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Mardi 26 Août 2014
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Amputez mes rêves comme vous amputez les serpents ! Kateb Yacine Tout à fait au commencement … Pendant ce début qui, à présent, dans sa mémoire, se reconstruit dans le temps tel un nuage violet, il y avait de hautes montagnes qui s’élevaient à l’ouest de son village. C’est delà que provenaient les nuages, les pluies et les fortes tempêtes. Delà descendaient également des hommes grossiers, maussades, chevauchant de gros mulets gris qui traînaient nonchalamment leurs pattes, pour vendre aux habitants du village du goudron et des remèdes qu’ils fabriquaient à partir de plantes poussant dans ces montagnes où ils habitaient. Chaque fois qu’il se révoltait, pleurait ou se mettait en colère, sa maman le menaçait en criant :-« Tais-toi ou j’appelle les Garabas pour qu’ils te retirent l’âme du corps ! » Sur le champ, l’image de ces étrangers avec leurs traits sauvages, leurs barbes poussiéreuses, leurs yeux rouges et leurs mulets laids traversait son imagination. A ce moment-là, il fermait la bouche et se tenait tranquille, pendant que son cœur battait de terreur. Les Garabas (les habitants de l’Ouest comme les appelaient les habitants de son village) ne se contentaient pas de vendre et d’acheter. Ils excellaient également dans d’autres domaines. Les gens racontaient qu’ils guérissaient ces maladies étranges et graves, qu’ils rendaient les femmes stériles ou fécondes, qu’ils chassaient les démons et les mauvais esprits des corps et des maisons, qu’ils prédisaient l’avenir et prévenaient d’un mal proche ou lointain, comme ils étaient capables de vous avertir des mauvaises intentions d’un voisin, ou d’un ennemi, étrange et invisible. Quelquefois et surtout au cours des journées froides de l’hiver, ils organisaient des séances religieuses qui duraient jusqu’à l’aube, au cours desquelles ils jouaient aux tambours, chantaient le cantique Alborda et d’autres panégyriques Prophète et des marabouts. Quand ils atteignaient le paroxysme de l’extase, ils fermaient les yeux. Leurs traits se détendaient alors, leurs barbes denses et poussiéreuses dansaient et ils se perdaient dans un monde qu’on ignorait, tandis que leurs voix continuaient de flotter dans la nuit à travers le vent pendant que de leurs grosses mains ils battaient cruellement leurs tambours qui se lamentaient péniblement. Un jour, après une courte pluie d’automne, pendant qu’il jouait dans la boue avec d’autres enfants, le fils du Kabloti, un enfant malicieux, qui boitait légèrement, et dont la respiration était souvent saccadée comme s’il se trouvait au bord de l’asphyxie, se mit à le fixer avec étonnement comme s’il le voyait pour la première fois et cria les yeux hors de leurs orbites, et le visage maussade : -« Venez voir les gars ! Dans son œil se trouve un trésor ! » Les yeux l’entourèrent de toute part, alors qu’il resta là, cloué, tremblant dans son kadroun, taché de boue sous un ciel où les nuages tels des chevaux, poursuivaient leur course :-« Ouvre bien les yeux ! », lui crièrent tous ensemble. Ils les ouvrit tellement grands qu’il vit ces mêmes enfants laids et nains semblables à des grenouilles surprises par la sécheresse du marécage où elles vivaient. C’est à ce moment-là que le fils du Kablotti lui dit avec le ton d’un adulte au courant des chose d’ici-bas et de l’au-delà : - Ecoûte mon gars, dans ton œil gauche, se trouve un trésor ! Si les Garabas le découvrent, ils t’égorgeront. » C’est alors que naquit en lui cette peur qu’il n’avait jamais connue auparavant. La nuit tomba. La compagne fut envahie par les voix des bergers revenant des prés, par les odeurs des moutons mouillés par les pluies et le charivari des femmes préparant leurs dîners ; Lui, il était accroupi au fond de la chambre, recroquevillé dans son kadroun comme un rat terrifié. Quelques minutes plus tard, il se voyait en train de choir peu à peu dans un cercle noir, collant comme du goudron. Il entendit ensuite un bruit semblable à celui des sabots de quelques mulets faisant la course sur un sol dur : Tac, tac, tac ! Au milieu de ce brouhaha violent, les fantômes des Garabas, laids et sinistres, traversèrent sa pensée. Dents saillantes, ils l’encerclèrent en un temps record. Avec la rapidité du vent, on l’emporta vers ces hautes montagnes, puis ils allumèrent un feu qui de sa langue léchait les nuages et se mirent à jouer aux tambours en priant et proclamant la grandeur de Dieu : Tajta dak ! Tajta dak ! Tachta tak! Tachta tak! Après quoi, ils retirèrent de leurs ceintures des couteaux aussi longs qu’un bras et foncèrent sur lui. Quand il ouvrit les yeux, on l’entourait : sa mère, son père, quelques membres de la famille et les voisins. Ils invoquaient tous Dieu. Il fondit en larmes. Référence : Ombres tunisiennes de Abderrahmane Majid Arrabii (A suivre)
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