Pour le FMI, les besoins de financement substantiels découlant des réformes liées au NMD ne seront pas satisfaits par une croissance plus rapide du PIB


Alain Bouithy
Vendredi 11 Mars 2022

Pour le FMI, les besoins de financement substantiels découlant des réformes liées au NMD ne seront pas satisfaits par une croissance plus rapide du PIB
Il est nécessaire d’apporter des changements radicaux dans de nombreux domaines, tels que la mise en place d’un nouveau système fiscal plus juste et plus équilibré.
Mémorandum présenté par l'USFP à la Commission spéciale sur le modèle de développement ) 
« Le Nouveau Modèle de Développement (NMD) contient plusieurs recommandations utiles pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines, améliorer la gouvernance, dynamiser le capital humain et construire une société plus inclusive », a salué le Fonds monétaire international (FMI) dans son dernier rapport sur le Maroc rendu public en février dernier.

Dans ce document publié au titre de l’article IV, l’organisation internationale va plus loin en soutenant que « la mise en œuvre des réformes structurelles proposées dans le rapport NMD pourrait produire un modèle économique plus développé et plus inclusif ».

Dans son analyse, le FMI est revenu à maintes reprises sur un mot cher à l’Union socialiste des forces populaires (USFP), qui en a d’ailleurs fait un de ses chevaux de bataille : Réformes. Et d’estimer qu’« une mise en œuvre prudente des réformes sera essentielle à leur succès ».

Sauf que et, quand bien même les réformes déjà en cours et celles suggérées dans le rapport sur le nouveau modèle de développement auraient le potentiel de créer une trajectoire de croissance plus forte, plus inclusive et durable pour le Maroc, le Fonds monétaire reste dubitatif quant à la réalisation des objectifs visés par le NMD.

Etant donné les besoins de financement potentiellement importants associés à ces réformes, l'impact incertain sur la production potentielle et l'étroitesse de l'espace budgétaire, le FMI estime qu’« une conception et un ordonnancement soigneux sont nécessaires, sur la base d'un plan de financement adéquat et dans un cadre macroéconomique cohérent et stable ».

Une inquiétude à peine masquée et des orientations que partage à bien des égards l’USFP qui n’a eu de cesse d’attirer l’attention du gouvernement en place sur certains aspects de ces questions.

Le parti de la Rose, qui ne manque aucune occasion de fustiger toutes déviations pouvant mettre à mal la faisabilité des objectifs fixés par le Nouveau modèle de développement, a très tôt soutenu que « l’instauration du nouveau modèle de développement est une question stratégique qui exige de nous l’audace dans l’exposé, la créativité dans les moyens et le renouvellement dans l’approche » (Mémorandum présenté à la Commission spéciale sur le modèle de développement).

Il faut dire que l’USFP est resté « attaché au modèle qui traite des grands disfonctionnements et qui puise sa force dans les principes majeurs de la social-démocratie, fondés sur l’incitation de la cadence économique compétitive, l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyennes et citoyens et le renforcement de la tendance régionale », comme cela a été rappelé dans un document politique élaboré par la Commission préparatoire du 11ème Congrès national de l’USFP.

Dans ce document, le parti de la Rose a expliqué que ces objectifs ne sauraient être atteintes que « dans le cadre d’un contrat économique à portée sociale et avec une nouvelle génération de réformes de toutes les politiques publiques en cours ».

A propos toujours des réformes, il est important de rappeler que l’USFP avait explicitement appelé dans son Mémorandum présenté à la Commission spéciale sur le modèle de développement à « des réformes audacieuses pour que l’économie et les investissements soient au service de la production et l’industrialisation, tout en se focalisant sur  les investissements permettant la création de postes d’emploi, et ce dans le but de créer une dynamique économique à même de promouvoir le développement ».

Dans ce même document, la formation politique estime qu’il est « nécessaire d’apporter des changements radicaux dans de nombreux domaines, tels que la mise en place d’un nouveau système fiscal plus juste et plus équilibré, l’encouragement des petits et moyens investissements avec des incitations réelles et concrètes, l’abolition de la spéculation, du monopole, le profit illicite et la concurrence déloyale et d’autres mesures qui entraîneraient des changements réels dans les domaines de la fiscalité, de la finance et de l’investissement ».

Dans le même objectif, l’USFP soulignait également l’importance primordiale de réformer, d’étendre et de développer les systèmes de protection sociale.

Le parti de la Rose estime au final qu’« il est nécessaire et même urgent de prendre des initiatives audacieuses ». Ce qui semble loin d’être le cas avec le gouvernement actuel. 

Pour revenir sur le rapport de l’organisation internationale, « le principal défi politique du Maroc est de trouver le juste équilibre entre le maintien de la reprise, le financement des réformes structurelles et la réduction de la dette publique », comme l’avait laissé entendre le FMI dans son dernier rapport.

Cependant, quand bien même la mise en œuvre effective de ces réformes puisse considérablement stimuler la croissance potentielle du Maroc, le FMI constate que « l'ampleur et le calendrier de leur impact économique sont entourés d'une grande incertitude et les besoins de financement substantiels découlant des réformes ne seront probablement pas satisfaits par une croissance plus rapide du PIB ».
Le Fonds préconise ainsi que des mesures budgétaires structurelles soient conçues pour créer l'espace budgétaire nécessaire pour financer ces réformes et préserver la viabilité budgétaire.

L’institution affirme qu’« une réforme fiscale globale qui élargit l'assiette fiscale, améliore la progressivité du système et explore de nouvelles taxes telles qu'une taxe sur le carbone ou de nouvelles formes d'imposition de la richesse, ainsi qu'un examen des dépenses publiques qui hiérarchise et rationalise les dépenses seraient des éléments clés de cette stratégie ».

Comme le rappelle le FMI, le rapport commandé par Sa Majesté Le Roi propose un projet global de réformes visant à doubler la PIB par habitant d'ici 2035, réduisant la part des emplois informels de 70 % actuellement à 20 %, doublant le taux de participation des femmes au travail à 45 % et l'augmentation des énergies renouvelables de moins de 10  à 40 % de la consommation d'énergie.

Tout en approuvant pleinement les réformes en cours du système de protection sociale, les entreprises publiques et le système éducatif, le rapport « souligne également la nécessité de profondes réformes des cadres de gouvernance et de réglementation qui éliminent les goulots d'étranglement et les distorsions limitant la concurrence sur les marchés de produits, qui conduisent à entraver la compétitivité internationale du Maroc, encourager l'informel  et réduire la confiance dans le secteur public et le système judiciaire ».

Mais au-delà des objectifs très ambitieux fixés dans ledit rapport, le Fonds monétaire estime qu’« il est important d'être réaliste quant à la taille et le calendrier de l'impact des réformes ».
En effet, explique l’organisation, « doubler le PIB par habitant du Maroc d'ici 2035 exige une croissance annuelle d'environ 7 % au cours des 13 prochaines années.

Les estimations du personnel du FMI ayant statué sue ce dossier « suggèrent  que la réalisation de cet objectif nécessitera la mise en œuvre d'une série de réformes structurelles qui parviennent à combler une partie importante des principaux écarts structurels du Maroc par rapport aux économies avancées, dans une  période de temps relativement courte ».

Par ailleurs, compte tenu de l'incertitude quant à l'impact des réformes sur la croissance, le FMI estime que l'existence de complémentarités entre elles, les autorités et leur coût élevé prévu, peuvent avoir besoin de hiérarchiser et de séquencer soigneusement les réformes sur la base d'un plan de financement et un cadre macroéconomique cohérent et stable ».

Alain Bouithy


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