Le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup) s’oppose à l’approche sécuritaire adoptée par le gouvernement après le décès d’Abderrahim Hasnaoui, étudiant au campus de Fès-Dhar Mehrez à l’issue des affrontements, le mois dernier, entre des islamistes et des étudiants de la gauche radicale. Suite à ces événements tragiques, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, Lahcen Daoudi, et le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, ont pris une décision conjointe permettant aux forces de l’ordre d’intervenir à l’intérieur des facultés sans autorisation préalable des doyens ou des présidents des universités.
Selon le SNESup, l’approche sécuritaire ne pourra absolument pas résoudre le problème de la violence qui règne dans certains centres universitaires, mettant en garde contre cette décision ministérielle qui aura des effets pervers et alimentera davantage la tension au sein de l’université marocaine.
Le SNESup a, par ailleurs, réitéré son refus du projet du ministère de tutelle visant à la révision de la loi n°00-01 et du statut des enseignants-chercheurs. Laquelle révision, selon lui, porte atteinte à l’université publique qui a joué pendant des décennies le rôle d’ascenseur social notamment pour les couches sociales populaires et défavorisées.
Depuis le début de cette année, le SNESup a d’ailleurs observé deux grèves qui ont été largement suivies par les enseignants-chercheurs. La première a été organisée en février dernier, et la deuxième les 13 et 14 du mois courant avec l’organisation d’un sit-in devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur à Rabat pour protester contre la politique du département dans ce domaine.
A signaler que le Bureau central de l’Association marocaine de droits de l’Homme (AMDH) a également dénoncé la décision conjointe de Daoudi et Hassad visant la «militarisation» de l’université, tout en appelant à ce que «le ministère de l’Intérieur cesse d’intervenir dans l’université afin de permettre à celle-ci de jouer pleinement son rôle dans l’édification d’une société démocratique et la consécration des droits de l’Homme », a précisé un communiqué de presse de l’AMDH.
L’AMDH s’est, en outre, insurgée contre la décision du ministère de l’Enseignement supérieur d’imposer une somme de 2000 DH à titre de frais d’inscription à l’université, ce qui porte atteinte, selon l’AMDH, au principe de la gratuité d’accès à l’enseignement consacré par les conventions internationales en matière de droits de l’Homme.
Lahcen Daoudi avait déclaré à la presse que le gouvernement Benkirane prévoit d’opérationnaliser cette disposition dans la loi de Finances de l’année prochaine.