Dans une situation pareille, comme en tout temps d’ailleurs, toute institution, dans un Etat qui se veut d’institutions qui plus est, est appelée à assumer pleinement son rôle.
Une fois de plus, l’institution Royale vient de servir un exemple des plus éloquents à ce niveau. Dans un respect total des dispositions de la Constitution, le Roi s’est abstenu de toute intervention laissant faire les protagonistes concernés. Mais la situation étant ce qu’elle est, il a donné ses instructions pour l’organisation d’une entrevue entre deux de ses conseillers et le chef du gouvernement désigné. Messieurs Abdellatif Mennouni et Omar Kabbaj étaient porteurs d’un message à Abdelilah Benkirane à travers lequel le Roi faisait part de toute sa volonté comme de celle de l’ensemble des Marocains de voir le nouveau gouvernement se former dans les meilleurs délais. Tant il est vrai que l’impasse (parler de blocage ne serait, pour ainsi dire, pas très judicieux) aura trop duré.
Il va sans dire cependant que le facteur temps ne doit en aucun cas faire oublier l’essentiel. Les élections étant (malheureusement) et valeur d’aujourd’hui, ce qu’elles sont, elles sont loin de renseigner sur le genre de gouvernement que veulent les Marocains dans leur majorité, et pas que celle des urnes.
La réponse était, là aussi, venue de S.M Mohammed VI quand il a rappelé dans son discours du 6 novembre dernier la conception que les intervenants à quelque niveau que ce soit, doivent se faire du gouvernement. Nous avions alors écrit à ce propos et en puisant dans le fond dudit discours qu’un gouvernement n’est pas qu’une question de calcul ni une histoire de simple majorité numérique et que de par la mission qui lui incombe, les enjeux qu’il a à affronter et les défis à relever, ce sont compétence et efficacité qui doivent prévaloir pour sa formation et sa composition (…)L’intérêt du pays devant prendre le dessus sur toute considération partisane ou autre.
En effet, S.M le Roi qui a scrupuleusement respecté la méthodologie démocratique telle que stipulée dans la Constitution de 2011 en chargeant le chef du parti arrivé premier aux dernières consultations de former son gouvernement, n’a pas manqué, de par son rôle de chef de l’Etat et de garant des institutions, de rappeler que« le Maroc a besoin d’un gouvernement sérieux et responsable », ajoutant pour plus de clarté et de précision que « la formation du prochain gouvernement ne doit pas être une affaire d’arithmétique, où il s’agit de satisfaire les désidératas de partis politiques et de constituer une majorité numérique, comme s’il était question de partager un butin électoral. Le gouvernement, c’est plutôt un programme clair et des priorités définies ». il est sûr que si ces orientations avaient été assimilées comme il se devait par tous les protagonistes, l’impasse n’aurait pas autant duré.
Après ce discours mémorable, la toute dernière initiative Royale est venue rappeler tout un chacun à son devoir. Trêve de plaisanterie donc, surtout qu’elle est de mauvais goût quand d’aucuns s’amusent à se renvoyer la balle, oubliant la responsabilité qui leur incombe.
Vivement un gouvernement pour bientôt et où tout parti ou tout individu qui ne seraient pas foncièrement convaincus que celui-ci doit être formé sur la base d’un programme clair et des priorités définies n’aurait pas de place.