Conflits armés, instabilité politique et sécurité nationale ont largement affecté cette année la liberté de la presse dans de nombreux pays y compris des grandes démocraties. C’est la principale conclusion du dernier «Classement mondial de la liberté de la presse» publié, mercredi 12, par Reporters sans frontières (RSF).
Comme l’an dernier, l’association classe le Maroc à la 136ème place sur 180 pays, soit à la dernière moitié de ce tableau. Un rang peu reluisant à bien des égards, d’autant plus que l‘indice annuel du classement situe le Royaume en dessous de pays tels que la Tunisie, Oman et le Zimbabwe. Juste avant la Libye, Palestine et le Tchad.
«Les autorités marocaines, placées sous la houlette des islamistes depuis les élections de 2011, tardent à concrétiser les promesses de réformes annoncées depuis le référendum constitutionnel de 2011», constate Reporters Sans frontières comme pour justifier ce classement.
Mais RSF ne se limite pas à cette seule explication, puisque l’association revient aussi sur l’«affaire Ali Anouzla» qui a marqué l’année 2013 et pesé dans ce classement, sans doute.
Rappelons que «le directeur de la version arabophone du site d’informations Lakome a été arrêté en septembre pour avoir publié un lien vers un article du quotidien espagnol El Pais, lui-même renvoyant vers une vidéo attribuée au groupe Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI)».
Cette affaire «illustre l’inquiétant amalgame que font les autorités marocaines entre travail journalistique et incitation à l’exécution d’actes terroristes», souligne l’association qui précise que son classement synthétise les atteintes à la liberté de l’information dans 180 pays sur l’année écoulée.
Plus généralement, l‘indice annuel du classement liberté de la presse a connu quelques évolutions marquantes témoignant de la dégradation de la liberté d’informer à travers le monde. Si la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège constituent une fois encore le trio de tête, la situation est beaucoup plus critique en République Centrafricaine, théâtre d’un violent conflit, qui perd 46 places. Mais aussi aux Etats-Unis, pour des raisons de sécurité nationale, qui cèdent 13 places ou encore au Guatemala (-29) où les journalistes sont régulièrement agressés.
Le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Érythrée bouclent ce classement, indique l’association qui se réjouit de ce que «l’année 2013 a été marquée par quelques évolutions législatives louables, comme en Afrique du Sud (42e, +11) où le Président a refusé de signer une loi jugée liberticide pour les médias», apprécie l’association.
Enfin, RSF rappelle que son «classement mondial de la liberté de la presse» s’articule autour de sept indices. En l’occurrence, le niveau des exactions, l’étendue du pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et les infrastructures.