Rencontre littéraire à Casablanca en hommage à l'écrivain marocain Anis Al Rafei

Dimanche 15 Juin 2025

L'Association Forum Shéhérazade pour l’éducation et la culture a organisé, vendredi à Casablanca, une rencontre littéraire en hommage à l’écrivain marocain Anis Al Rafei, en présence de plusieurs critiques littéraires et d’acteurs du monde de la culture.

Cet événement, organisé en partenariat avec l’Ecole supérieure des beaux-arts de Casablanca, a été l’occasion de célébrer la publication du nouveau recueil de nouvelles d’Anis Al Rafei, intitulé "Maristan des Masques". Il s’inscrit dans une démarche de valorisation des expériences créatives marocaines les plus marquantes, en mettant en lumière l’œuvre de cet écrivain considéré comme l’un des grands noms de la nouvelle marocaine contemporaine.

"Les textes d’Anis Al Rafei constituent un véritable laboratoire narratif, ouvert à divers genres et expressions artistiques, tels que la philosophie, les arts plastiques ou encore le théâtre", ont souligné les intervenants lors de cette rencontre, notant que sa pratique de la nouvelle est perçue comme un acte artistique libre, qui dépasse les normes classiques, fait l’éloge de l’expérimentation, cultive l’ambiguïté et affirme une singularité marquée par la différence. L’œuvre d’Al Rafei, profondément ancrée dans une esthétique inventive, renouvelle aussi bien la structure que les horizons expressifs de la nouvelle.

Les participants ont, par la même occasion, indiqué que, dans Maristan des Masques, l’auteur poursuit son aventure littéraire avec une langue hautement poétique et une profonde sensibilité introspective. Ainsi, les genres et les techniques narratives s’y entremêlent pour créer des univers inédits, exigeant du lecteur une implication active, à la fois esthétique et intellectuelle.

L’auteur a été salué pour sa capacité à faire de la nouvelle un chantier d’expérimentation linguistique et artistique, s’imposant comme un écrivain qui construit son œuvre par accumulation, sans jamais se fixer de limites. Les intervenants ont également mis en avant sa maîtrise des possibilités du récit, sa capacité à modeler la langue, à travers des techniques de composition, fragmentation, couture textuelle, ainsi qu’à jouer avec les paradoxes et à dépasser les frontières narratives habituelles.
 
Dans une lecture critique de Maristan des Masques, l’écrivaine Imane Razi a souligné que l’œuvre d’Anis Al Rafei constitue un modèle singulier dans la littérature marocaine et arabe, en raison de sa construction expérimentale inscrite dans une langue postmoderne, expliquant que ce texte tisse un dialogue entre réflexion intellectuelle et spectacle visuel, allant bien au-delà du simple récit pour interroger le sens, la représentation et la subjectivité.

De son côté, l’écrivain et journaliste Saïd Moutansib a estimé que l’ouvrage reposant sur un "Méta-imaginaire", dans lequel toute chose – réelle, fictive ou absurde – devient matière à narration. Le texte, selon lui, transforme les éléments du quotidien en récits possibles, en mobilisant des procédés tels que la contradiction, le contraste et l’aléatoire.

Interrogé sur sa propre œuvre, Anis Al Rafei a précisé que Maristan des Masques met en scène un clown réinventé, non issu d’un cirque classique ou d’un théâtre de divertissement, mais plutôt surgissant, d’une valise temporelle éternelle, d’un magasin de jouets imaginaires ou même d’un dictionnaire fantasmé de machines littéraires.

Il a ajouté que l’image de ce clown se disperse comme de la poussière, tantôt semblable aux éclats d’un bouffon bondissant doté d’une queue de léopard tachetée, tantôt fusionnant dans une mosaïque de zellige marocain, incrustée dans les ruines d’une ancienne ville romaine disparue, connue sous le nom de Volubilis.

Il est à noter qu’Anis Al Rafei est l’auteur de 30 ouvrages littéraires. Il a reçu plusieurs distinctions, parmi lesquelles le Grand Prix Najî Nouaman pour le mérite littéraire (2008), le Prix Gutenberg international du livre (2013), le Prix chinois Akiyodé (2014), le Grand Prix du Réseau de lecture au Maroc (2022), ainsi que le Prix Al Multaqa de la nouvelle arabe au Koweït (2023).

Libé

Lu 142 fois

Cinema | Livre | Musique | Exposition | Théâtre



Inscription à la newsletter