La canicule? Il faut faire gaffe. Parole de ministre doublé de professeur médecin urgentiste qui plus est. Lhoucine El Ouardi, ce coup-ci, se serait, pour ainsi dire, acquitté de sa mission. Oui, mais comment? Boire de l'eau dès qu'il y aurait quelque risque. Elémentaire. Mais tout aussi impossible. C'est bien beau de penser à protéger ses concitoyens des risques d'une déshydratation qui pourrait s'avérer fatale, mais ça ne l'est pas du tout de les exposer à l'ire d'un autre ministre connu pour être irascible, colérique et adepte fou de l'inquisition. Se désaltérer et même s'empiffrer en plein jour ramadanesque? Oui, consent si gentiment un Ramid comme il n'y en a pas deux. Mais pas en public. Et il y a même une loi pour ça, pour obliger les non-jeûneurs à jeûner ou du moins à faire semblant, et que le même Ramid est en passe de rendre plus drastique. Bouffer ou s'abreuver tout en étant emmuré chez soi, aurait une finalité. C'est, paraît-il, pour ne pas provoquer les bons croyants que nous sommes ou (ce qui serait encore plus grave), pour ne pas ébranler notre foi à nous. Entre nous, et sans que l'inquisiteur en chef ne tende l'oreille, cette foi-ci, bien à nous, serait-elle si inconstante, si peu imbue ? Tiendrait-elle à ce point à une bouchée de pain ou à une gorgée d'eau dans la bouche ou le gosier d'un autre?
Le Ramid en question en fait pratiquement une question de vie ou de mort. Il a déjà fait une fixation sur la mouture finale (la sienne) du projet du Code pénal. Si vous dépénalisez, je m'en vais, ne cesse-t-il de claironner. Comme il le fait pour le maintien de la peine capitale dans ledit projet, ou encore pour les relations hors mariage entre adultes...Il n'en finit pas de partir, ledit Ramid. Et il ne partira pas. Pour le malheur des libertés dans ce pays.
Au risque de prendre de court quelques esprits tordus, poussons la gentillesse jusqu'à dire à ce même Ramid que l'on ne voit pas d'un mauvais oeil la fermeture des bistrots pendant plus d'un mois (quoique...). Mais, c'est surtout pour lui dire qu'il y en a qui osent ouvrir grandes leurs portes, non pas pour apaiser la soif de quelques irréductibles abonnés, mais pour servir les accros des courses. Monsieur le ministre a sûrement dû entendre dire que l'alcool et les jeux du hasard sont logés à la même enseigne. On ne comprend plus rien.