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Présentant le projet de loi de Finances à la presse : Salaheddine Mezouar table sur une reprise de la croissance


Montassir SAKHI
Samedi 23 Octobre 2010

Après la présentation du projet de loi de Finances 2011 devant le Parlement, Salahedine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances a tenu, jeudi 21 octobre courant, au siège de son département à Rabat, une conférence de presse pour présenter devant les médias les grandes lignes du projet de loi.
Partant du contexte mondial et national dans lequel se présente aujourd'hui le projet de loi de Finances, M. Mezouar a indiqué que l'environnement économique mondial se caractérisera, l'année prochaine, par une croissance de 4,2% mais fragile et contrastée selon les régions. Il a souligné que cette croissance est tirée par les pays émergents et en développement. Ainsi, l'Afrique verra une croissance de 5,5%, alors que la zone Euro, partenaire essentiel du Maroc, ne dépassera pas 1,5%.
Le ministre estime également que le monde est sorti de la crise économique, mais cette sortie "s'avère plus complexe et plus problématique que prévu", car "les perspectives pour l'année 2011 demeurent marquées par des aléas liés à la fragilité des finances publiques et au problème de la soutenabilité des dettes des pays développés". Quant à l'environnement économique national, M. Mezouar a assuré que la croissance non agricole reprendra en 2011, ce qui permettra, selon lui, la poursuite de la reprise du PIB non agricole ainsi que du dynamisme de l'activité de certains secteurs touchés par la crise économique depuis la fin de 2008 tels que les mines et les services.
S'agissant des principales orientations du projet de loi de Finances 2011, le ministre a affirmé son intention de suivre les hautes Orientations Royales à travers l'impulsion du développement durable, le relèvement des défis de l'ouverture et de la compétitivité, la poursuite des réformes nécessaires pour la consolidation de la bonne gouvernance. La classe moyenne, connaissant de véritables problèmes, verra, selon lui, l'élargissement de sa base.
Interrogé par notre journal sur le caractère technocrate de l'actuel projet de loi de Finances, M. Mezouar a réagi en assurant que les soubassements politiques du projet s'illustrent par le choix de l'appui aux secteurs sociaux à travers la mise en valeur du capital humain.
Plus concrètement, le Plan d'urgence de l'éducation et la formation sera maintenu via un budget de 47,8 MMDH alloué au ministère de tutelle. Ce dernier distribuera cette année 4 millions de cartables et 800.000 tabliers au profit des élèves. Par ailleurs, il a souligné que son projet de loi compte généraliser la couverture médicale à travers un budget de 10,9 MMDH. Il envisage aussi d'améliorer l'accès au logement, poursuivre le dynamisme de l'INDH et de consolider les efforts en faveur des zones rurales et montagneuses avec un budget de 20,5MMDH. Avec ce projet de loi, le ministre de l'Economie et des Finances suppose que le taux de croissance au Maroc serait de l'ordre de 5% alors que le taux d'inflation atteindrait 2%.
Rappelons qu'à l'inverse des confirmations de M. Mezouar par rapport aux trois années précédentes, le Cercle d'analyse économique (CAE), groupe de chercheurs et d'économistes de la Fondation Abderrahim Bouabid, avait précisé dans le cadre d'une étude intitulée "Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique?", que le Royaume ne doit pas être félicité sur une "performance" de croissance de 4% ou de 5% voire de 8%, car ces chiffres sont souvent utilisés sans mise en perspective. Cela se traduit par le fait que l'indice composite de développement humain au Maroc se situe, aujourd'hui, à 0,654 le situant au 130ème rang sur les 182 pays classés. "Notre niveau de développement humain est celui d'un pays d'Afrique subsaharienne et bien en deçà de celui auquel notre niveau de PIB/habitant nous prédirait", souligne l'étude. Et d'ajouter que les écarts de croissance se creusent avec le temps et mènent à de vraies disparités en termes de revenu par habitant. Cette même étude indique également que "de manière plus préoccupante, les exportations marocaines demeurent très concentrées et surtout très peu diversifiées. La prédominance des exportations traditionnelles du Maroc est suffisamment probante pour relever un déficit d'innovation et une panne de l'économie". Ainsi, a-t-elle conclu qu'il y a absence, aujourd'hui au Maroc, d'une stratégie de développement économique.
Pour en établir une, l'étude souligne qu'il est temps de fixer des priorités, arbitrer, choisir, discuter, débattre, confronter les avis, évaluer, contrôler rigoureusement, coordonner les politiques publiques, ne pas prendre de décisions vouées à l'échec, éviter les dogmes et tabous économiques, rationaliser le rôle de l'Etat et s'ouvrir aux expériences des autres. Selon les économistes du CAE, cela permet de mettre en place une cohésion dans l'exécution des politiques publiques et résoudra les problèmes de coordination (qui est une question politique). En outre, le CAE avait mentionné qu'il doit y avoir une "validation rigoureuse et transparente des politiques publiques avant leur exécution", au lieu des plans élaborés en secret et exécutés sans discussion contradictoire. Les économistes et chercheurs du CAE ont souligné également la nécessité d'un contrôle et d'une évaluation rigoureuse et transparente a posteriori des politiques publiques.
Toujours au niveau de la transparence, il faut rappeler que Transparency-Maroc avait publié un rapport, un jour avant la présentation du projet de loi de Finances 2011, dans lequel elle indique que le Maroc occupe la 69ème position parmi 94 pays en 2010 en matière de transparence budgétaire. Elle a mentionné aussi que le Maroc ne publie pas de rapport d'audit indiquant si le gouvernement a collecté des revenus et dépensé les fonds en suivant le budget autorisé par le Parlement. De surcroît, il ne publie ni la déclaration préalable au budget, ni le rapport de milieu d'année. Et d'ajouter que l'enquête sur le budget ouvert 2010 signale que le Parlement lui-même ne dispose pas d'informations suffisantes pour pouvoir modifier la proposition budgétaire du ministère des Finances. En réponse à cette question, M. Mezouar a affirmé que ces genres de rapports sont peu crédibles puisqu'ils se basent sur des informations données par la société civile.


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