Puisque la liste ne sera pas très longue, autant exprimer tout de suite ce qui raffermit l’espoir : on ne gagne jamais complétement par hasard dans les dernières minutes. La délivrance venue sur un coup du sort, un malentendu, bref, un but contre son camp de Keimuine, dont le timing et la symbolique dramatique rappellent celui de la Coupe du monde, en dit long sur la qualité de centre de Ziyech, quasi sauveur et unique dynamiteur d’une expression collective qui a flirté avec le néant.
Mais ce préambule posé, il y a tout le reste. Il y a ce constat que les Nationaux n’ont que très rarement mis en danger la défense namibienne, malgré 17 tentatives dont cinq cadrées. Pourquoi ? Tout simplement car la qualité de leurs occasions fut très faible. Pour s’en persuader, il suffit de jeter un coup d’œil sur les «Expected Goals». Ils permettent de déterminer le pourcentage de chances qu’une occasion se termine en but. La valeur dite xG va de 0 à 1, signifiant que telle occasion a entre 0 et 100% de chances de finir au fond des filets. A ce petit jeu, les Nationaux ont eu un total de xG cumulé de 1.08 (voir tableau), ce qui représente un faible total. L’occasion la plus nette (0,13 xG soit 13%) fut celle de Ziyech, suite à une percée plein axe (72’) suivie d’un tir contré, sorti du pied par le portier namibien. A part ça, le Onze national n’a que très peu inquiété l’adversaire.
Vous en avez marre des chiffres ? On peut aussi parler de cette première période calamiteuse dans un 4-3-3, avec Boussoufa en 10 et Ziyech sur l’aile droite. Il faut se résoudre à constater que cela n’a pas marché, jusqu’au retour au 4-2-3-1 qui a remis l’Ajacide au cœur du jeu. Du coup, le sélectionneur donne surtout l’impression qu’il cherche une solution qu’il n’a pas encore trouvée. Impression amplifiée par sa volte-face, illustrée par les sorties coup sur coup de Aït-Bennasser et Bourabia, qui n’ont franchement pas démérité, surtout le premier.
Bien que les Namibiens ont défendu comme on l’avait anticipé : très bien, parfois haut mais souvent très bas, dans un 4-4-2 à plat, côté marocain, collectivement, la première période a été un naufrage. La seconde, au moins, a ressuscité l’intensité nécessaire. Une émulation créée par l’entrée de Boufal. A ce moment, les Marocains ont au moins donné l’impression qu’ils jouaient un match de CAN. Cela dit, ils ont poussé dans le désordre, tout le temps. En cause, des permutations incessantes, un embouteillage dans l’axe et une désertion des ailes (voir capture). Les attaquants étaient aussi trop esseulés. C’est pour cela qu’on a eu l’impression que le Maroc n’était pas dans la maîtrise. Il aurait fallu donner plus de rythme et de profondeur.
En somme, cette victoire, essentielle, si lourde de sens, aura été une souffrance et une joie car maintenant, il faut faire beaucoup d’efforts pour ne pas se qualifier. Mais, il ne faudrait pas confondre joie et satisfaction. Le contenu mérite amplement d’être remis en cause car il met en exergue les limites de l’EN. Cette circulation trop lente ou imprécise, ces circuits de jeu brouillon, ce côté gauche défensivement poreux, la faible concurrence à certains postes. Mais par-delà la priorité d’une qualification, le reste de ce 1er tour doit permettre aux Marocains d’avancer. Et dans le sens de l’ascension, si possible.
