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Intervenant lors d’une rencontre à Rabat sur le partage des expériences internationales en matière d’évaluation du handicap, Jamila El-Moussali, ministre de la Solidarité, du Développement social, de l'Egalité et de la Famille, a annoncé que notre pays était en train de mettre en place un nouveau système d’évaluation du handicap fondé scientifiquement selon une approche qui prend en compte plusieurs facteurs liés à la santé, aux activités et à l’environnement.
A ce propos, elle a rappelé que le Maroc a adopté la Convention internationale sur les personnes en situation de handicap qui stipule une approche sociale du handicap.
La ministre a également rappelé que notre pays a promulgué une loi-cadre relative à la protection des personnes en situation de handicap qui propose une nouvelle définition de ces personnes en intégrant les facteurs médicaux, sociaux et l’impact de l’environnement.
Concernant la « carte de handicapé », la ministre s’est contentée de rappeler que cette-ci permettra de définir le statut de la personne en situation de handicap et lui donnera le droit de bénéficier de diverses formes de soutien et des droits édictés par les textes juridiques.
Abdelmalek Asrih, président de l'Association «La Colombe blanche», estime à ce propos que la question de la carte du handicapé ne pose pas de problèmes puisque « l’attestation du handicap » permettra à son titulaire de bénéficier des mêmes droits que ceux octroyés par cette carte. « Ce dossier ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte, en effet, à 1992 avant que le débat le concernant ne soit relancé en 1997 et en 2001 », nous a-t-il indiqué. Et de préciser que : « Le vrai problème ne réside pas là, mais dans la définition même du handicap. Et tous les travaux de la dernière rencontre organisée à Rabat visaient à répondre à une seule question, à savoir comment mesurer le handicap dans un contexte où l’on parle plutôt d’invalidité».
Pour notre source, un grand changement conceptuel du handicap a été opéré au cours des dernières années. « Nous somme passés d’une approche purement médicale à une approche sociale et environnementale qui ne fait référence ni à la déficience, ni à l'incapacité mais aux interactions entre une personne et son milieu», nous a-t-elle affirmé.
En effet, le handicap a longtemps été considéré comme un problème personnel puisqu’il n’était abordé que d’un point de vue médical ou caritatif avant que le modèle social du handicap ne se soit imposé.
Selon les Nations unies, le handicap est défini en fonction des rapports des personnes handicapées avec leur environnement. « Il surgit lorsque ces personnes rencontrent des obstacles culturels, matériels ou sociaux qui sont à la portée de leurs concitoyens. Le handicap réside donc dans la perte ou la limitation des possibilités de participer, sur un pied d'égalité avec les autres individus, à la vie de la communauté».
D’autres définitions stipulent que « par handicap, il faut entendre la perte ou la restriction des possibilités de participer à la vie de la collectivité à égalité avec les autres. Elles mettent aussi en avant les inadéquations du milieu physique et des nombreuses activités organisées, l’information, la communication et l’éducation, qui ne donnent pas accès, dans l'égalité, aux personnes handicapées à la vie de la société».
Pourtant, notre source estime qu’avec une nouvelle carte ou pas, le quotidien des personnes en situation de handicap demeure le même puisque la carte existante ou l’attestation de handicapé ne garantissent pas l’accès à l’éduction, au marché du travail, aux transports publics et aux bâtiments administratifs ou autres et, a fortiori, à la protection sociale et aux soins. Ceci d’autant plus que la loi 10-03, relative aux accessibilités, n’a pas eu l’impact escompté sur les infrastructures existantes, les nouvelles installations, le transport et les moyens de communication. «La carte en question ne garantit en rien l’accès aux soins puisque la personne en situation de handicap est obligée d’utiliser sa carte Ramed. Idem pour les transports puisqu’elle ne garantit nullement le droit d’utiliser gratuitement ou avec un tarif réduit, les moyens de transport publics ni la priorité d’utiliser des sièges spécifiques dans les moyens de transport en commun », nous a expliqué Abdelmalek Asrih.
Une situation qu’a confirmée il y a des années le CESE dans son rapport intitulé «Respect des droits et inclusion des personnes en situation de handicap » publié en 2012. D’après ce documentt, le système d’enseignement public ne permet pas, jusqu’à aujourd’hui, la scolarisation de tous les enfants en situation de handicap, et n’assure pas leur égalité avec les autres enfants, puisque les établissements ordinaires ne sont pas accessibles et ne disposent pas des aménagements nécessaires. De même, les classes d’inclusion scolaire (CLIS) sont insuffisantes et ne respectent pas les normes requises. Les ressources humaines qualifiées sont, quant à elles, en nombre très limité et les programmes scolaires ne sont pas adaptés. Enfin, le soutien accordé aux associations qui gèrent les CLIS et les institutions spécialisées est insuffisant comme il n’existe pas de système de contrôle et d’inspection de ces institutions.
Les personnes souffrant de handicap continuent également à souffrir le martyre pour accéder au marché du travail. Ces personnes demeurent exclues des circuits ordinaires menant vers l’emploi et ne parviennent pas à avoir des rémunérations correctes sans parler du fait qu’elles ne peuvent pas bénéficier des garanties légales et sociales dont jouissent, en principe, les autres citoyens.
L’ancienne ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, Bassima Hakkaoui, avait d’ailleurs déclaré il y a plus d’un an à la Chambre des représentants qu’il était impossible de réserver 7% des postes de la Fonction publique à cette catégorie de Marocains, comme l'exigeait un arrêté de l’ex-Premier ministre Abbas El Fassi daté de 2010 et qu’elle comptait réviser cet arrêté en vue de sa « clarification ». La ministre avait également fermé la porte du recrutement direct en faveur des handicapés, étant entendu que, jusqu’à présent, il n’existe aucun mécanisme spécifique et harmonisé de compensation du handicap et que l’accès des handicapés aux dispositifs de protection sociale reste problématique.