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Vendredi 22 Août 2014
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Il m’est égal dans cette vaste Cour que je sois condamnée à mort ou …que le verdict m’épie … Ils se sont rangés tous les quatre : trois juges et leur cloche . Ils étaient peut-être au nombre de cinq : quatre juges et leur cloche(...) Je fus soudain prise d’un rire sonore. Son écho retentit dans les quatre coins de la salle au point qu’il faillit faire sauter les yeux des juges de leurs orbites …Puis une crise de larmes s’empara de moi ;un sanglot puissant qui suscita la pitié des juges. Ensuite, je fus suffoquée par une forte toux sèche. J’eus l’impression qu’elle détruisait, qu’elle foulait puis emportait tous mes intestins ( et mon gésier). Je souris quand je me rendis compte que l’être humain n’avait pas de gésier et que je n’étais ni une poule ni un coq. Il n’y avait pas un seul témoin oculaire , même pas un témoin à charge ou à décharge . On dirait que le seul accusé était la salle … J’avais un désir insurmontable de sauter toute enchaînée dans ma cage que j’étais et d’étreindre mes juges. L’odeur du premier ressemblait à celle de mon père ,quant à celui qui était au milieu, je trouvai sa cravate sale. Je me dis alors que peut-être il s’était chamaillé la nuit avec sa femme et que pour se venger de lui ,elle l’envoya dans cet état .Quand j’arrivai au troisième ,il dormait déjà… La cloche retentit, le vieux juge avait l’air maussade …Il était peut-être pressé. La salle avait l’air vide. Comme j’étais la seule accusée, je fus tentée d’accuser à mon tour (Monsieur le juge ) et de faire une plaidoirie solide …Je levai le doigt (…) et d’une voix roque , et après avoir prononcé le nom de Dieu d’abord, je traçai au juge les frontières de mon drame. Je lui déclarai que j’étais arrivée dans cette prison par une seule porte contrairement aux fils de Yakoub qui y étaient entrés par douze portes…Et que l’oiseau qui fut disséqué en morceaux puis réparti sur plusieurs montagnes avait repris son vol. Le juge emprisonna pour un moment mes mots …m’envahit par son regard cruel. Je commençai à balbutier .Il me cria : …Continuez ! De mes entrailles sortit un rire bruyant. Je constatai que mes soucis m’encourageaient à émettre ce genre de rire. Hier, j’ai épuisé la plus grande répression qu’on puisse imaginer avant d’être exécutée sur cette place vide, vide, seuls monsieur le juge et moi s’y trouvaient . De son marteau, il exécuta quelques coups et prit une gorgée d’eau. Il la dégusta en la suçant. J’eus l’idée qu’il sirotait l’haleine d’une femme qu’il aimait. Je cessai ce rire imprévu. Je constatai entre ses yeux une blessure profonde. Je dis peut-être que monsieur le juge était un guerrier sans pareil puis je me rappelai que les juges n’étaient que des (adoules) et non des héros d’une guerre. Je ravalai ma salive et sentis dans la gorge des éclats et des lancinations m’envahir puis m’ensanglanter, je tendis la main, et plongeai les doigts dans mes cheveux noirs. J’ai senti que le juge était sujet à une fièvre, et à une secousse discrète. Je profitai de l’occasion et lui envoyai un peu de mon parfum pour l’amener à un aveu non déclaré, enveloppé dans un regard. Je décidai enfin de mesurer du pied la distance qui nous séparait. Je me mis à m’approcher pendant que ses yeux s’ouvraient tout grands …Je m’approchais et sa respiration devenait plus saccadée Je m’approchai et ses cheveux bougeaient. Je m’approchai et ses cils tels des sabres se dégainaient pour repousser mon attaque …il sentit que le moment des délibérations devait s’annoncer . J’éclatai de rire . Je dis à monsieur le juge et à ses assistants q’il y a quatre pieds entre lui et moi ou (quatre lieux ). Il frappa violemment sur son bureau et se mit debout .Il était grand de taille et énorme comme une montagne .Puis il s’assit. Ensuite, il me demanda de me taire. Je me tus et fermai la bouche tout en sachant qu’il dessinait les coins de ma bouche et qu’il mesurait le pourtour de mes lèvres … Mes regards le poursuivaient cependant . Il se détendit sur sa chaise parce qu’il désirait émettre une décision pour mettre fin à ce procès suspendu. Son front suait, je me chargeai de répondre à des questions qu’il n’avait pas posées … La cloche retentit alors que la salle était vide, vide ; je m’y trouvais seule .J’entrevis les doigts durs du juge pressant la cloche tels les fils fragiles d’une… araignée… Je me révoltai et insistai à ce que l’aveu fût total et détaillé et à ce qu’il écoutât de ses oreilles et non de ses yeux . Un sentiment persistant me poussait à consentir pour une trêve ou une réconciliation …Et ce fut la réconciliation en présence de (monsieur le juge )… Il se mit debout, donna quelques coups de son marteau sur le bureau, mania sa cloche puis il s’assit. Je m’adossai et posai quatre conditions pour accepter le verdict . La première est que monsieur le juge émet l’ordre de libérer mon regard pour qu’il atteigne le plus petit de ses cheveux et la partie la plus profonde de sa peau. Il doit également donner ses instructions pour qu’on laboure son crâne et qu’on le retravaille dans le but de planter un certain nombre de solutions pour les cas suspendus. Il doit ensuite me déterminer les dégâts de la guerre en cours et quand le dollar sera assassiné. Tu dois être seul responsable de la magistrature , mettre dehors toutes les caravanes arabes et toutes les armées campant au fond de toi ,te débarrasser de ton régionalisme. Il faut prévenir tous les collègues que la modernité exige qu ‘on se laisse lapider et qu’il est interdit de construire des maisons en verre , que ces hallucinations allaient s’évaporer, que la race humaine allait disparaître à cause de la faim et que l’eau sera interdite d’être emballée et qu’après tout cela monsieur le juge doit donner ses instructions pour condamner à la peine capitale toutes les langues des radios dirigées .Après, je serai prête à accepter son verdict . Monsieur le juge, je vous implore au nom de la justice dont vous portez la tenue. Venez à moi sans le retentissement de votre cloche, sans vos gorgées d’eau et sans les bougonnements de vos assistants . Monsieur le juge, ma plaidoirie dont je ne prononce pas un seul mot est terminée. Mais vous l’avez certainement comprise …Vous avez à enlever vos lunettes pour examiner mes décisions à l’œil nu et laisser de côté votre cloche . Le monde autour de vous sommeille. Il n’y a que vous monsieur le juge et moi l’accusée. Approchez-vous, le soleil est, paraît-il circulaire et lumineux et la lune est éternellement sous forme d’un croissant ! Les Arabes se mettront d’accord l’année prochaine pour célébrer une seule fête et la faim ne sévira plus parmi nous et la pluie tombera à torrents. Monsieur le juge est pris subitement d’un rire bruyant et il se mit à tousser. Puis Il cracha dans son mouchoir blanc…et je continuai mes propos …La maladie ne nous envahira plus…mais nous les Arabes, nous nous battrons avec un seul sabre en bois …mais que dites-vous de me libérer pour que vous soyez mon moyen de guerroyer … Il prit une gorgée de son verre puis se retourna vers ses assistants …Et pour la première fois, il entendit leurs ronflements… Il posa la tête sur son bureau et partagea leur sommeil…tout en recommandant de ne pas le réveiller avant, que à travers les fenêtres , la lumière n’envahisse la salle. Le rire me reprit. D’un signe, je lui montrai ma chaîne …mais il s’assoupissait déjà…Avant de s’endormir, il me fit remarquer que j’avais posé plus de quatre conditions , et que je devais me rappeler que le témoignage d’un homme vaut celui de deux femmes … Je lui dis : Et ma chaîne ? Ils étaient alors au nombre de quatre dont une cloche .De différentes odeurs provenant de leurs haleines paresseuses atteignirent mon nez . Je décidai de briser ma chaîne …de me retirer discrètement avant que mes juges ne se réveillent et de m’enfuir vers la lumière. De veiller à ce que mon salut soit garanti et qu’au lieu de mes conditions, le juge doit émettre un verdict. Je me retirai en douceur après que je m’emparai de la cloche de monsieur le juge pour qu’il ne la manipule pas une autre fois lors du procès d’une autre femme. Je m’emparai également de ses lunettes pour qu’il cesse de voir gros les lettres , et de compter les bijoux, des femmes qui lui sourient. Avant de m’enfuir, je fus prise soudain d’un sommeil très fort. Je posai la tête sur la paroi extérieure de la cage. Je me recroquevillai. Je planais dans mes rêves. Je volais, les lieux étaient rectangulaires. Et moi, j’étais sans mes membres, sauf des ailes coupées. Je me dis comment se fait-il que je vole alors que mes ailes sont coupées ? Jusqu ‘à présent, je ne me suis pas encore réveillée …Mes juges à leur tour baignent dans un autre monde … Le recours n’eut pas lieu. Signé une accusée Référence : La nouvelle dans la littérature féminine saoudienne Lu 353 fois
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