Quel autre chef de gouvernement de par le monde aurait le toupet, le culot et l’impertinence de passer outre des décisions de ses propres ministres qu’il défendait, bec et ongles, il n’y a pas longtemps, allant jusqu’à les qualifier de judicieuses, appropriées et opportunes.
Les fonctionnaires, ou du moins, ceux parmi eux qui nourrissent l’ambition de poursuivre leurs études supérieures, en savent quelque chose.
Pas plus tard qu’hier, ils étaient tenus de passer par une autorisation dûment signée et cachetée par le summum du sommet de l’administration concernée, après avis favorable des différents chefs et sous-chefs, plus ou moins en rapport avec l’intéressé. Un vrai parcours du combattant. Un non enveloppé, déguisé.
Et voilà que dans un élan qui a tout l’air d’être de philanthropie, le chef du gouvernement couche une signature en bas d’une circulaire disant « oui » pour ce à quoi il opposait, avec les siens, un « non » qui se voulait des plus catégoriques.
C’est là l’une des mille et une illustrations de la magie des élections. Le PJD métamorphosé en une entité foncièrement électoraliste s’en trouve gravement atteint.
C’est une course contre la montre dans l’espoir de faire oublier aux Marocains que c’est ce même PJD et le gouvernement qu’il mène qui ont dangereusement affecté le pouvoir d’achat du citoyen, sous prétexte d’une réforme qui fait boire le calice jusqu’à la lie aux couches défavorisées, et à cette classe dite moyenne qui, le génie benkiranien aidant, est tout simplement en voie de disparition, non pas pour rejoindre l’étage de dessus, mais plutôt pour s’enfoncer encore et encore.
D’ailleurs ces gens-là sont rompus à la tâche. Ils n’ont pas à attendre la désignation officielle de quelques dates pour se lancer dans ce qui est, au fait, leur bain de tous les jours. Leur campagne électoraliste, c’est tous les jours. Dans les mosquées, les souks, les baptêmes, les circoncisions, les mariages (même rituels à la Ahmed Mansour)…
Ce n’est pas pour rien que leurs tristes sorties se font trop fréquentes ces derniers temps. Cherchant à prendre les Marocains, connus dans leur majorité pour être attachés aux valeurs religieuses, par le sentiment, quitte à dénaturer ces mêmes valeurs.
S’ils ont cherché à jouer aux bégueules, face à une paire de jambes, au port d’un jean, d’une robe ou d’une jupe…, c’est pour donner l’impression de s’imposer en gardiens du temple, des bonnes mœurs… Il faut bien s’attendre à tout de la part de ceux gravement atteints d’obsession électoraliste chronique.