Réflexions sur la phrase et ses constituants


PAR Zahra CHELLAT
Mercredi 23 Mars 2011

Notre hypothèse fondamentale dans cet article est que la phrase est régie par des lois d’organisation structurale et que le processus de production repose sur ces lois. Partant de ce principe, nous allons chercher dans le cadre de cette contribution à déterminer la phrase et ses constituants. La langue est un arrangement systématique de parties, elle se compose d’éléments formels articulés en combinaisons variables d’après certains principes de structures.
En effet, la langue comporte différents types de règles qui déterminent la combinaison des sons, des morphèmes et des mots et celles qui déterminent les combinaisons de mots susceptibles de constituer des phrases. Aucune règle de langue ne détermine des combinaisons de phrases en unités plus grandes c'est-à-dire de la phrase, le sujet parlant est libre de ses combinaisons. En d’autres termes, il n’existe pas de grammaire de texte ou de grammaire de discours.
Les règles qui permettent aux individus d’une même société de communiquer s’arrêtent à la phrase. Donc, la phrase est l’unité maximale définissable en termes linguistiques.
La question qui se pose, qu’est-ce qu’une phrase ?
La notion de «phrase» est une notion que nous saisissons intuitivement, un axiome (Chomsky) qui n’est pas appelé à être démontré, un donné linguistique. C’est la seule catégorie qui est de nature axiomatique. J. Dubois et R. Largne  définissent la phrase comme étant une unité supérieure à la fois complète et autonome susceptible d’être décrite au moyen d’un ensemble de règles morphosyntaxiques. Elle est construite sans être elle-même un constituant.
Benveniste, considère la phrase comme une unité complète qui porte à la fois sens et référence. Sens, parce qu’elle est informée par des significations, et référence parce qu’elle se réfère à une situation donnée.
La phrase est un ensemble organisé dont les éléments constituants sont les mots. Ces éléments entretiennent un type de relation car selon Hjelmslev les éléments doivent assurer une relation entre eux. Différents théories ont contribué à la définition de la phrase, ses constituants ainsi que les relations possibles.
La théorie des constituants immédiats a été élaborée depuis Bloomfield. Ce type d’analyse décrit la phrase comme une structure hiérarchique d’éléments s’emboîtant les uns dans les autres. L’autre théorie est celle de Hjelmslev, il ne définit les éléments que par leurs relations combinatoires. Quand on dit : Paul chante, on n’entend pas dire d’une part qu’il y a un homme qui s’appelle Paul, et d’autre part que «quelqu’un chante», mais on entend dire tout à la fois que : Paul fait l’action de chanter et que celui qui chante est Paul. Cette phrase n’est pas composée de deux éléments mais de trois : Paul, chante, la relation qui les unit et sans laquelle il n’y aurait pas de phrase.
Les différences qu’Aristote juge pertinentes entre nom et verbe sont que ce dernier autorise l’adjonction d’une indication de temps et qu’il joue un rôle privilégié de liaison entre les noms. Le verbe ajoute quelque chose au nom ce que l’on peut appeler la fonction de détermination.
La phrase alors présente un jugement, elle a besoin d’une chose et de l’état de chose. La chose dans notre étude est une constante, alors que l’état de chose qui est contingent est un accident qui est la variable (Paul est méchant) la chose : Paul et l’état de chose : être méchant.
On entend par accident le fait que quelque chose peut appartenir ou ne pas appartenir à une chose particulière.
Donc, par la théorie de l’accident on se retrouve dans la détermination. Ce que nous pouvons remarquer, c’est que tous les linguistes cités supra ont défini la phrase comme unité composée au minimum de deux constituants.
Si vraisemblablement toute phrase est (Constante + Variable) toute (Constante + Variable) n’est pas vraisemblablement une phrase. La condition converse ici n’est pas remplie.
Pour le français, l’opposition phrase verbale/phrase nominale comme le montre Benveniste. L’absence du verbe prive la phrase nominale du terme qui assure normalement la prédication et l’ancrage situationnel.
Benveniste considère la phrase nominale comme assertion «intemporelle, impersonnelle, non modale» (Problèmes de linguistique générale. P : 153), ce qui la rend apte à exprimer une vérité générale.
Pour la prédication, l’absence du verbe n’implique pas automatiquement l’absence de prédicat puisque le rôle du verbe est assuré par d’autres moyens.
On introduit la phrase nominale dans le discours pour agir et convaincre, non pas pour informer. C’est pourquoi elle convient si bien à des énonciations où elle tend à se confiner sentences et proverbes.
Or, si nous passons à la phrase complexe, nous parlerons de propositions principales et de propositions subordonnées, unies par un lien de dépendances orientées. Une proposition est dite indépendante si elle n’est pas subordonnée à une autre proposition ce qui permet de qualifier d’indépendantes les propositions coordonnées et juxtaposées en dépit de subordonnées.
Le lien  «Qu» qui relie les propositions est considéré dans son état virtuel un élément morphologiquement neutre, s’il existe un élément qui le fixe, il va être alors révélé. Alors que pour la principale, c’est l’interrogation qui va permettre de réaliser le «Qu».
La relation est indispensable entre les éléments constituants de la phrase. Sans relation, nous ne saurions exprimer aucune pensée continue et nous ne pourrions qu’énoncer une succession d’images et d’idées isolées les unes des autres sans aucun lien.


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