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Reportage : Un matin, aux urgences de Rabat

Des bancs en guise de table d’examen, des vitres cassées et plus d’agents de sécurité que de médecins


Narjis Rerhaye
Mardi 22 Octobre 2013

Reportage : Un matin, aux urgences de Rabat
Ce jeudi 17 octobre est un jour ordinaire aux urgences de l’hôpital Avicenne.  Aid Al Adha ou pas, le flux des malades et autres accidentés est  normal.  Ou presque. Avec la fête du sacrifice se sont ajoutés les cas de blessures provoquées par des coups de couteau maladroits et un mouton mal maîtrisé. Cette année, comme toutes les années précédentes, cette fête a eu son lot de blessés de l’Aid, ces apprentis bouchers qui ont appris, à leurs dépens, qu’on ne s’improvise pas boucher. Le flot s’est déversé sur les urgences de Rabat dans un hôpital qui a un peu plus d’un demi-siècle.
En ce deuxième jour de l’Aid, les urgences d’Avicenne sont loin de ressembler à une séquence du feuilleton américain du même nom. Personne ne court ni compte les secondes précieuses. Contrairement au film, les blouses blanches ne sont pas dans les couloirs. Ici, les médecins sortent rarement de leurs bureaux. Un surveillant général est bien là, toisant du regard les nouveaux arrivants, ânonnant quelques mots à peine audibles, en direction des familles. A la salle de tri, à proximité de l’entrée du service des urgences, on procède au tri : tel malade doit être vu par un traumatologue, tel autre doit aller en chirurgie. « Ce sont les internes qui le font. Et on n’est pas à l’abri d’une erreur de diagnostic. Avec toute la bonne volonté du monde, un interne peut-il faire valablement autorité auprès d’un spécialiste ? Forcément, il y a des conflits de spécialités. Ce qui se répercute sur la prise en charge d’une urgence. Les internes sont livrés à eux-mêmes. Impossible que des médecins résidents viennent par exemple leur prêter main forte. Tout simplement parce qu’on a fait des urgences le territoire sans partage des internes », explique un ancien interne qui garde intacts ses souvenirs de nuits de garde aux urgences.
Les urgences, un territoire que les internes marquent de toutes leurs empreintes. C’est une question de culture interne, de formation aussi. « Le système est ainsi fait. Les urgences sont faites pour les internes. C’est l’une des premières choses qu’on leur apprend tout en leur recommandant de ne pas lâcher ce service. Et pour cause ! C’est une carte redoutable en matière de revendications. Une grève des urgences, c’est ce que redoutent tous les décideurs ! », s’exclame ce chirurgien, interne dans les années 1970 avant d’en appeler à une refonte du système. Les urgences, explique-t-il, est une affaire d’urgentistes. «C’est une vraie spécialité, une vocation aussi », soutient-il.
Retour aux urgences, retour à une réalité loin d’être dépassée. Vitres cassées, bancs déglingués, saleté. L’accueil des malades en urgence se fait dans des conditions déplorables. Une quinzaine de chaises à peine pour attendre son tour dans des locaux qui ne répondent pas aux normes en vigueur. Souvent, ce sont ces mêmes bancs qui font office de table d’examen. Les malades sont debout, assis par terre, avachis à même le sol. Et cela peut durer des heures.  « N’oubliez pas que les familles participent à l’encombrement. Elles ne veulent rien savoir, veulent rester avec leur proche. Tout cela crée de la tension », justifie ce médecin. De la tension… Est-ce la raison pour laquelle il y a plus d’agents de sécurité que d’infirmiers aux urgences d’Avicenne ?
Le constat tombe comme un couperet. A Avicenne, au cœur de la capitale,  le système des urgences pèche par anachronisme. De l’avis de tous ceux et celles qui sont passés par ce service, les urgences de Rabat ne sont pas adaptées à la situation actuelle. Des locaux d’attente ne répondant pas aux standards, un bloc-porte non conforme aux normes et une salle septique accolée à celle aseptique et ce contrairement à tous les usages sanitaires en vigueur. La bâtisse a 55 ans. Les outrages de l’âge et du temps se font cruellement ressentir.  Le Maroc a changé, la médecine et le flux des patients aussi. Les plus optimistes brandissent le RAMED comme acquis absolu. « En déboursant seulement 200 DH, on a droit à tous les soins, tous les examens, du scanner aux analyses », fait valoir fièrement ce médecin d’Avicenne adepte du verre à moitié plein. Mais est-ce suffisant pour que les urgences de la capitale remplissent leur mission, c’est-à-dire sauver des vies, prendre en charge une urgence, soulager les douleurs ?
Pour cet autre médecin qui a passé un quart de siècle à l’hôpital public, il faut d’abord et avant tout parler de la nécessaire humanisation des urgences. De la dégradation des locaux, à une prise en charge qui tarde à se mettre en œuvre en passant par une décision personnalisée  pour chaque malade qui arrive aux urgences qui fait défaut, ce service souffre d’une absence de stratégie claire et pérenne.  « On ne le dira jamais assez, les urgences sont le visage, la vitrine d’un pays. Que de rendez-vous mondiaux le Maroc a ratés à cause de ses urgences défaillantes ! » conclut-il


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1.Posté par zarifian le 22/10/2013 16:22
La journaliste chevronnée a décrit à la perfection l'état lamentable des services d'urgences dans les établissements hospitaliers du pays.La balle est maintenant dans le camp des responsables réels.Tout le monde espère une nette amélioration.Tout est possible.

2.Posté par ait souss mohamed le 16/09/2016 21:10
re le26/8/2016 rien n a change au descriptif encore plus d agents de securite que de personnel manque de discipline de la part des usagers manque d organisation et tres tres peu de moyens de la part de l etat et des responsables un afflux massifs de patients de tout le maroc un service de dechocage qui garde que le nom les infectieux graves coutoient les diabetiques et les cardiaques sans parler de la qualite de l accueil vide d humanisme bref il faut multiplier les effectifs et le budget par quatre pour ameliorer la qualite de cette vitrine de sante au maroc avant de rever des progets de 10 millions de touristes par an enfin je salue avec grand respect les internes et les infermiers qui continuent a travailler dans un tel milieu qui manque de tout nous medecins marocains exerçant en france nous sommes a disposition pour collaborer physiquement et matriellement pour ameliorer la qualite de prise en charge des patients aux services des urgences au maroc

3.Posté par ait souss mohamed le 16/09/2016 21:39
les services d urgence et les blocs operatoires souffrent souvent de peinurie de sang j en parle car j ai failli perdre un patient par manque de sang
moralite pourquoi ne pas proposer une loi pour rajouter a l eventail de proces verbaux pour exces de vitesse ;conduite en etat d ivresse ou non respect du feu rouge un pv de don de sang on peut pretendre ne pas avoir 600 DH ou 300dh mais tout le monde a du sang je vous assure qu il n y aura plus de peinurie et d autres nations suivrons notre modele

4.Posté par ait souss mohamed le 16/09/2016 21:45
les services d urgence et les blocs operatoires souffrent souvent de peinurie de sang j en parle car j ai failli perdre un patient par manque de sang a Rabat
moralite pourquoi ne pas proposer une loi pour rajouter a l eventail de proces verbaux pour exces de vitesse ;conduite en etat d ivresse ou non respect du feu rouge un pv de don de sang on peut pretendre ne pas avoir 600 DH ou 300dh mais tout le monde a du sang je vous assure qu il n y aura plus de peinurie et d autres nations suivrons notre modele

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