Talaâ Saoud Al Atlassi : La gestion du pays ne dénote pas de l'existence d'un Etat algérien


Libé
Jeudi 16 Juin 2022

S' inspirant du titre du film américain ''Y a-t-il un pilote dans l'avion ?'', l'écrivain journaliste Talaâ Saoud Al Atlassi se permet de s'interroger : ''Y-a-t-il un État en Algérie ?'', concluant qu'il existe, certes, dans ce pays un président de la république, un parlement, des institutions ou encore une armée mais "rien dans ce pays ne donne l'impression de l'existence d'un État".

Dans une chronique publiée sur le site d'information en ligne ''Machahid 24'', ce spécialiste de l'Algérie note que l'une des principales définitions de l’État est que cette entité est l'expression de l'intérêt général et le garant de sa pérennité mais seulement voilà, ''il se trouve que les décisions des institutions dans ce pays ne reflètent pas l'intérêt général tout comme, non plus, elles ne contribuent pas à sa préservation. Bien plus, il est permis d'affirmer que lesdites institutions ne bénéficient d'aucune légitimité populaire, un des fondamentaux de la gestion de la chose publique''.

Il relève, à ce propos, que ''la constitution elle-même a été adoptée lors d'un référendum marqué par la plus faible participation populaire dans l'histoire électorale algérienne, une forte abstention tout comme cela a été le cas pour l'élection du président et des membres du parlement. Du coup, il est permis d'affirmer que les institutions en Algérie sont formelles et n'ont aucune influence sur la gestion de la chose publique en Algérie hormis armée''.

''L'histoire du pouvoir en Algérie depuis 1962 est tout simplement une histoire militaire sans aucune manifestation de la composante civile. Et si pendant plusieurs années, les généraux de l'armée se cachaient derrière la façade d'un gouvernement civil, aujourd'hui, ils ne prennent même pas cette précaution, s'affichant publiquement comme les vrais détenteurs du pouvoir''.

Preuve que les institutions civiles sont formelles, le dernier conseil des ministres présidé il y a dix jours par le président Tebboune, soutient-il, expliquant que dans un État qui se respecte, le conseil des ministre ne se réunit pas pour discuter et délibérer au sujet des projets de lois mais pour les adopter avant de les soumettre au parlement pour leur promulgation.

Il ajoute que juste après ce conseil des ministres surréaliste, on a assisté à une réunion du Conseil supérieur de sécurité où les généraux ont le dernier mot et à l'issue duquel il a été décidé de prendre une ''décision punitive'' contre l'Espagne pour avoir affiché une position favorable à la question d'intégrité territoriale du Royaume, une décision portant sur le gel de la convention de coopération et de bon voisinage ainsi que l'arrêt des échanges commerciaux avec l'Espagne.

Une fois encore, les généraux du régime algérien s'affichent comme les véritables maîtres de l'Algérie''. Et de souligner que le conseil des ministres en Algérie est devenu un passe-temps pour le président algérien pour donner l'impression de l'existence d'une entité étatique civile. Car, les vrais décideurs, ce sont les généraux qui vont jusqu'à imposer au président de la république et son gouvernement de déclarer ''la guerre'' à l'Espagne pour son soutien au Maroc.

Il rappelle que le ministère algérien des Affaires étrangères s'est empressé de rappeler l'ambassadeur d'Algérie à Madrid pour consultations juste après le soutien espagnol de la proposition marocaine pour une solution pacifique au conflit autour du Sahara Marocain, estimant que ''la décision algérienne de geler la convention de coopération et de bon voisinage avec l'Espagne ainsi que l'arrêt des échanges commerciaux échappent à toute forme de lecture politique et diplomatique''.

D’où, pour lui, ''la réaction ferme, à la limite de l'ironie, de l'Espagne et de l'Union européenne''. Le chroniqueur note aussi que ''ce comportement des généraux algériens a laissé perplexes tous les analystes dans leur tentative de comprendre les tenants et aboutissants de cette décision qui s'identifie à une ingérence dans les affaires de la politique extérieure de l'Espagne, et qui exprime aussi l'insolence du ministère algérien des Affaires étrangères en demandant à l'Espagne de revenir sur sa décision portant sur sa reconnaissance de la crédibilité et du pragmatisme du plan marocain d'autonomie, seule et unique solution au conflit autour du Sahara marocain.

''Et pour cause, le capital des généraux du régime algérien réside dans leur hostilité vis-à-vis du Maroc qui légitime leur pouvoir et qui leur sert aussi d'épouvantail face à l'opposition, profitant sans vergogne des richesses des pays en prétextant être en guerre face à un redoutable ennemi'', fait-il observer, avant de conclure que ''le long feuilleton du conflit autour du Sahara marocain est dans ses derniers épisodes puisque la communauté internationale ne croit plus aux allégations algériennes, croyant plutôt et surtout en la crédibilité et la pertinence de la proposition marocaine pour régler définitivement ce conflit et ce, pour le grand bien de toute la région. Et la position espagnole donne aujourd'hui un formidable coup de fouet à cette orientation de la communauté internationale et isole de plus en plus les généraux algériens''.


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