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Dans un article publié le week-end dernier, le journal «El Pais» a ouvert le débat sur le futur et la situation de ces villes occupées par l’Espagne au Nord du Maroc. Il y a quelques jours, les autorités espagnoles ont pris la décision, en accord avec Rabat, d’intervenir sur une petite île près de la côte marocaine qui était «occupée» par des Subsahariens.
«Quel est le coût financier pour l’Espagne au cas où elle garderait ces îlots?». Les dirigeants militaires haussent les épaules : «Ce qui coûte réellement cher, c’est de garder Mellilia, qui n’a aucun intérêt stratégique, mais ce n’est pas le cas pour Sebta », écrit le quotidien.
Interrogé par «El Pais» sur la possibilité de céder ces îlots, un membre du gouvernement espagnol qui n’a pas révélé son nom répond d’une façon laconique : «Cette question ne m’a même traversé l’esprit». Et le quotidien d’ajouter une autre question : «Et s’ils disparaissaient de la carte ?». A cela, le responsable espagnol répond : «Ça serait autre chose. Personne ne les regrettera».
Pour Mohamed Larbi Messari, ancien ministre et fin connaisseur des relations maroco-espagnoles, ce débat ne date pas d’aujourd’hui. «Il y avait toujours débat à propos des présides», a-t-il confirmé à «Libé».
Quand Manuel Fraga, l’un des collaborateurs de Franco et l’une des figures de la droite espagnole (père fondateur du Parti Populaire, décédé en 2012), avait au début de la transition espagnole écrit un Livre blanc dans lequel il avait dit sa fameuse phrase : «Nous croyons qu’il ne reste à l’Espagne aucune option, en fin de compte, que négocier avec le Maroc à propos de Sebta et Mellilia», il avait provoqué un tollé mais il a dû abandonner son idée à cause de sévères critiques dont il était la cible.Durant les années 20, Miguel Primo de Rivera avait ouvertement défendu l’idée de les céder parce que leur conservation coûtait cher et que ces présides n’avaient aucun intérêt militaire ou économique. Mais il a été violemment critiqué. La même question avait également été sérieusement discutée lors des débats qui avaient accompagné la rédaction de la première Constitution dans l’histoire de l’Espagne en 1812.
Selon Larbi Messari, les Espagnols distinguent deux catégories de présides. D’une part, il y a «les présides mineurs» comme les Iles Jaâfarines et les «grands présides», à savoir Sebta et Mellilia. «L’Espagne peut céder les premiers qui n’ont aucun intérêt stratégique et certains hommes politiques pensent qu’il est préférable de les abandonner. Mais les Espagnols pensent que s’ils cèdent ces petits présides, le Maroc continuera de revendiquer les autres», précise-t-il.
Cependant, plusieurs chercheurs espagnols estiment qu’il est temps que Madrid tranche une fois pour toutes ce dossier qui perturbe, à chaque fois, ses relations avec Rabat. Il y a quelques années, le diplomate espagnol Maximo Cajal avait écrit un livre dans lequel il défendait ouvertement la cession au Maroc de Sebta et Mellilia. Dans un article publié par «El Pais» le week-end dernier, María Rosa de Madariaga, historienne et spécialiste des relations maroco-espagnoles, défendait la même thèse que Maximo Cajal : «Aujourd’hui, les circonstances ont changé. Il est difficile de croire que ces sites peuvent représenter une protection face à un éventuel danger. Il est peut-être temps de poser la question de savoir à quel point cela mérite la peine de conserver ces vestiges d’un passé révolu». Le journal «El Dia» (qui réclame l’indépendance des Iles Canaries) va plus loin en écrivant au début de cette année un édito dans lequel il confirmait que «l’avenir de Sebta et Mellilia devait être le même que celui de Tanger. Les deux villes doivent revenir à la souveraineté marocaine. D’aucuns disent qu’il existe des raisons historiques pour que l’Espagne continue de les occuper, mais la géographie a plus de poids que l’histoire».