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Mondial 2026 : Ô rage ! Ô désespoir

Gianni Infantino : Il serait injuste que la FIFA impose de lourdes charges sur un seul pays, si un événement peut être organisé dans plusieurs

Jeudi 4 Janvier 2018

Mondial 2026 : Ô rage ! Ô désespoir
Nos joues sont tuméfiées à force de se pincer pour y croire. A l’occasion d’une conférence internationale organisée à Dubaï, le Président de la Fifa, Gianni Infantino, a tout à la fois jugulé tout suspens et anéanti les velléités marocaines, en avouant avec la froideur d’un bistouri, sa préférence quant aux pays hôtes de la Coupe du monde 2026. Hôtes au pluriel, car c’est par le prisme des candidatures conjointes que le dirigeant italo-suisse a orienté, sans la retenue que lui intime sa position, l’issue d’un vote qui n’est initialement prévu qu’en juin prochain. «Les candidatures conjointes» a-t-il expliqué «sont une bonne chose, et le fait que le Canada, les Etats-Unis et le Mexique s’unissent dans un projet commun est un message positif ». S’il a par la suite tenté de maquiller ses intentions en arguant qu’il serait injuste « d’imposer de lourdes charges sur un seul pays si un événement peut être organisé dans plusieurs », le mal était déjà fait.
Ce véritable coup de massue, démolit de manière aussi injuste qu’inattendue l’espoir de toute une nation. Espoir forcément lié aux attentes générées par le grandiose plaisir oculaire associé aux Coupes du monde, et surtout, dans le cas du Maroc, à la capacité du football à bâtir. Une FIFA World Cup peut être un accélérateur très important. Elle permet de développer les infrastructures du pays. Les villes concernées accélèrent la réalisation des équipements pour répondre aux besoins de l’événement et gagnent conséquemment entre 10 et 15 ans d’évolution. Egalement, des zones «dégradées» peuvent se transformer en nouveau pôle urbain, comme cela a été le cas autour du Stade de France. Justement, depuis la Coupe du monde 1998, l’activité touristique est elle aussi fortement impactée, parce que les nations ne sont plus cantonnées à un stade unique. Joueurs, staffs, et supporters voyagent d’une enceinte à l’autre, et traversent donc en long et en large le pays hôte. Pour l’analogie continentale, l’Afrique du Sud, organisatrice du Mondial 2010, a vu la croissance économique de son secteur touristique monter en flèche, au même titre que tous les domaines qui lui sont liés.
D’un autre côté, c’est un peu de notre faute si nous nous sommes bercés d’illusions. Raisonnablement. Sommes-nous vraiment capables d’organiser une Coupe du monde ? D’une part, une Coupe du monde chez soi, c’est l’obligation d’avoir une douzaine de stades fonctionnels. Le Royaume est loin du compte puisque le dossier de candidature marocain fait état de 9 stades, dont 3 en chantier. Le compte y est encore moins, quand on pense que l’édition 2026 accueillera 48 nations contre 32 actuellement. Evidemment, ledit dossier ne doit probablement pas notifier l’exécrable qualité des pelouses. Autre interrogation, la sécurité et la gestion des supporters. Difficile d’envisager une gestion idoine de plusieurs milliers de supporters, venus des 4 coins du monde et parlant plus d’une langue, alors que les responsables du football marocain ont du mal à gérer les ultras locaux. Et que faire si les affrontements entre hooligans russes et anglais, comme lors de l’Euro 2016, récidivent? Sommes-nous réellement capables de gérer une telle situation, alors que les forces de l’ordre françaises, pourtant rompues aux compétitions d’envergure internationale, furent débordées ?    
A force d'être déçu on s'habitue, et après les échecs cuisants de 1994, 1998, 2006 et 2010, on ne va sûrement pas sortir les mouchoirs pour ce 5ème revers annoncé avant l’heure, d’autant plus que les principaux risques de déficit, endettement des villes, coûts de fonctionnement des équipements trop élevés, ont mis dans le rouge plus d’une nation. Mais encore, doté d’un budget estimé à 3,28 milliards de dollars, alloué notamment à la construction de stades, l’Etat sud-africain s’est trouvé confronté à des problèmes de rentabilité et d’entretien de ces mêmes enceintes sportives. En cause, des prévisions trop optimistes, qui ont fini par tronquer l’amortissement des investissements consentis. Somme toute, il vaut mieux être déçu que d'espérer dans le vague. Le Maroc n’est tout simplement pas encore prêt à accueillir une Coupe du monde, encore moins en cavalier seul.

 

Chady Chaabi

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