Partenariat et contractualisation. Réponse du ministre de la Santé au déficit en personnel médical

Pourtant, l’ essentiel reste ailleurs


​Hassan Bentaleb
Vendredi 13 Novembre 2020

«Recruter 5.500 cadres médicaux, infirmiers et administratifs, encourager le partenariat avec les collectivités territoriales afin qu’elles participent à l’offre sanitaire notamment dans les zones rurales, encourager la contractualisation avec les médecins du secteur privé afin de combler le vide au niveau des ressources humaines et poursuivre le renforcement des capacités du système sanitaire en matière de formation », telle est la recette proposée par le ministre de la Santé lors de la présentation du budget de son département devant la Chambre des représentants pour répondre au manque de personnel soignant.

Pourtant, le document présenté devant la commission des secteurs sociaux ne précise ni la nature ni la conception ni les conditions de ce partenariat avec les collectivités territoriales ni celles de la contractualisation avec les médecins du secteur privé.

En effet, les deux sujets n’ont rien de nouveau et le document du département de la Santé ne révèle rien d’original. Ainsi, concernant le partenariat avec les collectivités territoriales, il existe bel et bien et consiste à offrir les infrastructures par les collectivités et les médecins par le ministère de la Santé. Ces collectivités recrutent elles-mêmes du personnel médical.

Pourtant, nombreux sont ceux qui se demandent comment ce partenariat peut-il fonctionner aujourd’hui avec le gel des recrutements. « Il y a des postes budgétaires au niveau des collectivités territoriales, mais ils restent vacants vu la décision du gouvernement Benkirane de geler l’embauche dans le secteur public. 

Le recrutement se fait aujourd’hui dans le cadre des mutations alors qu’il y a une demande qui dépasse l’offre », nous a indiqué Hassan Benoichon, directeur du bureau communal d’hygiène à Tafraout qui estime qu’il y a un vide juridique qui doit être comblé. « Nous sommes aujourd’hui près de 260 médecins recrutés par des communes et ce nombre n’est pas précis puisqu’il y a ceux qui sont partis à la retraite et ceux qui sont décédés. Aujourd’hui, on commence à parler de contractualisation, mais personne ne sait quelle forme elle revêtira», nous a-t-il indiqué. Concernant ce sujet, le site d’information Hespress a révélé que la majorité parlementaire a appelé l’Exécutif à créer de nouveaux postes budgétaires en proposant la création à partir du 1er janvier 2021, de 2000 postes contractuels au sein du ministère de la Santé.

La même source a indiqué qu’un projet de loi est en cours d’élaboration par le ministère de tutelle afin de permettre à ce département de conclure des contrats avec des cadres du secteur privé. Une mesure qui risque de prendre encore du temps puisqu’elle exige la promulgation d’autres textes de lois permettant la contractualisation.

De son côté, Khaled Ait Taleb, ministre de la Santé, a souligné dernièrement la nécessité de mettre en place un nouveau système de contractualisation basé sur des incitations exceptionnelles. Un système qui doit être discuté hors du régime de la fonction publique et qui exige la création d’un nouveau cadre. A ce propos, il a appelé à un consensus sur le prochain projet de loi loin des querelles de chapelle puisque la situation est alarmante. En effet, le déficit en médecins avoisine les 23.000 praticiens. Aujourd’hui, notre pays en compte 12.000 et ce nombre risque de passer à 7.000 à l’horizon 2030. Ceci d’autant plus que la fonction publique attire peu ou pas les jeunes lauréats des Facultés de médecine. D’après le Syndicat des médecins du secteur libéral, 300 médecins quittent notre pays chaque année. La plupart d’entre eux choisissent la France ou l’Allemagne puisque ces deux pays ont complètement modifié leur politique de recrutement des médecins étrangers.

Cette migration des médecins marocains n’est pas seulement motivée par des raisons financières. En effet, si un médecin touche au début de sa carrière en France de 1.200 à 1.400 euros et 5.000 euros après quelques années d’exercice, il a également droit à un bon climat de travail et à de bonnes conditions pour exercer son métier. Dans les pays à revenus élevés, ces médecins se sentent plus sécurisés en ce qui concerne leur famille et leur avenir professionnel et personnel. Khaled Ait Taleb sera-t-il capable d’offrir ce climat de travail et ces conditions au Maroc ? Affaire à suivre.

Hassan Bentaleb


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