Selon que vous êtes américain ou africain, l’arbitraire régnant vous gratifie d’un “oui” cordial ou vous flanque un “non” glacial
-
L’USFP exprime sa grande fierté de la teneur du Discours Royal prononcé à l’occasion du 49ème anniversaire de la glorieuse Marche Verte
-
Le Groupe socialiste-Opposition ittihadie interpelle l’Exécutif au sujet de l’avenir du commerce extérieur, des infrastructures sportives, du phénomène des résidus de constructions dans les villes, entre autres
-
Focus à Tarragone sur la question du Sahara marocain et le plan d'autonomie
-
Protection sociale : Principaux points du projet de loi n° 54.23 modifiant et complétant la loi n° 65.00 relative à l’AMO
-
Le chef du gouvernement préside une réunion axée sur la gestion des affaires des MRE
Selon un récent rapport du cabinet Henley &Partners, l’Afrique était en 2022 en tête de liste des refus avec 30%, soit une demande traitée sur trois, alors qu’elle avait le plus faible nombre de demandes de visa par habitant. C’est 12,5% de plus que la moyenne mondiale. Les taux de rejet des demandes africaines de visa Schengen sont généralement 10% plus élevés que la moyenne mondiale. Environ trois demandes de visa Schengen africaines sur dix ont été rejetées, contre une sur dix dans le monde.
Refus
En détail, ledit rapport explique que « l'Afrique comptait sept des dix pays ayant les taux de refus de visa Schengen les plus élevés en 2022, à savoir l’Algérie (45,8%), la Guinée-Bissau (45,2%), le Nigeria (45,1%), le Ghana (43,6%), le Sénégal (41,6%), la Guinée (40,6%) et le Mali (39,9%). En revanche, seule une demande sur vingt-cinq provenant des Etats-Unis, du Canada ou du Royaume-Uni a été rejetée, et une sur dix en provenance de Russie.
Le professeur Mehari Taddele Maru, rédacteur dudit rapport, souligne que « les Algériens sont confrontés à un taux de rejet dix fois supérieur à celui des candidats au Canada, tandis que les Ghanéens ont quatre fois plus de chances d'être rejetés que les Russes. Les Nigérians sont confrontés à un taux de rejet presque trois fois supérieur à celui des candidats turcs (15,5) et deux fois supérieur à celui des Iraniens (23,7) ». Et d’ajouter :«Les exceptions notables sont les Seychelles et Maurice qui, avec 61 pays d'Amérique latine et d'Asie, sont exemptés de l'obligation de visa Schengen ». « Quelques pays africains comme l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie sont confrontés à un taux de rejet relativement faible, inférieur à 7%», note-t-il.
Motivations
Comment peut-on expliquer ce taux de refus élevé ? Selon ledit document, l’accès aux visas Schengen correspond à la puissance économique et au passeport du pays de nationalité du demandeur.
« Plus le pays de nationalité est pauvre, plus le taux de rejet est élevé. De nombreux pays africains ont un revenu national brut par habitant faible et se classent également au bas de l'indice Henley Passport Index, qui mesure le nombre de destinations dont un titulaire de passeport peut bénéficier sans visa. Un classement inférieur est corrélé à un niveau élevé de rejet des demandes de visa Schengen », indique le rapport. Mais, il n’y a pas que la situation économique des pays qui explique cette réalité. En effet, le Pr Mehari Taddele Maru ajoute que « le refus de visa est également utilisé comme condition dans le dossier de retour et de réadmission des migrants en situation irrégulière en Europe.
Essentiellement, il punit les pays africains dont les citoyens résident illégalement en Europe, ainsi que ceux dont le taux de retour et de réadmission est le plus faible ». « Officiellement, observe-t-il, les refus de visa sont souvent attribués à des doutes quant à l'intention des demandeurs de quitter le pays de destination avant l'expiration du visa. Selon les Etats européens, la plupart des refus sont fondés sur « des doutes raisonnables quant à l'intention des demandeurs de visa de rentrer chez eux ».
A ce propos, le rapport explique que « la possibilité d’un dépassement de séjour illégal ne peut à elle seule expliquer les taux de rejet nettement plus élevés parmi les candidats africains ». « En 2022, Malte, avec un taux alarmant de refus de demandes de visa de 35,5%, ne comptait que 750 ressortissants de pays tiers résidant dans le pays sans autorisation appropriée. Il n’existe aucune preuve suggérant qu’un taux de rejet plus élevé entraîne une diminution de la migration irrégulière ou des dépassements de visa », précise-t-il.
Coût
En conséquence directe de cet état des lieux, le rapport note que « les demandes de visa à des fins diverses, notamment le travail, les études et le tourisme, sont soumises à des processus longs et fastidieux ». Ce qui coûte cher aux demandeurs de visa, notamment les frais non remboursables, mais aussi les frais de transport et autres.
Toutefois, l’auteur dudit rapport soutient que « bien que des facteurs tels que le revenu par habitant, l'économie nationale, les niveaux de revenus des demandeurs, la crédibilité du retour et la solidité des passeports expliquent en partie les taux de refus de visa, ils ne donnent pas, selon lui, une explication complète des disparités avec d'autres régions. Pour lui, « la solidité du passeport et les niveaux de revenus ne peuvent à eux seuls justifier pleinement les variations des taux de rejet pour les candidats africains, comme en témoignent les taux de rejet comparativement plus faibles dans des pays comme l'Inde et la Turquie ». Et d’ajouter que « malgré des justifications fondées sur des préoccupations sécuritaires ou économiques, le système européen de visa démontre un parti pris apparent à l’encontre des candidats africains. Cela mine les relations et les objectifs de mobilité. Les restrictions et refus de visa entravent également la participation du secteur privé aux partenariats commerciaux avec l’Afrique. Et de conclure : « L’Union européenne doit lutter contre les pratiques discriminatoires actuelles dans le cadre de son processus de demande de visa et œuvrer à la promotion d’opportunités justes et égales pour les voies légales de mobilité entre l’Afrique et l’Europe ».
Hassan Bentaleb