Quel cadre institutionnel pour l’économie circulaire ?


Par Abdelmajid Iraqui *
Jeudi 4 Avril 2019

Le Maroc a adopté la stratégie nationale de développement  durable
L’objectif fondamental est de mettre en œuvre les fondements d’une économie verte et inclusive au Maroc d’ici 2020. Trois piliers fondamentaux de développement durable sont proposés (économique, social, environnemental).   A leur tête, figure le volet économique. A cet égard, les freins à la compétitivité peuvent être dépassés à travers la recherche systématique de convergence intersectorielle et une meilleure intégration des considérations socio-environnementales. Selon la stratégie, une réelle économie de l’environnement est possible à travers la mise en œuvre d’une économie circulaire ou encore de l’industrialisation verte.
L’économie circulaire figure en bonne place parmi les priorités fixées par l’Etat (ministère de l’Energie, des Mines et du Développement durable, chargée du développement durable, ministère de l'Industrie de l'Investissement, du Commerce et de l'Economie numérique, ministère de l’Intérieur, les régions et les communes), comme par le secteur privé (clusters, entreprises, associations…) qui apportent leur contribution en présentant les principes d’action et facteurs clés de réussite afin d’encourager les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité, à s’engager dans l’économie circulaire.


Un cadre institutionnel  
en construction

Le secrétariat d’Etat chargé du Développement durable (SEDD) a élaboré des plans et des stratégies pour instaurer une économie circulaire comme une nécessité dans le secteur de la gestion des déchets  des industries qui se base essentiellement sur l’écoconception :
Le Plan national de déchets ménagers (PNDM) s’inscrit dans le cadre de la politique de réforme et de développement du secteur des déchets ménagers. Il vise essentiellement à:
-Assurer la collecte et le nettoiement des déchets ménagers pour atteindre un taux de collecte de 90% en 2020.
-Réaliser des centres d’enfouissement et de valorisation au profit de tous les centres urbains (100%) en 2020.
-Réhabiliter ou fermer toutes les décharges existantes (100%) en 2020.
-Développer la filière de «tri-recyclage-valorisation», avec des actions pilotes de tri, pour atteindre un taux de 20% du recyclage en 2020.

Une Stratégie nationale
de réduction et de valorisation
des déchets (SNRVD)


Pour assurer sa transition vers l’économie circulaire à l’horizon 2030, elle  envisage deux actions phares : la mise en place d’une entité opérationnelle à portée nationale responsable de la gestion durable des déchets dotée d’une autonomie financière et l’amélioration de la coordination et de la concertation entre les différents acteurs impliqués dans la gestion des déchets (acteurs institutionnels, territoriaux et privés) en vue d’optimiser la territorialisation de la gestion des déchets et de promouvoir l’économie circulaire. Cette stratégie s’appuie sur huit axes stratégiques déclinés en plusieurs actions:
Renforcement du cadre législatif et réglementaire relatif à la réduction-valorisation des déchets ;
-Renforcement du cadre institutionnel ;
-Financement de la gestion durable des déchets ;
-Promotion de la réduction des déchets.
-Développement d’une économie circulaire favorable à la création d’emplois verts ;
-Soutien à la planification et à la performance territoriale ;
-Promotion de la recherche et du développement ;
-Communication, sensibilisation et éducation citoyenne.
Le Programme national de prévention et de lutte contre la pollution industrielle (PNPPI) permettrait d’harmoniser et de planifier l’ensemble des actions que l’administration et le secteur privé doivent réaliser dans le but de prévenir la pollution. Il permettrait de promouvoir et de mettre en œuvre des méthodes de prévention auprès du secteur privé en concentrant les efforts sur la réduction des émissions et des déchets et sur la mise en application des lois et règlements environnementaux. La réalisation du PNPPI se base sur une analyse de la situation existante aux niveaux technique, institutionnel et réglementaire en matière de prévention et de lutte contre les diverses formes de pollution.
Au niveau des Associations professionnelles et de la CGEM, il y a lieu de signaler l’existence du cluster industriel pour les services environnementaux  (CISE-Maroc) qui est un groupement d’entreprises et d’institutions publiques, d’enseignement supérieur et de recherche ayant des activités qui visent à trouver des alternatives aux processus de production polluants. Il a été créé  en 2014 et labellisé par le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique en 2016.
Le CISE-Maroc agit en tant que catalyseur d’éco-innovation. Il  offre une  plateforme d’échange entre les différents acteurs en permettant la collaboration inter et intra sectorielle. Il sensibilise les partenaires au besoin de créer des infrastructures et des marchés encore inexistants et permet une interaction  entre industriels et chercheurs académiques dans le cadre de projets collaboratifs.

L’économie circulaire,
une innovation


L'économie circulaire désigne «un concept économique qui s'inscrit dans le cadre du développement durable et dont l'objectif est de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l'eau et des sources d'énergie. Il s'agit de déployer, une nouvelle économie, circulaire, et non plus linéaire, fondée sur le principe de «refermer le cycle de vie» des produits, des services, des déchets, des matériaux.
L'économie circulaire englobe de nombreux concepts sur lesquels elle s'appuie : l'écoconception, l'analyse du cycle de vie (ACV), l'écologie industrielle, l'économie de la fonctionnalité, le réemploi, la réparation, la réutilisation, le recyclage.
L’économie circulaire est officiellement devenue un objectif international. C’est pourquoi AFNOR a été sollicitée pour réaliser la norme volontaire et invite le porteur de la démarche à croiser les trois dimensions du développement durable  et les domaines d’action de l’économie circulaire.
Dans ce cadre, la recherche de la performance environnementale est primordiale pour les entreprises, l’objectif étant de réduire l’impact environnemental des activités humaines et de trouver des solutions innovantes pour préserver les ressources de la planète. Pour y parvenir, elles ont recours à l’innovation qu’elle soit interne ou externe (Open Innovation).

Enjeux  de l’économie
circulaire

L'économie circulaire doit nous permettre de «passer du jetable au durable» et préserver ainsi les ressources de notre planète. Mais les enjeux de l'économie circulaire sont autant environnementaux qu'économiques, en opposition avec l’économie classique dite linéaire, qui produit de la richesse sans se préoccuper de préserver les ressources. (Nihade Bensitel)
Si l’économie circulaire apporte une réponse intelligente à la crise environnementale, elle présente par ailleurs des enjeux :
Environnementaux
Réduction de la consommation des ressources (matières premières, eau, énergies), par la diminution du gaspillage, la fin de l’obsolescence programmée et la systématisation du recyclage.
Réduction de la production de déchets
Réduction induite des émissions de gaz à effet de serre (lutte contre le réchauffement climatique)
Socioéconomiques
-Réduction et rationalisation des dépenses d’échelle des entreprises (meilleure compétitivité).
-Sécurisation relative des approvisionnements en matières premières.
-Opportunités de développement sur de nouveaux secteurs d’activité (recyclage, innovations techniques…).
-Créations d’emplois induites.
-Responsabilisation des entités de production, en harmonie avec celle des citoyens/consommateurs…
-Ce qui est proposé pour la mise en œuvre  de cette nouvelle approche, est un changement de modèle économique, créateur de valeur sur un plan social, économique et environnemental.  Il vise une utilisation efficace des ressources, tel est l'objectif de l'économie circulaire, une stratégie d'entreprise où priment la réduction des matières premières, la réutilisation et le recyclage des matières premières et autres éléments. Il s'agit d'un changement radical par rapport au modèle économique conventionnel, qui présente l'avantage non seulement d'une plus grande durabilité, mais aussi d'importantes économies de coût. Ce modèle est  plus qu'une économie, c'est un cap, une vision, une espérance d'un meilleur vivre et produire ensemble.

 * Vice-président de la CGEM-Rabat-Salé-Kénitra
Cet article reprend les  idées relatives à l’économie circulaire développées au cours du séminaire : L’innovation au service du développement durable organisé par la CGEM à Rabat.


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