Nasser Bourita : Le Maroc a toujours affirmé que les interférences extérieures compliquaient la crise libyenne

Reprise du dialogue politique inter-libyen début novembre en Tunisie


Libé
Lundi 12 Octobre 2020

L' ONU a annoncé la reprise début novembre en Tunisie du dialogue politique interlibyen pour un règlement de la crise en Libye en proie aux violences et au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. L'émissaire par intérim de l'ONU en Libye Stephanie Williams a annoncé "la reprise des pourparlers inter-libyens inclusifs (...) avec une réunion début novembre en Tunisie", selon la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul). Cette réunion en "face à face" en Tunisie, fera suite à plusieurs "consultations virtuelles", précise la Manul dans un communiqué. La Libye dispose actuellement de deux autorités: le Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l'Est. Interrompu à maintes reprises depuis les accords de Skhirat en décembre 2015, le processus politique libyen a été mis à mal par l'offensive militaire du maréchal Haftar lancée contre Tripoli en avril 2019. Mais après la défaite des pro-Haftar en juin 2020, les deux camps rivaux, encouragés par l'ONU, sont retournés en septembre à la table des négociations avec des réunions thématiques: institutionnelle au Maroc, militaire en Egypte et politique en Suisse. Le "Forum du dialogue politique libyen" (FDPL) est l'aboutissement des différentes médiations menées par l'ONU et des pays de la région pour trouver une solution politique et durable à la crise en Libye. L'objectif du FDPL sera de consacrer les "progrès et les visions consensuelles" émergeant des récentes consultations inter-libyennes en Suisse, au Maroc et en Egypte. Ce dialogue politique vise notamment à "dégager un consensus sur un cadre de gouvernance unifié et des arrangements qui conduiront à l'organisation d'élections", a précisé le communiqué. En outre, la Manul a "exigé que les participants au FDPL se récusent de toute fonction politique" dès la formation d'un nouvel exécutif, les appelant à se réunir de "bonne foi" et de "s'abstenir de tout discours de haine et d'incitation à la violence". Dans une interview au journal italien La Repubblica, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a affirmé que le Maroc a toujours soutenu que les interférences extérieures compliquaient les efforts pour l'aboutissement à une solution à la crise libyenne. "La solution à la crise libyenne aurait déjà pu être trouvée, mais l'ingérence extérieure a tout compliqué, car malheureusement la Libye est aujourd'hui devenue un enjeu diplomatique pour d'autres pays", a-t-il souligné. Sur le dossier libyen, le Maroc, a-t-il poursuivi, a joué un rôle important sur la voie du règlement de la crise depuis les accords de Skhirat. "A Bouznika, nous nous sommes concentrés sur l'unification des institutions libyennes. Nous avons également dit aux Libyens de ne pas gaspiller leur énergie à trouver des médiateurs ou d'autres personnalités, mais de s'atteler sur des solutions aux problèmes", a-t-il relevé. Dans ce même entretien, le ministre est revenu sur sa récente visite au Mali, sur Hautes instructions Royales, soulignant que «le Mali est à un moment crucial de son histoire et a besoin du soutien de la communauté internationale". "J'ai rencontré les autorités de transition pour apporter un message clair de SM le Roi Mohammed VI: encourager le pays vers une transition pacifique qui lui permettra de sortir de la crise dans laquelle il se trouve depuis des années", a-t-il dit. Il a rappelé dans ce sens que le Maroc a formé des centaines d'imams maliens à un islam tolérant et modéré, précisant que le Mali a subi de terribles pressions terroristes ces dernières années. Le ministre a évoqué à ce propos "un terrorisme qui est en train de changer" en Afrique, soulignant qu'il est important que la communauté internationale "prenne conscience de ce qui se passe sur le continent africain aujourd'hui avant qu'il ne soit trop tard". "En 2012, il y avait 656 attentats terroristes en Afrique. Aujourd'hui il y en a 4000, donc ils se sont multipliés. Il y a quelques années, les victimes des attentats en Afrique étaient moins de 300, aujourd’hui on a dépassé les 1000 et les victimes civiles sont très nombreuses", a-t-il fait observer. "Il y a quelques années, il y avait un seul mouvement terroriste qui était Al Qaïda, aujourd’hui il y en au moins 7", a-t-il enchaîné, faisant remarquer que ces mouvements sont présents dans plusieurs pays. S'agissant de la situation au Moyen-Orient, Nasser Bourita a réitéré la position du Maroc pour une paix durable au Moyen-Orient basée sur la notion de deux Etats. Il a indiqué que SM le Roi Mohammed VI en tant que Président du Comité Al Qods a toujours soutenu que la Ville sainte doit rester un lieu ouvert aux trois religions. Pour ce qui est de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus en Afrique, le ministre a relevé que "de nombreux pays africains ont pris des mesures importantes" dans ce sens, relevant toutefois que "si le volet sanitaire est plus ou moins sous contrôle, la situation socioéconomique l'est beaucoup moins et cela pèsera sur le continent". Il a indiqué à cet égard que "la gestion internationale du Covid-19 doit éviter de tomber dans l'égoïsme". Concernant la question de l'immigration, il a fait observer qu'il s'agit d'un phénomène naturel qui ne devrait pas représenter un danger. "Avec les partenaires européens, nous devrions commencer à parler de responsabilité partagée. Nous avons dit à l'Europe que la politique migratoire telle qu'elle est aujourd'hui est une politique contre l'histoire de la Méditerranée, qui n'a jamais été une forteresse, mais un lieu d'échange entre les peuples", a-t-il ajouté. En ce qui concerne les relations avec l'Italie, il a indiqué que les deux pays sont déterminés à oeuvrer pour que le Partenariat stratégique signé entre eux l'année dernière "ne soit pas seulement un titre, mais qu'il devienne une réalité". 


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