Les tentatives de franchissement des barrières qui séparent le Maroc du préside occupé de Mellilia se poursuivent et se ressemblent. Pas plus tard que samedi dernier, des centaines de migrants irréguliers ont tenté de forcer le passage en passant par-dessus la grille métallique. Certaines sources parlent de 500 migrants subsahariens, d’autres évoquent près de 700 voire plus de 1.000.
Selon le porte-parole de la délégation du gouvernement espagnol à Mellilia, il s’agit d’un « groupe de quelque 500 personnes qui ont tenté de forcer le passage avant d’être rejointes, deux heures plus tard, par un autre groupe d’environ 200 migrants qui a été intercepté par la police marocaine. Des propos que nous a confirmés Adil Akid, responsable local de l’AMDH à Nador en expliquant qu’il y a eu une première tentative vers 14h30 du côté de la localité de Ferghana et une autre vers 16H00 du côté de Béni Ansar. Des tentatives qui se sont soldées par un échec puisque les forces marocaines et espagnoles sont parvenues à contenir les migrants et empêcher toute entrée dans le préside occupé. « Certains ont réussi à franchir la barrière mais ils ont été rapidement interceptés et remis aux forces marocaines», nous a-t-il précisé avant d’ajouter : « Cette journée a enregistré également la blessure de six migrants subsahariens, ainsi que la mort d’un élément des Forces Armées Royales et la blessure de 12 autres suite au renversement des camions les transportant vers Mellilia pour assister les forces de l’ordre déjà présentes sur place ».
Une nouvelle tentative qui va provoquer certainement d’autres tant que les deux présides occupés demeurent des portes d’entrées terrestres vers l’Europe. D’après un récent rapport de l'agence Frontex, chargée du contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne, près des deux tiers des opérations de détection du passage illégal des frontières ont été signalées à Sebta et Mellilia. En détail, l’année 2013 a enregistré 6.838 détections de passage illégal, soit une augmentation de 441 cas par rapport à 2012 qui en a enregistré 6.397. L'analyse de la nationalité de ces migrants reste problématique puisque la plupart d’entre eux refusent de révéler leurs vraies nationalités même si la plupart des personnes interceptées sont supposées être subsahariens.
Des chiffres qui contrastent avec ceux avancés par Madrid qui a révélé que plus de 7.472 migrants sont entrés en Espagne en 2013 et que le nombre de clandestins parvenus à entrer à Sebta et Mellilia a augmenté de près de 50% à cause notamment de la réduction de 15% des arrivées par les côtes (Canaries, Baléares, Détroit de Gibraltar). Un état de fait qui en dit long sur les enjeux politiques, économiques et sociaux de la question de la migration surtout qu’on est à la veille de la tenue des élections européennes. L’Espagne se mobilise donc en gonflant les chiffres pour imposer son point de vue lors du prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement prévu les 26 et 27 juin. Une réunion où il sera question de demander une plus grande solidarité des Etats du Nord de l'Europe avec ceux qui accueillent les migrants.