Soupçons sur l'usage d'armes chimiques au Soudan : Ce que l'on sait


Libé
Dimanche 29 Juin 2025

Les autorités américaines ont imposé ce week-end des sanctions contre le gouvernement soudanais en raison de son recours aux armes chimiques dans sa guerre contre les paramilitaires, selon des documents officiels.

Le département d'Etat américain avait accusé en mai dernier le Soudan d'avoir utilisé des armes chimiques en 2024.
Ce n'est pas la première fois que ce pays d'Afrique, politiquement instable depuis son indépendance en 1956, est visé par de telles accusations.

Dans une notice datée de vendredi, le département d'Etat a confirmé l'entrée en vigueur pour au moins un an de sanctions sur le gouvernement soudanais, hormis sur l'aide humanitaire d'urgence et les produits agricoles.

"Le gouvernement soudanais a utilisé ses armes chimiques en 2024", avait accusé le Département d'Etat dans un communiqué publié le 22 mai sans précision de lieu ni de dates.
Selon Washington, le Soudan viole ainsi la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), qu'il a ratifiée en mai 1999.

Le gouvernement soudanais a nié ces accusations "sans preuve" et "sans fondement".
Les sanctions prévues incluent des restrictions d'accès aux crédits du gouvernement américain et des limitations sur les exportations américaines vers le Soudan.

En janvier, le New York Times citant quatre sources officielles américaines anonymes, avait écrit que l'armée soudanaise avait utilisé des armes chimiques à au moins deux reprises dans sa guerre contre les paramilitaires des Forces de soutien rapides (FSR).
L'agent chimique utilisé avec l'aval direct du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, serait du chlore, selon ces sources citées par le journal.

En 2016, Amnesty International avait déjà accusé les forces armées d'avoir mené au moins 30 attaques chimiques dans la région du Darfour, lors d'une offensive contre les rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA-AN).
A l'époque déjà, Khartoum avait nié en bloc. Amnesty avait demandé une enquête aux Nations unies, sans résultat.

En 1998, les Etats-Unis affirment que l'usine pharmaceutique al-Shifa à Khartoum produit des composants chimiques pour le compte d'Al-Qaïda avant de bombarder le site. Washington n'a jamais étayé ses accusations qui n'ont fait l'objet d'aucune enquête.

La guerre qui déchire le Soudan depuis avril 2023 a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 13 millions de déplacés. Selon l'ONU, il s'agit de "la plus grande crise humanitaire actuelle".

Le conflit est né de la rivalité entre le général al-Burhane et son ancien bras droit, le général Daglo, brièvement alliés pour écarter les civils du pouvoir et former une transition militaire après la chute du président Omar el-Bechir en 2019.

Les relations entre le Soudan et les Etats-Unis ont été tendues sous le régime d'Omar el-Bechir, arrivé au pouvoir en 1993 avec le soutien des islamistes et accusé de soutien au terrorisme.

Des sanctions américaines imposées au début des années 90 sont renforcées en 2006-2007, après des accusations de "génocide" dans la région du Darfour.
La chute d'Omar el-Bechir s'accompagne d'un certain réchauffement jusqu'à ce que la guerre des généraux ravage à nouveau le pays.

En janvier, les Etats-Unis ont imposé des sanctions financières aux deux principaux acteurs du conflit: le chef des FSR le général Mohamed Daglo, accusé de "génocide" et son rival, le chef de l'armée, accusé de viser des infrastructures civiles et d'utiliser "la privation de nourriture comme tactique de guerre".

Washington était le plus grand donateur du Soudan en 2024, contribuant à hauteur de 45 % des 1,8 milliard de dollars mobilisés par le plan d'intervention humanitaire des Nations unies.

En janvier, l'administration Trump a suspendu pour 90 jours la majorité des aides vers l'étranger, n'autorisant que les programmes d'urgence vitaux.
Les exportations américaines vers le Soudan ont représenté 56,6 millions de dollars en 2024, selon les données du Bureau américain du recensement.


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