationale 869 cas en réanimation dont 531 personnes sous ventilation non invasive et 66 sous intubation. Mais ce n’est en aucun cas une raison pour ne plus prendre les précautions d’usage. On ne le répétera jamais assez.
Et pour cause, ce relâchement a été à l’origine de la flambée des nouveaux cas, ailleurs au Maroc. La situation se dégrade sérieusement dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra et de l'Oriental, avec respectivement 896 et 781 nouveaux cas. En tout et pour tout, et si l’on se base sur le cumul des nouveaux cas (235.310), l’incidence qui est de l’ordre de 15,8 cas par 100.000 habitants et le nombre de cas actifs qui a atteint les 37.442 cas, difficile de voir le verre à moitié plein et se convaincre que tout va bien dans le meilleur des mondes. En réalité, le pays est à un tournant. Un moment charnière où il va falloir manœuvrer avec un peu plus de dureté et sévérité. Il ne vous aura pas échappé que l’on rentre et on ressort de Casablanca comme dans du beurre. Pourtant, elle est censée être la ville dont les entrées et sorties sont les plus surveillées. En fin sur le papier. Sur le terrain, c’est une toute autre histoire. En parlant d’histoire, à l’avenir, la nôtre ne risque pas d’évoluer, bien au contraire. A cause principalement d’un vaccin qui devait à la base être le remède à tous nos maux, mais il n’en est rien (voir par ailleurs). Les vaccins qui seront commercialisés ne vont pas révolutionner notre quotidien. Le monde scientifique est, pour une fois, en phase pour assurer que les vaccins pourraient ne pas être capables de fournir une protection à vie contre la Covid19. Donc, en partant de ce principe, le virus pourrait ne jamais disparaitre. Une situation qui fait craindre le pire et assombrit un avenir déjà bien terne. Pour le moment, les cas de recontamination sont très rares. Ils sont généralement dus à une nouvelle souche du Sars-Cov2. Preuve que le nouveau coronavirus n’a pas encore révélé tous ses secrets. Et malheureusement, le monde risque d’être pour longtemps encore accroché à ses caprices et donc trimballé dans tous les sens, d’une incertitude à l’autre.
Chady Chaabi
Le Sars-Cov-2, un virus éternel
«Le virus est avec nous pour toujours.» Catherine Smallwood n’y est pas allée par quatre chemins pour sonner la fin des espoirs d’une population mondiale fébrilement attachée aux annonces de découverte et de commercialisation de vaccins d’ici à 2021. La responsable des situations d’urgence à l’OMS-Europe est convaincue que le nouveau coronavirus ne disparaîtra pas d’un coup de baguette magique dans lesmois à venir. Comme elle l’a expliqué dans un entretien accordé à « Aujourd’hui en France », Catherine Smallwood est modérément optimiste quant à l’efficacité d’un vaccin à court terme : « Certes, on a plus de 150 vaccins candidats, dont une vingtaine à un stade avancé. Et en général le taux de succès est de 10%. Statistiquement, on en aurait donc un ou plusieurs.» Mais quand bien même l’antidote aurait été découvert, « il faudra du temps pour qu’il soit accessible à la population et les premiers immunisés seront les plus vulnérables. Pendant cette période qui pourrait être longue, le virus, lui, continuera à circuler. »
Du point de vue de l’experte anglaise, il y a donc de fortes chances que le virus qui a contaminé plus de 47 millions de personnes dans le monde et en a tué près d’un million et demi, ne soit jamais terrassé et pis, qu’il continue son avancée macabre malgré la disponibilité d’un vaccin. Une période « qui ne se compte pas en semaines, ni en mois mais plutôt en années», précise-t-elle, à cause notamment des nombreuses incertitudes :«Ça dépendra du vaccin, s’il est efficace et pour combien de temps». En attendant que le temps éclaire ces zones d’ombre, «les vagues continueront de se succéder», regrette-t-elle. Dans ce caslà, quelle stratégie adopter ? Pour Catherine Smallwood,«il faut réussir à rendre les vagues de contaminations plates afin de garder le contrôle de la situation et ne plus subir les hauts et les bas que l’on connaît». Puis d’ajouter : « Le seul moyen d’y parvenir, c’est de trouver tous les cas de Covid. » Autrement dit, on en revient à la fameuse injonction du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, qui consiste à mettre en place le tester-tracer-isoler. Une stratégie « uniquement efficace quand la courbe de contaminations redescend à « 20, 30, 40 nouveaux cas par jour, et non pas une fois que la transmission du virus s’envole. L’Asie-Pacifique y est arrivée. Certes, ce système est coûteux, mais il l’est bien moins que de refermer une économie»
En clair, le dépistage massif est à privilégier sur des mesures restrictives comme le confinement qui met à genoux l’économie des pays qui l’ont adopté. Selon la responsable des situations d’urgence à l’OMS-Europe, le confinement doit être une option de dernier recours, tout en assurant que « si le confinement est la seule mesure prise, le virus recommencera à circuler aussitôt sa levée ». La nouvelle vague de contaminations qui refait son apparition aux quatre coins du monde lui donne forcément raison. Et notamment lorsqu’elle souligne le relâchement des populations post-déconfinement : « Pendant l’été, la situation sanitaire étant relativement calme, les pays ont préautorisé les voyages, l’économie a repris, les restaurants ont rouvert. Les gestes barrières se sont relâchés. Les plus jeunes ont recommencé à faire circuler le virus.» Bref, individuellement, les citoyennes et citoyens devront tôt ou tard faire le deuil du passé. « Il y a eu un ras-le-bol qui se poursuit », justifie Catherine Smallwood. « On veut retrouver notre vie d’avant. Malheureusement, ce n’est pas notre lassitude qui fera partir l’épidémie. » Et encore moins les vaccins. Décidément, le Sars-Cov-2 n’a pas fini de tourmenter nos vies, pour le plus grand malheur des plus démunis qui vivent dans les logements les plus exigus, propices à la propagation du virus.
C.E