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Morts sous X

Sujets à toutes les formes de violence aux frontières, bien de migrants périssent dans l’indifférence générale


Hassan Bentaleb
Lundi 16 Avril 2018

Morts sous X
Guerre aux frontières ! C’est ainsi que l’activiste espagnole Helena Maleno a qualifié la situation des migrants aux frontières marocaines et espagnoles. D’après elle, les contrôles de ces zones les ont transformées en lieux  de non-droit où un racisme institutionnel a été instauré voire un nouveau système colonial où les migrants sont présentés comme des criminels et des parias à combattre. 
Intervenant lors d’une conférence-débat sur « les actions des ONG et communautés subsahariennes dans l'accompagnement  des migrants au niveau des frontières marocaines et espagnoles » organisée samedi dernier par l'Association pour le développement et la sensibilisation des Guinéens migrants au Maroc (ADESGUIM), l’activiste a indiqué que l’Espagne et le Maroc ne respectent pas leurs engagements en matière de sauvetage des migrants en mer. Elle a  de même accusé le ministère espagnol de l’Intérieur d’entraver le travail effectué par les sauveteurs maritimes. Du côté marocain, l’intervenante a indiqué que la Marine Royale prend beaucoup de temps avant de déployer ses efforts. Une aberration, d’après elle, puisque ce  principe de sauvetage est rappelé dans les conventions internationales et la législation des deux pays. Des conventions internationales qui stipulent que les Etats ont la responsabilité de la mise en place, à terre, de services de coordination pour l’exécution des opérations de recherche et de sauvetage. Ceci d’autant plus que le nombre de personnes décédées en mer Méditerranée est en augmentation. Selon des chiffres de l’OIM, 179 migrants ont trouvé la mort entre 1er janvier et 11 avril dernier  dont 130 entre le 1er et 11 avril dernier.  La même période de l’année dernière a enregistré uniquement 51 décès. Les mêmes statistiques ont révélé également que le nombre de décès a atteint 557 jusqu’au 11 avril courant dans toute la Méditerranée contre 810 l’année dernière.  «Aujourd’hui, je suis poursuivie en justice par l’Espagne pour avoir sauvé des vies en mer. Notre association est accusée d’avoir sauvé 10.000 migrants. Une aide qualifiée par les autorités espagnoles de trafic des êtres humains et je risque la prison à perpétué », a-t-elle précisé.   
Helena Maleno a indiqué, en outre, que les migrants vivent une situation contradictoire entre les villes intérieures du pays et celles qui sont frontalières. Selon elle, la population migrante résidant ou en transit dans les zones frontalières fait objet de toutes les formes de violences qui n’épargnent ni  hommes, ni femmes, ni enfants. La conférencière a pointé du doigt les ratissages dans les forêts, les arrestations arbitraires, le refoulement à l’intérieur du pays, le dépouillement des migrants de leurs biens. Elle a également considéré le fait de priver les enfants de scolarisation dans les forêts ou de priver leurs mères de bénéficier  de certificats attestant de l’accouchement ou de séparer les membres d’une même famille comme des formes de violence qui ne disent pas leur nom et qui font partie de la guerre des frontières.   
Pour sa part, Sampou Ibrahima Kabassan, président d’ADESGUIM a affirmé que Tanger et Nador sont devenues des villes à part où la liberté de circulation est restreinte et où l’on enregistre le plus grand nombre de décès de migrants suite aux  naufrages de leurs bateaux de fortune ou suite à des maladies graves ou à cause des homicides commis dans des circonstances souvent non identifiées. 
Evoquant les actions des ONG dans l'accompagnement  des migrants au niveau de ces frontières, le président de l’ADESGUIM a mis en lumière le travail d’identification des victimes et de leurs familles ainsi que le contact des ambassades pour se faire délivrer des autorisations d’inhumation ou de rapatriement des corps. « Cette tâche s’avère  difficile à mener vu le temps et les efforts à déployer. Notamment dans le cas des décès non naturels. Il faut passer par les gendarmes, les Cours d’appel, la commune. Parfois, il faut plus de  11 jours d’allers-retours entre les différentes administrations pour avoir l’autorisation finale d’inhumation des dépouilles », a-t-il expliqué. Une situation qui n’a rien à voir avec celle en Espagne où l’enterrement de ces migrants se fait dans des fosses communes et dans l’anonymat le plus total. Un rapport espagnol cité par la station radio RFI avait indiqué  que depuis août 2017 et compte tenu du dernier boom des arrivées, il n'y a plus de place pour les migrants  dans les cimetières et ils sont anonymement enterrés dans des fosses communes. 



 


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