Lutte contre la spéculation, révision des dépenses fiscales, régulation du marché des carburants, suspension des droits d’importation de blé … entre autres solutions que feint d’ignorer le gouvernement
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Mais est-ce vrai que les subventions sont le véritable remède pour faire face à la cherté de la vie et à la dégradation du pouvoir d’achat ? «Les subventions ne sont pas la solution», nous a répondu Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat. Et d’expliquer : « En optant pour ce choix, le gouvernement semble s’attaquer aux symptômes de la cherté de la vie et non pas à ses causes profondes. A rappeler que les précédents gouvernements ont réagi aux conjonctures de crise via de multiples fonds créés pour affronter les catastrophes naturelles et la sécheresse ».
Pour notre interlocuteur, avant de parler subvention, le gouvernement a déjà plusieurs pistes pour agir et a les moyens pour ce faire. Ainsi, concernant les carburants (et pas uniquement le gaz), il estime que l’Exécutif peut intervenir à deux niveaux. D’abord par la régulation du marché en agissant non pas sur l’offre et la demande mais plutôt sur la concurrence. Ensuite, il peut opérer via les marges commerciales des entreprises chargées de distribution des carburants. Précisément via la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits énergétiques et la TVA. « Cela va permettre de modérer les prix à la pompe et du coup, alléger les charges du transport des marchandises », a-t-il précisé.
S’agissant du blé, Hicham Attouch soutient que le gouvernement doit continuer à suspendre les droits à l’importation et peut augmenter les subventions directes. Il souligne, en outre, que le gouvernement peut agir en s’attaquant aux spéculateurs qui constituent un vrai problème pour les producteurs comme pour les consommateurs. « En effet, l’intermédiation de ces spéculateurs allonge la chaîne logistique et augmente les prix », a-t-il noté.
Hicham Attouch avance également comme piste possible les dépenses fiscales en tant que mécanisme de soutien indirect. « Cela aura sûrement un impact sur le déficit budgétaire mais permettra de dépasser cette crise conjoncturelle », a-t-il souligné.
Pour lui, il faut agir et vite. « Ce n’est plus le temps de la réflexion mais celui de l’action même avec les risques qui se profilent sur les équilibres macroéconomiques », a-t-il martelé. Et d’ajouter : « En fait, l’impact sur les équilibres macroéconomiques ne sera palpable qu’à partir de juin ou juillet prochains et l’on doit s’attendre à une déstabilisation desdits équilibres». D’autant plus que le conflit entre la Russie et l’Ukraine risque d’envenimer davantage les choses. « Les échanges entre le Maroc et ces deux pays se chiffrent à des millions de dollars et concernent des produits essentiels (blé et pétrole). Même l’arrêt de cette guerre n’arrangera pas les choses puisqu’il faut encore du temps pour que l’économie de ces deux pays reprenne. Sachant qu’il faut s’attendre aussi aux conséquences de ladite guerre sur notre partenaire UE et ses effets indirects sur notre économie », nous a-t-il affirmé.
Toutefois, notre interlocuteur reste sceptique quant à une résolution de la situation actuelle. Selon lui, toutes les solutions ne vont pas résoudre l’essence du problème en l’absence d’une stratégie intégrée. « Même l’élaboration de plans ne va pas servir à grand-chose. Idem pour l’injection de millions de DH, conclut-il. Prenez à titre d’exemple le dossier de l’eau. Il faut rappeler que cette question ne concerne pas uniquement l’agriculture mais aussi l’industrie et le tourisme, et en l’absence d’une stratégie intégrant l’ensemble de ces secteurs, il n’y aura pas d’issue possible à ce problème ».