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Séquelles et décès mettent le feu aux poudres : Remue-ménage chez les chirurgiens plasticiens


Sofia Aliamet
Lundi 26 Avril 2010

Séquelles et décès mettent le feu aux poudres : Remue-ménage chez les chirurgiens plasticiens
Remous et colère chez les chirurgiens plasticiens du Royaume après le décès, il y a près d’un mois, d’une patiente après une lipoaspiration. Le 13 avril dernier, la Société marocaine de chirurgie plastique reconstructive et esthétique (SMCPRE) a adressé un courrier au président du Conseil de l’Ordre national des médecins pour dénoncer les pratiques abusives de non spécialistes qui n’hésitent pas à effectuer des opérations qui ne relèvent pas de leurs compétences, et ce au détriment de la vie de leurs clients.
«Combien de patients devront être victimes de ces pratiques illégales, de séquelles irréparables et de vies brisées avant qu’une action soit menée contre ces médecins irresponsables? » écrit le docteur Kamal Iraqi Houssaini en sa qualité de président de la SMCPRE.

Lors d’une conférence de presse organisée  à Casablanca, le professeur Fahd Benslimane, chirurgien plasticien, est revenu sur les risques qu’encourent les patients non opérés par des spécialistes.

« Il n y a jamais de petits gestes en médecine », explique-t-il en ajoutant : « Les risques sont souvent énormes et les séquelles peuvent être considérables. La mort est l’issue extrême mais il faut également  penser à tous les cas de défigurations »

Pourtant la loi est explicite au sujet de telles pratiques. Un Dahir publié au Bulletin officiel du 6 juillet 2001 stipule que « Le médecin spécialiste ne peut exercer que les actes médicaux relevant de sa spécialité. »

Comment expliquer alors les nombreuses opérations chirurgicales exécutées chaque année dans le Royaume par des médecins dont la compétence ne relève pas de l’esthétique (dermatologues par exemple) ?

C’est du côté de la relation patients-médecins qu’il faut aller chercher selon Fahd Benslimane. « Au Maroc, cette relation est quasi familiale. Les patients ont une confiance totale en leurs médecins, ce qui peut expliquer les bévues. Certains docteurs peu scrupuleux n’hésitent pas à aller plus loin en proposant des services qui ne sont pas de leur ressort.»

Aujourd’hui, la colère gronde chez les chirurgiens plasticiens. « Tous les jours, des patientes et des patients sont induits en erreur par certains médecins qui utilisent tous les moyens (pancartes, cartes de visite, médias) pour arriver à leurs fins, en se faisant passer pour des chirurgiens esthéticiens alors qu’ils ne sont pas spécialistes », peut-on lire dans la lettre adressée au président du Conseil de l’Ordre national des médecins.

En effet, les cliniques dites « esthétiques » se multiplient dans les grandes villes sans que personne ne sache vraiment ce qu’il en retourne réellement et quelle est la formation dont dispose les « docteurs » en exercice.

« Poussez la porte de l’une d’entre elles et vous serez surpris de voir ce que l’on vous propose », lance ironiquement le docteur Benslimane.

Qui est responsable d’un tel laisser-aller ? La SMCPRE se garde de répondre à la question mais en appelle à l’Ordre national des médecins « pour faire cesser la pratique de la chirurgie plastique réparatrice et esthétique par les non plasticiens ». Le courrier du 13 avril est on ne  peut plus clair : « Même si la médecine a une obligation de moyens et non de résultats, la première des obligations du praticien qui exécute un acte chirurgical est de s’assurer qu’il a la formation nécessaire et que cet acte rentre dans les attributions de sa spécialité. ».

A l’instar d’autres pays comme le Liban par exemple, la chirurgie esthétique a désormais le vent en poupe dans le Royaume. Certains l’ont bien compris et n’hésitent pas à surfer sur la tendance à des fins purement commerciales. A l’heure actuelle, l’on ne peut qu’espérer des autorités publiques qu’elles mettent tous les moyens en œuvre pour condamner ces « imposteurs ». En attendant, vigilance et prudence demeurent les maîtres mots avant d’envisager de passer sous le bistouri.



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