Et si l’on étendait les faveurs proposées à l’ensemble des Marocains ?

D’ailleurs, pas plus tard qu’hier, un client marocain résidant à l’étranger a voulu en profiter mais l'hôtel a refusé en prétextant que cette décision n’est pas encore entrée en vigueur”. En somme, des paroles en l’air et des promesses non tenues.
Difficile de résumer autrement l’incompréhension et l’apeuprisme qui caractérisent le secteur touristique du Royaume. Même si le danger du variant Delta (indien), nouvelle souche du Covid plus transmissible, plane au-dessus du pays, tous les signaux semblent être au vert et plaident en faveur d’un retour à la normale. C’est du moins ce que laissent penser les récentes décisions prises par l’Exécutif. La réouverture des frontières étant la plus symbolique d’entre toutes. D’autant qu’elle a été accompagnée d’une série de mesures censées redonner un second souffle à l’économie du pays, à travers notamment la relance d’un secteur touristique qui en a bien besoin. Sauf que dans les faits, on en est encore très loin.
Les multiples témoignages sur les réseaux sociaux, reflets des desiderata de plusieurs MRE, ont fait retomber l’enthousiasme né des annonces en grande pompe faites récemment par le gouvernement. En plus des offres à des prix abordables mises en place par Royal Air Maroc au profit des Marocains résidant à l’étranger, les acteurs touristiques nationaux auraient dû, eux aussi, mettre les petits plats dans les grands, à grand coup de réduction et autres tarifs préférentiels. Mais la réalité est toute autre. “Cela fait deux ou trois jours que l’on entend parler d’une réduction de 30%, uniquement au profit des MRE. Mais je n’y crois pas du tout, sans l’aide financière de l’Etat pour compenser. Car aujourd’hui, les hôtels n’ont pas les moyens financiers d’offrir des réductions de cet ordre à leurs clients”, nous explique un acteur du secteur.
A l’aune de ses éléments, on peut déduire à la fois que le secteur touristique est dans l’incapacité d’offrir des offres attractives sans le concours de l’Etat, mais aussi que si offre il y a, les touristes nationaux en seront certainement exclus. Sans surprise, un sentiment d’injustice légitime grossit au fur et à mesure que les touristes MRE sont privilégiés aux dépends des touristes nationaux. Et pour enfoncer le clou, l’ONCF a mis en place, exclusivement pour les MRE, un tarif de bienvenue. En l'occurrence, “Ahlan” qui offre une réduction de 50% sur le billet aller/retour de et vers toutes les destinations ferroviaires et à bord de tous les trains Al-Boraq, AlAtlas et TNR. Il est valable pour toute la période estivale (15 juin-15 septembre) sur présentation d’un billet d’entrée et de sortie du Maroc.
Une bonne nouvelle pour les uns, mais une pierre de plus dans le jardin des autres. Pour diviser, le gouvernement n'aurait pu mieux s’y prendre. Mais au vrai, le peu de considération dont jouissent les touristes nationaux ne date pas d’aujourd’hui. La situation actuelle fait écho au dernier avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Dans notre édition de jeudi 1er avril 2021, nous vous exposions les regrets du CESE au sujet de “l’attractivité du tourisme national qui n’est pas alignée à l’offre touristique internationale, résultant sur la fuite de plus en plus prépondérante de la fréquentation hôtelière vers le classé informel et l’immobilier locatif ». Mais pas que.
Le CESE a également pointé du doigt d’autres bémols. Pêlemêle, on peut citer les actions mises en place mais qui restent non formalisées dans une vision intégrée. Mais encore, l’inexistence de produits adaptés et de mécanismes de soutien dédiés avec des réseaux de distribution structurés. Comme en témoigne l’échec du « Plan Biladi » dont le taux de concrétisation se situe à moins de 30% et reste en deçà des attentes à cause de la proposition d’une panoplie de produits peu attrayants et inadaptés aux besoins des Marocains et du non-respect des délais de livraison prévus. Bref, la volonté de relancer le secteur y est, mais la manière laisse à désirer.
Chady Chaabi
Les désidératas du CESE
