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Série d’attaques et d’attentats suicide en Afghanistan

De nombreux observateurs s'attendaient à un regain de violence après la récente rupture par le président américain des négociations avec le mouvement taliban


Jeudi 19 Septembre 2019

Un kamikaze s'est fait exploser mercredi à l'intérieur d'un bâtiment officiel de Jalalabad, une ville de l'est de l'Afghanistan, a annoncé un porte-parole du gouverneur de la province de Nangarhar, Ataullah Khogyani.
"Cet après-midi, un kamikaze s'est fait exploser à l'intérieur d'un centre d'enregistrement de documents d'identité électroniques. Les forces de sécurité sont dans la zone pour porter secours au personnel", a-t-il dit sans donner de détails sur d'éventuelles victimes.
Des témoins et un journaliste de l'AFP ont raconté avoir entendu des tirs d'armes à feu en provenance du site peu après l'explosion. On ignorait combien de personnes se trouvaient dans le bâtiment au moment de l'attaque.
Jalalabad est la capitale de la province de Nangahrar, où les talibans et le groupe Etat islamique sont très présents.
"J'étais en cours quand j'ai entendu une forte explosion, suivie de tirs intenses", a témoigné Mohammad Ullah, un enseignant d'une école proche.
"Les enfants ont commencé à pleurer, donc nous avons dû évacuer l'école. Nous avons escaladé les murs pour amener les enfants dans un lieu plus sûr", a-t-il dit à l'AFP.
L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.
Elle intervient au lendemain d'un double attentat meurtrier à Kaboul et dans la province de Parwan (centre), où elle a visé un meeting électoral du président Ashraf Ghani, en campagne pour sa réélection lors de l'élection présidentielle prévue pour le 28 septembre.
Ces deux attaques, qui ont fait près d'une cinquantaine de morts, ont été revendiquées par les talibans, qui ont juré de tout mettre en oeuvre pour empêcher le déroulement du scrutin.
La première attaque, menée par un kamikaze à moto, s'est produite en fin de matinée à Charikar, une localité de la province de Parwan à une heure de route au nord de la capitale, a indiqué Nasrat Rahimi, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
L'explosion, qui est survenue près du premier poste de contrôle donnant accès au meeting électoral, a fait "26 morts et 42 blessés", a-t-il dit. Parmi les victimes figurent "des femmes et des enfants", a précisé à l'AFP le directeur de l'hôpital de Parwan, Abdul Qasim Sangin. Le président Ghani en revanche n'a pas été blessé.
Un autre attentat suicide est survenu un peu plus d'une heure plus tard dans le centre de Kaboul. Selon des photos de services de sécurité privée, il s'est produit près d'un centre de recrutement de l'armée.
"Vingt-deux personnes, dont six membres des forces de sécurité, sont mortes et 38 ont été blessées dans cet attentat terroriste", oeuvre d'un kamikaze, a dit le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Là encore, "des femmes et des enfants" font partie des victimes.
Les talibans ont revendiqué les deux attaques, rappelant avoir sommé la population de ne pas participer aux réunions électorales en vue de la présidentielle.
Un "moudjahidine de (la province de) Paktika a mené une attaque suicide contre l'administration du personnel du ministère de la Défense à Kaboul (...) en tuant des dizaines et en blessant des dizaines" de personnes, ont-ils indiqué dans un communiqué.
Ils ont aussi revendiqué l'attentat à Parwan, déclarant que "l'attaque visait une réunion faisant la promotion des élections fantoches".
"Nous avions déjà prévenu les gens de ne pas participer aux réunions électorales, et s'ils y subissent des pertes, c'est sous leur responsabilité", ont-ils ajouté.
L'attentat de Parwan est le plus meurtrier à viser directement la campagne électorale depuis son lancement le 28 juillet. Une attaque, ayant fait 20 morts, avait visé ce jour-là les bureaux de l'Afghanistan green trend (AGT), un mouvement politique fondé par Amrullah Saleh, présent sur la liste d'Ashraf Ghani en position de premier vice-président.
Sur une photo prise par un journaliste local à Parwan, on voit les restes d'une moto calcinée, sur laquelle se trouve un corps recouvert d'une couverture, contre une voiture de police gravement endommagée. Des pompiers nettoient le sol alentour avec une lance d'incendie.
Selon une porte-parole du gouverneur de la province, Wahida Shahkar, "l'explosion est survenue pendant que M. Ghani s'adressait à ses partisans. Il est sain et sauf". Elle a ajouté que personne dans son équipe n'avait été atteint.
Les talibans ont annoncé au début de la campagne électorale qu'ils feraient tout pour perturber le scrutin. Ils ne reconnaissent aucune légitimité aux autorités afghanes, avec lesquelles ils ont toujours refusé le dialogue.
De nombreux observateurs s'attendaient à un regain de violence de leur part après la récente rupture par le président américain Donald Trump des négociations avec le mouvement taliban sur un retrait progressif des forces américaines.
La décision de Washington est intervenue après l'attentat du 5 septembre à Kaboul, lui aussi revendiqué par les talibans, qui avait fait douze morts dont un soldat américain.
Alors que le gouvernement américain s'était montré discret dans ses condamnations de précédentes attaques pendant qu'il négociait avec les insurgés, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a accusé mardi les talibans de "démontrer leur mépris flagrant pour le peuple et les institutions" de leur pays.
"Pour que les Afghans puissent vraiment se réconcilier, les talibans doivent commencer par prouver un attachement sincère à la paix plutôt que de continuer sur la voie de la violence et de la destruction", a-t-il insisté dans un communiqué.


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