Phil Mickelson, joueur populaire, champion durable


Faire rimer longévité et succès semble être une affaire de famille et Phil Mickelson n’en a d’ailleurs pas fini avec sa quête de victoires

Libé
Mercredi 26 Mai 2021

J oueur talentueux, adepte des prises de risque pour le meilleur ou le pire, très populaire auprès des fans, Phil Mickelson s’est fait une place à part dans l’histoire du golf, en devenant à 50 ans le plus vieux vainqueur d’un Majeur. “Avec le temps va... tout arrive”. Voilà, ainsi détournés les mots de Léo Ferré qui pourraient former l’adage de “Lefty”, surnom affectueusement donné à ce grand gaillard gaucher, qui traînait ces dernières années sa carcasse (1,91 m, 91 kg) sur les greens sans que la jeune concurrence ne s’en inquiète vraiment, eu égard à son statut de vétéran présumé inoffensif. A Kiawah Island (Caroline du Sud), sous les yeux des alligators maîtres des marécages jouxtant l’Ocean Course, le “vieux crocodile” leur a donné tort et réussi ce que personne n’attendait de lui, en remportant le Championnat PGA, pour effacer des tablettes l’Américain Julius Boros, qui se l’était adjugé à 48 ans, en 1968. Un sacré exploit, qui vient rendre encore plus étincelante une carrière jalonnée de succès, soit 45 victoires dont six du Grand Chelem qui elles aussi sont venues sur le tard. Car pendant longtemps, les douze premières années de sa carrière professionnelle débutée en 1992, Mickelson a été considéré comme le meilleur golfeur à n’avoir jamais inscrit son nom à un des quatre tournois Majeurs. Durant cette période, il a pourtant glané 22 titres sur le circuit. Mais cela ne compte pas pour les livres d’histoire. Et après avoir fini trois fois troisième du Masters, il a enfin ouvert son compteur en 2004 à Augusta, là où Tiger Woods avait déjà revêtu trois fois la veste verte. De cinq ans son cadet, le “Tigre” lui faisait déjà de l’ombre depuis un moment avec ses huit Majeurs dans la poche. Et cela allait durer au moins quinze ans de plus, quand en 2019 il s’est adjugé son 15e, toujours à Augusta. Un sacre, à 43 ans, qui constituait de surcroît un extraordinaire come-back, après de délicates et douloureuses opérations au dos. Etre le contemporain de Woods, qui a toujours fasciné, n’aura rien facilité pour Mickelson, perçu comme le gendre idéal. Pourtant, entre son premier Majeur et le cinquième, le British Open, remporté en 2013, il n’a pas passé une année sans soulever de trophée. Il a ajouté à son tableau de chasse l’USPGA en 2005 et deux autres Masters en 2006 et en 2010. Cette année-là, une image émouvante accompagne sa performance avec un long baiser donné à son épouse Amy, qui en disait long, puisque cette dernière livrait alors bataille avec un cancer du sein, tout comme sa mère Mary. Cette dernière, qui lui donna naissance le 16 juin 1970 à San Diego, a aussi su briller sur le tard, en remportant en 2002 le tournoi de basket-ball à trois contre trois aux Master Games, sorte de Jeux olympiques seniors, réservés aux plus de 50 ans. Faire rimer longévité et succès semble donc être une affaire de famille et Phil Mickelson n’en a d’ailleurs pas fini avec sa quête de victoires, puisque seul l’US Open manque à son palmarès. Une compétition maudite, dont il a fini six fois deuxième. “Gagner ce tournoi a été un rêve insaisissable toute ma vie”, a confié Mickelson, qui perdit totalement ses moyens lors de l’édition 2018, en frappant une deuxième fois la balle alors qu’elle roulait encore après son premier putt. “J’ai fait une grosse erreur et j’aimerais pouvoir revenir en arrière, mais je ne peux pas”, avait-il regretté. A 48 ans, il restait sur cinq ans de disette et c’est avec un certain embarras qu’on jugeait ses performances, jusqu’à cet éclair au Championnat du monde WGC à Mexico, puis cet autre à Pebble Beach en 2019 et enfin ce coup de tonnerre dimanche. Bien qu’engagé sur le circuit des vétérans, Mickelson n’a jamais délaissé la PGA. “Je frappe des bombes assez folles. J’ai toujours de la vitesse et je tape tout aussi loin. Il n’y a aucune raison pour que je ne puisse pas continuer”, répond-il quand on lui parle de retraite.


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