Gagner sans convaincre. L’équipe nationale en a fait son créneau. Les années passent mais les prestations des Lions de l’Atlas sont toujours aussi amorphes. La rencontre de jeudi soir n’a pas dérogé à une tendance que le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, n’arrive toujours pas à renverser. Le succès (2-0) acquis contre une très faible et apathique équipe du Soudan peut être lu de deux manières. On peut se réjouir des trois points et de la première place du groupe, comme on peut regretter le peu d’entrain et l’absence de fond de jeu dont a fait preuve le Onze national, encore une fois. Les deux buts heureux, limites chanceux, inscrits sur coups de pied arrêtés, sont le reflet des difficultés de l’EN à se créer des occasions sur attaques placées. Les responsabilités sont partagées entre le sélectionneur et des joueurs talentueux à défaut d'être des morts de faim. Mais à dire vrai, ces derniers paraissent un peu perdus sur le terrain. Disposés en 4-2-3-1 (4-4-1-1 en phase défensive), les hommes de coach Vahid ont fait preuve d’entrain et de détermination. Mais ce n’est pas allé plus loin que les vingt premières minutes de la première mi-temps. La faute à un manque de complémentarité criant, qui impacte inévitablement la fluidité et la construction des attaques de l’EN. L’idée de base était de passer par les côtés afin d’étirer le bloc défensif soudanais. Mais la transposition de cette stratégie sur la pelouse du Complexe Moulay Abdellah de Rabat n’était pas au rendez-vous. Plusieurs raisons à cela. Toutes en rapport avec le manque de complémentarité des duos marocains, d’où des imprécisions techniques en pagaille. Au niveau de la charnière centrale, Aguerd et Saïss sont gauchers. Si le premier n’a pas eu de difficulté particulière à relancer, ce fut moins le cas du second, qui a eu toutes les peines du monde à trouver des angles de passes dans la verticalité. Sur les flancs, ce n’est pas mieux. Intrinsèquement, Hakimi et Ilias Chair ont toutes les qualités techniques pour former un duo performant, à même de malmener les défenses adverses. Mais leur complémentarité n’a pas vraiment sauté aux yeux. Il leur faudra certainement du temps pour créer des automatismes, mais c’est vraiment dommage d'en être encore là, à trois mois de la prochaine CAN. Idem pour la doublette composée de Massina et En-neysiri. Ils n’ont jamais réussi à combiner. Mais comment leur en vouloir alors qu’ils n’ont pas de vécu commun ? Le Sévillan a d’autant plus été perturbé qu’il a dû s'exiler sur l’aile gauche, pour faire de la place en pointe à l’une des rares satisfactions de la soirée, Ryan Mmaee. Très intéressant en remise dos au but, l'avant-centre du club hongrois de Ferencváros TC a été très remuant et volontaire. Ses déplacements ont été tranchants et ses appels de balle inspirés. Tout le contraire de Zakaria Aboukhlal. Placé en soutien de Mmaee, l’ailier de l'AZ Alkmaar a souffert de la comparaison avec son avant-centre. Alors qu’il était censé être son pourvoyeur privilégié en ballons de but, Aboukhlal a surtout brillé par son absence. Il était présent mais sans vraiment être là. A aucun moment, il n’a réussi à créer un début d’occasion pour ses coéquipiers. Confirmant ainsi à la fois les états de forme disparates mais aussi l’absence de complémentarité des duos qui forment le Onze national. Un mal profond, dont le temps est le seul remède. Mais en changeant de onze à chaque rencontre, Vahid Halilhodzic ne met pas toutes les chances de son côté.