Jadis trait d’union entre les pays qu’elle baigne, la mer Méditerranée s’est, en effet, transformée en une frontière inexpugnable qui sépare le Nord opulent d’un Sud que les aléas de l’Histoire ont condamné à une profonde misère.
Elle a troqué ses habits des Lumières contre ceux de cet indicible monstre qui se complait chaque jour durant à ôter la vie à des dizaines de personnes en quête d’un inaccessible Eldorado.
3.072 migrants s’y sont noyés en 2014, une année record que 2015 pourrait bien battre. Durant cette seule semaine, plusieurs centaines de décès ont été comptabilisés et le bilan risque d’être plus macabre encore.
Toutes ces victimes ont fui les conditions inhumaines qui leur sont faites dans leurs propres pays. Pauvreté, précarité, guerre, instabilité, oppression, répression leur ont fait perdre patience et espoir malgré les mirobolants et indicibles lendemains qui chantent la gloire des petits pères des peuples et autres dirigeants tellement infaillibles qu’ils ne savent rien faire d’autre que piocher dans les deniers publics pour bâtir leurs propres fortunes et enrichir les leurs.
De Charybde en Scylla, elles n’ont eu d’autre choix que de se complaire, autant que faire se peut, dans une misère crasse, de supporter les méfaits du terrorisme, de prendre leur mal en patience face à l’horreur des tapis de bombes que l’Occident se permet parfois de leur jeter à la figure pour mieux les convaincre du bien-fondé de sa suprématie, ou de sacrifier leur vie sur l’autel d’une vie qu’ils croient meilleure sous des cieux autrement plus cléments.
Proies faciles et consentantes, ces migrants clandestins tombent facilement dans les filets de réseaux mafieux qui en font le plus abject des commerces.
Ont-ils d’autres choix que de payer à prix d’or, leur place dans des bateaux de la mort, prêts à tout pour une promesse d’Europe ?
La réponse ne peut, malheureusement, qu’être négative.