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Quand Alfred Nobel testait ses explosifs en Seine Saint-DenisAFP
Vendredi 25 Juillet 2014
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C’était alors une paisible bourgade, sans cités sensibles ni règlements de comptes. Sevran, une des villes de banlieue les plus pauvres et dangereuses de France, a accueilli durant plusieurs années un illustre habitant: le Suédois Alfred Nobel, inventeur de la dynamite et père des prix portant son nom. “C’est quelque chose de peu connu, mais oui: Alfred Nobel a habité et travaillé ici, à la fin du XIXe siècle”, s’amuse Daniel Mougin, ancien directeur de la bibliothèque municipale et spécialiste de l’histoire de la ville. La Seine-Saint-Denis, département à l’est de Paris où se concentrent les problèmes de sécurité et de pauvreté, n’existait pas à l’époque. Et Sevran, banlieue-dortoir de 50.000 âmes située au bord du canal de l’Ourcq, à 18 kilomètres au nord-est de Paris, ne comptait que 1.000 habitants... et pas un seul immeuble. “Le village se trouvait sur la ligne de chemin de fer Paris-Soissons”, inaugurée en 1861, raconte Camille Maille, du service des archives de la ville. “Les Parisiens venaient ici se mettre au vert, le week-end. Il y avait des fermes, c’était verdoyant”. De quoi séduire le chimiste et industriel suédois, né à Stockholm en 1833, qui menait depuis les années 1870 une vie nomade à travers l’Europe pour faire fructifier ses multiples affaires. “Alfred Nobel était basé à Paris, dans un hôtel particulier de l’avenue de Malakoff”, dans un quartier très bourgeois, rappelle Daniel Mougin. “Pour mener ses expériences, il avait besoin d’un endroit plus tranquille, facilement accessible depuis Paris”. Son choix se portera finalement, en 1881, sur le “château du fief de Fayet” ou “château de Sevran”. Une propriété bourgeoise située dans un parc arboré, où il a fait construire un bâtiment de briques et de verrières pour y installer son laboratoire. “Le plus souvent, il faisait l’aller-retour dans la journée depuis la Gare du Nord. Mais il lui est aussi arrivé de dormir ici: il y avait du personnel pour s’occuper de la maison”, raconte Daniel Mougin, pour qui Sevran “a compté” dans la carrière de Nobel. C’est dans son petit laboratoire de briques, en effet, que l’homme d’affaires a mis au point l’une de ses principales inventions: la balistite, une poudre à canon dérivée de la nitroglycérine. “Le choix de Sevran n’était pas innocent”, précise Daniel Mougin. Depuis 1865, la commune accueillait en effet la Poudrerie nationale, propriété du ministère de la Guerre. Une proximité bénéfique pour Alfred Nobel, qui y a mené plusieurs essais. En 1890, le marchand d’explosifs finira pourtant par quitter la commune, en froid avec le gouvernement français. Il décédera en Italie cinq ans plus tard, en léguant sa fortune à la création de prix philanthropiques — pour “calmer sa conscience”, jugera plus tard le physicien Albert Einstein. De l’eau, depuis, a coulé dans le canal de l’Ourcq. Et Sevran, commune parmi les plus pauvres de France, marquée par le chômage et le trafic de drogue, a radicalement changé, jusqu’à en oublier ce pan singulier de son histoire. Deuxième ville la plus jeune de France, Sevran a connu une urbanisation spectaculaire dans les années 1960, avec la construction de grands ensembles destinés notamment à accueillir les populations immigrées. Sinistrée depuis le départ des usines Kodak et Westinghouse dans les années 1990, la commune est aujourd’hui touchée de plein fouet par le chômage (40% des jeunes) et les violences. Elle est considérée comme l’une des plaques tournantes du trafic de drogue en France, au point que son maire Stéphane Gatignon a réclamé l’envoi de casques bleus pour mettre fin aux violences. “C’est vrai qu’Alfred Nobel, ça ne colle pas trop avec l’image de la ville”, sourit Gérard Duhamel, un retraité. Dans les rues du centre-ville, beaucoup d’habitants concèdent d’ailleurs ne pas être “au courant”. “Je vis là depuis 21 ans mais je ne savais pas. On ne m’en avait jamais parlé”, assure Hubert, employé à La Poste. La maison, occupée par la mairie, se dresse pourtant toujours au coeur de la ville, dans un relatif anonymat. Quant au laboratoire, dont les vitres cassées sont colmatées par des planches, il sert de remise aux services municipaux... En 1996, la commune a tenté de raviver la flamme de Nobel en inaugurant un monument à la mémoire de l’industriel, qui possédait déjà une rue et une école élémentaire à son nom. “Il faudrait peut-être plus”, souffle Gérard Duhamel. “Nobel à Sevran, c’est quand même marrant”.
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