Oliver Kahn “le barbare”, un patron idéal pour le Bayern Munich

Qui mieux que “King Kahn”, après ses quatorze années passées à garder les buts en Bavière, pour reprendre le flambeau ?


Libé
Mercredi 10 Avril 2019

Oliver Kahn “le barbare”, un patron idéal pour le Bayern Munich
Volcanique et autoritaire, l'ancien gardien du Bayern Munich Oliver Kahn prendra en 2021 la tête du club bavarois où il a forgé sa légende. Un costume qui semble taillé sur mesure pour cette mâchoire carrée, spécialiste des coups de gueule.
Tout autre club d'Europe aurait réfléchi à deux fois avant de confier ses rênes à un personnage aussi impulsif, parfois violent et qui a fait des déclarations à l'emporte-pièce une marque de fabrique tout au long d'une carrière bardée de records et de trophées.
Mais pas le Bayern, où la culture veut que le patron s'ingère régulièrement dans le quotidien du club pour recadrer joueurs et entraîneurs, lorsque les résultats ne semblent pas à la hauteur d'une équipe 28 fois championne de Bundesliga.
Et qui mieux que "King Kahn", après ses quatorze années passées à garder les buts en Bavière, pour reprendre le flambeau ?
"L'idée est qu'Oli Kahn me succède et que je lui facilite sa prise de fonctions" en tant que président du conseil, a confirmé dimanche Karl-Heinz Rummenigge, qui aura passé deux décennies comme homme fort du Bayern lorsque son contrat arrivera à son terme en 2021.
"Cela est logique: Oli est intelligent et connaît le club", a-t-il ajouté.
A bientôt 50 ans et même s'il n'est jamais passé par la case entraîneur, le portier aux 557 apparitions en Bundesliga a en effet tout gagné en club: huit titres de champion, six Coupes d'Allemagne, une Coupe de l'UEFA (1996) et une Ligue des champions (2001).
C'est d'ailleurs lui qui offre la "Coupe aux grandes oreilles" à son club, en détournant trois tirs au but contre Valence en finale.
Dernier rempart de l'équipe nationale entre 1993 et 2006, il mène également l'Allemagne en finale de la Coupe du monde 2002 face au Brésil de Ronaldo.
Mais même dans son pays, son arrogance et ses prises de position en font un personnage aussi incontournable que clivant, souvent insulté dans les stades, où on lui jette parfois des peaux de banane, conséquence d'une comparaison avec un gorille lors d'un talk-show.
Tantôt surnommé "Vul-Kahn", en référence à son tempérament, "King Kahn" pour ses performances ou "Kahn le barbare" pour son style - par exemple lorsqu'il charge un joueur le pied en avant et les lèvres pincées -, "Oli" ne laisse pas indifférent.
L'exigence qu'il s'impose, Kahn n'en attend pas moins de ses coéquipiers, lui le perturbateur du vestiaire à l'époque où le club est surnommé le "FC Hollywood", pour le climat de crise qui enveloppe le Bayern des années 1990, du temps où l'on en venait aux mains lors des entraînements.
Cauchemar des attaquants adverses, il l'est autant pour ses coéquipiers qu'il prend en grippe. L'Italien Luca Toni et le Français Franck Ribéry en font par exemple les frais à la fin de sa carrière.
Et qu'importe s'il est suspendu et qu'il écope d'amendes, pour avoir claqué la porte de la fête de Noël du club, Kahn revendique sa personnalité. Car il se dit, dans son autobiographie sobrement intitulée "N.1", "décidé et possédé comme aucun autre".
Avant de devenir consultant football pour la télévision publique allemande, il regrettait d'ailleurs que "tout (soit) devenu extrêmement lisse". "On a l'impression que tout le monde s'efforce de faire le moins de vagues possible", affirmait-il.
Il ne fait aucun doute que, dès 2021, Oliver Kahn recommencera à faire des vagues au Bayern.


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