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Quels médias pour le processus démocratique ?

Le Forum du dialogue démocratique ouvre le débat sur la nécessaire indépendance des télévisions publiques


Narjis Rerhaye
Vendredi 30 Mai 2014

Quels médias pour le  processus démocratique ?
«Qui doit servir de locomotive ? Est-ce la construction démocratique qui renforce l’émergence de médias forts et autonomes ? Ou, au contraire, les médias indépendants contribuent-ils à l’ancrage de la démocratie ?  En tout cas, une démocratie véritable ne se construit qu’avec des médias libres, forts et à l’indépendance affirmée». Mohamed Al Achaari, l’ancien ministre de la Culture et de la Communication sous le gouvernement d’alternance conduit par Abderrahmane Youssoufi en est profondément convaincu. Chez nous, l’évolution et le développement des médias passent nécessairement par le parachèvement de la transition démocratique. « Il ne faut pas s’y tromper. On ne peut pas construire un îlot isolé de médias libres et indépendants à l’intérieur d’un pays qui a encore des problèmes en termes de démocratie », a affirmé cet homme politique de gauche et poète, mercredi 28 mai à Rabat, au cours d’un débat  organisé par le Forum du dialogue démocratique présidé par le socialiste Talaa Saoud Al Atlassi  sur le thème de « Quels médias pour le processus démocratique ? » et au cours duquel sont également intervenus Samira Sitaïl, la directrice générale adjointe de 2M et Rachid Belghiti, journaliste au site d’information « Hespress ». 
Une thématique à l’actualité brûlante qui témoigne du malaise traversant le champ médiatique. Entre crispations et tensions, l’élan de la réforme du Code de la presse a été stoppé net depuis 2003. Aujourd’hui, en ce Maroc post-Constitution 2011, une mise sous tutelle des médias publics est une ambition clairement affichée par le ministre islamiste de la Communication.  « Et personne ne comprend pourquoi ! », s’exclame Mohamed Al Achaari avant de marteler avec force que « en démocratie personne ne peut accepter que les médias publics soient sous la tutelle du gouvernement », avant d’affirmer en tant que ministre de la Communication, il ne s était jamais autorisé le moindre coup de fil aux responsables des télévisions. « Non pas par crainte  ou partage de pouvoir. Pour nous, c’était une question de principe et de conviction liée à la nécessaire indépendance des médias ».
Samira Sitaïl préfère, elle, parler de dépendance de la télévision publique. 

Sitaïl : « 2M ne vit pas sur les deniers de l’Etat »
Cette journaliste confirmée avec ses 27 années de TV au compteur ne fait jamais dans la complaisance. Elle donne des faits, livre des chiffres, remet les choses en place. Première vérité, 2M ne vit pas sur les deniers publics. La subvention de l’Etat ne représente que 5% du budget de la télévision casablancaise. 95% des ressources de 2M proviennent des recettes publicitaires. « Ce n’est pas l’Etat qui paie mon salaire, mais les annonceurs », ironise à peine  Mme Sitaïl qui, dans la foulée, apprendra à l’auditoire venu en nombre, que le budget annuel de la télévision dont elle dirige l’information s’élève à environ 700 millions de DH. « 2M reçoit une subvention annuelle de l’Etat de 35 millions de DH. Jusqu’en 2000, cette subvention était de 130 millions de DH. Depuis, elle a été divisée par 4. A cela il faut ajouter que la suppression de la redevance TV par ce gouvernement a privé 2M  de 300 millions de DH. Depuis 6 ans, nous sommes dans l’incapacité de procéder à de nouveaux recrutements. Tous les jours, c’est une bataille pour faire de la télévision. Nous avons un nouveau cahier des charges dont l’exécution  nous coûte 250 millions de DH. L’Exécutif n’a pas ici respecté ses engagements quant à son financement. 2M attend depuis 18 mois de discuter avec le ministère d’un nouveau contrat-programme. Tout cela est bien plus dangereux et pernicieux pour l’indépendance nécessaire des médias dans la consolidation du modèle démocratique auquel nous aspirons », fait valoir S. Sitaïl.
L’avenir passe par le digital
« Quelle télévision voulons-nous pour asseoir la démocratie en terre marocaine ? Comment faire des médias publics un service public et citoyen ? », a demandé  Touria Majdouline, la SG du Forum du dialogue démocratique aux intervenants. « La télévision ne peut être que le reflet d’une société », fait remarquer l’ancien ministre poète, dont le cœur bat à gauche.  Pas question non plus de jouer à se faire peur. La directrice générale adjointe de 2M égrène les taux d’audience, seule preuve de ce que regardent les Marocains, loin des commentaires et critiques des salons feutrés de l’axe Rabat-Casa. « La langue des chiffres ne ment jamais. En 2013, 2M a enregistré 26% de parts d’audience, faisant d’elle la chaîne la plus regardée de la région. C’est 5% de plus en 5 ans, et ce dans un pays où 93% des Marocains disposent d’une parabole et d’un marché de 1200 chaînes. Les chaînes de la SNRT résistent bien également et totalisent 15% de l’audience dont 10% pour Al Oula ». 
Selon les chiffres de Marocmétrie rendus publics en février 2014, 2M est sur la première marche du podium, suivie d’Al Oula. En cinquième position, c’est une chaîne indienne, Zee Alwane » qui fait son entrée dans le Top 10, Al Jazeera News n’arrivant qu’en 15ème position
L’avenir de la télévision passe par le digital. Tous les intervenants se sont accordés à le reconnaître. Le journaliste Rachid Belghiti en sait quelque chose. Hespress peut s’enorgueillir d’un million de visiteurs par jour dans un pays qui compte 16 millions de connectés. Les télévisions marocaines ne sont pas à l’abri d’une révolution… numérique. Et c’est tant mieux. 



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