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SOS: Le variant britannique s’invite chez-nous

Le Maroc ferme ses frontières à quatre autres pays


Mehdi Ouassat
Mardi 19 Janvier 2021

Un peu plus d’un mois après l’identification d’un nouveau variant du Covid-19 au Royaume-Uni, un premier cas confirmé a été enregistré, lundi, au Maroc. Un communiqué du ministère de la Santé, parvenu à Libé, précise que ce cas a été détecté au Port Tanger-Med chez un Marocain arrivé d'Irlande à bord d'un bateau en provenance de Marseille.«Asymptomatique, le patient a été placé en isolement à Casablanca», précise le ministère, soulignant que ce dernier et les personnes contacts «sont traités conformément au protocole sanitaire en vigueur dans le Royaume».«Dans le cadre de la mise à jour du protocole national relatif au Covid-19, notamment dans son aspect lié au suivi des contacts, une batterie de mesures a été adoptée pour le dépistage précoce des cas de variants de Coronavirus», ajoute-t-on de même source. Il s'agit aussi de mettre à jour les mesures de prise en charge des cas de maladie, compte tenu de la situation épidémiologique aux niveaux national et mondial. Les autorités compétentes ont également pris la décision d'interdire, à titre préventif, l'accès au territoire national, à partir du 19 janvier et jusqu’à nouvel ordre, des avions et des passagers en provenance d'Australie, du Brésil, d'Irlande et de Nouvelle-Zélande. Ces pays viennent s'ajouter à l'Afrique du Sud, au Danemark et au Royaume-Uni, déjà concernés par cette même mesure.

Un variant plus contagieux ?
Le nouveau variant du Covid-19 est encore mal connu mais sa violence et sa fulgurance sont inquiétantes. Ce qui a avant tout été pointé du doigt, c'est sa contagiosité. Un article diffusé par la London School of Hygiene and Tropical Medicine affirme que le variant anglais serait entre 50 à 74% plus transmissible que les souches précédentes. Les conséquences sont impressionnantes: au 4 décembre 2020, le Royaume-Uni comptabilisait en moyenne 14.463 nouveaux cas de Covid-19 par jour sur son territoire. Le 8 janvier 2021, le pays enregistrait en moyenne 59.829 nouvelles contaminations par jour, soit une augmentation de près de 314% en seulement un mois. Les conséquences sur les services hospitaliers du pays ont été désastreuses : le nombre de patients hospitalisés dépasse aujourd'hui de loin le pic de la première vague. Plus de 32.300 patients, actuellement contaminés par la Covid-19, sont hospitalisés, contre 21.000 en avril 2020. En une semaine, entre le 4 et le 11 janvier, le nombre de personnes hospitalisées a bondi de 22%. Des conséquences aussi sur la mortalité : sur la première semaine de décembre, le Royaume-Uni comptabilisait en moyenne 333 décès chaque jour. Aujourd'hui, le pays en recense quotidiennement en moyenne 1.063 (soit une augmentation de 219% en un mois et demi). «Un variant du Sars-CoV-2 50% plus transmissible poserait un bien plus grand problème qu'un variant 50% plus mortel», explique l'épidémiologiste britannique Adam Kucharski sur son compte Twitter. «Dans l'hypothèse où chaque personne infectée en contamine en moyenne 1,1 autre, que le taux de décès est de 0,8% et que 10.000 personnes sont contaminées, on aboutirait à 129 morts au bout d'un mois», souligne-t-il. Et d’ajouter: «Si le taux de mortalité est accru de 50%, le nombre de morts atteindrait 193. Mais si le taux de transmissibilité augmente de 50%, c'est 978 décès qui seraient à déplorer». Les premières études sur le variant britannique font également état d'une plus grande contamination des jeunes de moins de 20 ans, ce qui repose la question de la fermeture ou non des écoles.

Les vaccins sont-ils toujours efficaces ?
Alors que les campagnes de vaccination offrent un espoir de sortir de cette crise sanitaire mondiale, certains s'interrogent sur la capacité des vaccins à lutter contre les nouveaux variants. Pour les deux variants, britannique et sud-africain, «il n'y a à ce stade pas assez d'informations disponibles pour estimer un risque sur l'efficacité des vaccins», souligne le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). «En l'état actuel de nos connaissances, les experts pensent que les vaccins actuels seront efficaces contre ces souches», a récemment déclaré Henry Walke, des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). De leur côté, BioNTech et Pfizer ont assuré que leur vaccin était efficace contre la mutation N501Y commune aux variants britannique et sud-africain. Mais l'étude sur laquelle ils s'appuient ne porte pas sur l'ensemble des mutations présentes sur ces variants: elle ne suffit donc pas à conclure que l'efficacité du vaccin sera la même que contre le virus classique. De fait, c'est une mutation présente chez le variant sud-africain, mais pas chez le britannique, qui préoccupe le plus les spécialistes du point de vue de l'efficacité des vaccins. Appelée E484K, cette mutation pourrait théoriquement aider ce variant «à contourner la protection immunitaire conférée par une infection antérieure ou par la vaccination», a expliqué le Pr François Balloux, de l'University College de Londres, cité par l'organisme britannique Science Media Centre.«Pour autant, rien n'indique à ce stade que cette mutation suffise à rendre le variant sud-africain résistant aux vaccins actuels», a-t-il tempéré.

Peut-on stopper la circulation des nouveaux variants ?
Il est illusoire de penser pouvoir éradiquer ou empêcher totalement la propagation des nouveaux variants. L'objectif est de «retarder au maximum leur diffusion», estime Bruno Coignard, de l'agence sanitaire française Santé Publique France. Pour les pays comme le Maroc où les cas de nouveaux variants ne sont pas largement répandus, l'ECDC recommande des efforts pour ralentir la propagation, similaires à ceux mis en place au début de l'épidémie : tests des personnes arrivant de zones à risque avec éventuelles quarantaines, isolement et traçage des contacts renforcés pour les personnes contaminées, limitation des voyages... Au niveau individuel, vu que ces variants semblent se répandre plus facilement, nous devons être encore plus vigilants dans nos mesures de prévention pour ralentir leur propagation, expliquent des spécialistes, faisant référence au port du masque, à la distanciation physique, au lavage des mains et à l'aération des espaces fermés, sans oublier d'éviter les foules.

Les masques FFP2, une mesure importante ?
L'Allemagne, durement touchée par l'épidémie, a mis en place de nouvelles mesures pour endiguer la propagation du Covid-19. Parmi elles, l'obligation du port du masque FFP2 en Bavière, notamment dans les commerces et les transports publics. L'état régional a commandé près de 2,5 millions de masques FFP2, qui permettront d'équiper 500.000 personnes sur les quelque 13 millions d'habitants que compte la région. Le gouvernement allemand envisage d'étendre cette mesure à l'ensemble du pays alors qu’en Autriche, une mesure similaire a été adoptée et devra entrer en vigueur dès le 25 janvier. Au Maroc, les masques FFP2 demeurent pour l'instant - dans la majorité des cas - réservés aux personnels soignants. Le problème est que le FFP2 coûte beaucoup plus cher que le masque chirurgical. Cette différence pourrait entraîner une discrimination importante qui aura pour conséquence d'éloigner les plus pauvres de la vie sociale dans son ensemble. Dans la communauté scientifique, ce masque particulier ne fait pas non plus consensus. S'il est incorrectement porté, il n'offre pas de protection particulière par rapport aux autres types de masques. De plus, les FFP2 peuvent procurer un faux sentiment de protection qui pourrait, à son tour, diminuer la vigilance de leurs porteurs.

Qu’en pense l’OMS ?
Le Comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a émis, vendredi dernier, des recommandations face à l'apparition de nouveaux variants et a notamment appelé à une expansion mondiale du séquençage génomique et du partage des données, ainsi qu'à une plus grande collaboration scientifique pour faire face «aux graves inconnues» qui subsistent au sujet des trois variants (Royaume-Uni, Afrique du Sud et Brésil). Le nombre de pays et territoires où se trouve dorénavant le variant repéré initialement en Grande-Bretagne s'élève à 50 et il est de 20 pour le variant identifié en Afrique du Sud, mais l'organisation juge cette évaluation probablement sous-estimée. Ces variants ne peuvent être identifiés que par le séquençage de leur code génétique, une analyse qui n'est pas possible partout. La troisième mutation, originaire de l'Amazonie brésilienne et dont le Japon a annoncé le 10 janvier la découverte, est actuellement analysée et pourrait impacter la réponse immunitaire selon l'OMS, qui évoque dans son bulletin hebdomadaire "un variant inquiétant". Ledit comité a également demandé à l'OMS de mettre au point un "système normalisé" de dénomination des nouveaux variants qui évite toute "stigmatisation" géographique ou politique. Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a, quant à lui, souhaité que les campagnes de vaccination débutent dans tous les pays du monde dans les 100 prochains jours. «Je veux voir la vaccination débuter dans tous les pays dans les 100 prochains jours pour que les personnels de santé et ceux qui présentent des risques importants soient protégés en premier lieu», a-t-il insisté, alors que les campagnes ont pour l'instant débuté quasi exclusivement dans les pays riches. 


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