Les pharmaciens ittihadis dressent un constat alarmant d’un secteur qui n’en peut plus

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Ce communiqué n’est pas une plainte, c’est une déclaration d’alerte lucide, portée par une profession qui refuse de sombrer dans l’insignifiance. Les pharmaciens ittihadis y exposent les dérives d’un système de régulation des prix des médicaments qu’ils jugent incohérent, opaque, et profondément déséquilibré.
L’analyse proposée est précise, documentée, sans effet de manche. Elle dénonce une marginalisation insidieuse du métier dans les grandes décisions de santé. Les signataires de ce communiqué observent, non sans amertume, que les orientations stratégiques prises par le gouvernement se font trop souvent sans concertation avec les acteurs du terrain. L’un des points les plus amers du document est cette exclusion flagrante des représentants de la profession pharmaceutique des discussions techniques. Une politique de l’ombre, opaque et unilatérale, qui compromet toute chance de réforme durable.
Le Secrétariat met également en lumière l’absurdité d’un système où le pharmacien reste accablé par des charges sociales mal calibrées, des obligations financières disproportionnées et une instabilité réglementaire permanente. Cette situation pèse lourdement sur les jeunes professionnels et affaiblit progressivement l’attractivité du métier.
A travers leur message, les Ittihadis réclament une réforme ambitieuse du cadre social, avec une répartition plus équitable des contributions, notamment dans les régimes de retraite et de sécurité sociale.
Dans une perspective plus large, les signataires du communiqué appellent à un débat sérieux, structuré et ouvert sur les compléments alimentaires, les plantes médicinales, et les produits de santé non conventionnels. Ces substances, largement consommées et promues sur les réseaux sociaux, échappent à toute régulation sérieuse, menaçant aussi bien la sécurité des patients que l’éthique professionnelle. Le Secrétariat réclame une mise à jour du cadre législatif, en particulier en ce qui concerne les dispositifs médicaux, les compléments et les produits de parapharmacie, afin d’harmoniser la pratique nationale avec les exigences de la loi 17-04.
Au fil du texte, une conviction profonde se dessine : il n’y aura pas de réforme efficace du système de santé sans une réhabilitation complète du rôle du pharmacien. Cette conviction prend une forme concrète à travers une série de propositions ambitieuses : réguler les marges bénéficiaires dans la chaîne de distribution, renforcer le rôle du pharmacien dans la politique de santé publique, garantir la souveraineté médicamenteuse à travers un soutien accru à la production nationale, améliorer la performance du laboratoire national de contrôle du médicament, et généraliser les bonnes pratiques d’enregistrement et de veille.
Les pharmaciens ittihadis ne se contentent pas de pointer les failles. Ils désignent aussi les dangers. L’un des plus critiques reste la prolifération de la vente illégale de médicaments et de produits de santé sur les plateformes numériques. Cette dérive massive, alimentée par des campagnes de promotion trompeuses, échappe à tout contrôle sanitaire et juridique.
Elle affaiblit les circuits légaux, sape l’autorité du pharmacien et expose les citoyens à des substances potentiellement dangereuses. Le Secrétariat en appelle à une réaction forte des autorités, pour mettre un terme à ce marché parallèle qui prospère dans un vide réglementaire choquant.
A cela s’ajoute une exigence fondamentale : la révision du Dahir de 1922, devenu inadapté aux réalités actuelles du métier. Le Secrétariat exige l’adoption d’un nouveau statut pharmaceutique, moderne, inclusif et respectueux des standards internationaux. Ce changement législatif n’est pas une coquetterie juridique : il constitue, selon les Ittihadis, le socle indispensable à la sécurité juridique de la profession et à sa reconnaissance effective dans l’écosystème sanitaire national.
Dans un passage fort, le Secrétariat interpelle directement le ministère de la Santé sur sa responsabilité. Il lui demande de ne plus être un simple gestionnaire administratif, mais un véritable partenaire stratégique des professionnels. Il rappelle que toute réforme du médicament, aussi bien en termes de prix que de circuit, de production ou de distribution, ne peut réussir sans une alliance forte entre l’Etat et les acteurs du terrain.
Ce communiqué est bien plus qu’un document professionnel. C’est un signal politique. Un message d’alerte adressé à l’ensemble de la société, mais aussi un acte de foi en la capacité du secteur pharmaceutique marocain à se réformer et à retrouver sa vocation première : servir la santé du citoyen.
A l’heure où les grandes réformes de la santé publique sont à l’agenda politique, il serait périlleux d’ignorer l’appel de ceux qui, chaque jour, sont les gardiens silencieux du médicament. Ce sont eux qui veillent sur la rigueur des prescriptions, la qualité des produits, et la sécurité des traitements. Et ce sont eux, aujourd’hui, qui demandent à ne plus être traités comme une variable d’ajustement, mais comme des piliers de la souveraineté sanitaire nationale.
Adam Ali