Méditation : Comment et pour quoi faire ?


Libé
Mardi 16 Juillet 2019

Pratique ancestrale remise au goût du jour, la méditation est une attitude mentale permettant de se retirer en soi, de sortir de la course du monde quelques minutes pour vivre pleinement l’instant présent. Sans passer par l’action, mais à l’inverse par « ne plus faire » — la simple contemplation — elle vise à observer « l’ici et maintenant » pour s’offrir une pause dans nos vies agitées. «Méditer, c’est arrêter de remuer : une déconnexion de nos programmes mentaux, et une évasion de l’esprit hors du mode “pilotage automatique” de notre cerveau », explique le Docteur Christophe André, psychiatre et auteur d’ouvrages sur le sujet (encadré). Une posture « assis sur le rebord du monde » aux vraies vertus sur le corps et l’esprit. Des bienfaits santé validés La méditation a, depuis quelques années, acquis un statut de thérapie auprès de la communauté médicale, avec des bienfaits établis scientifiquement. À tel point que beaucoup d’écoles américaines de médecine l’ont intégrée dans leurs programmes ! Plusieurs travaux de recherche ont prouvé son effet positif sur l’hypertension artérielle, les douleurs chroniques, maladies infectieuses, cardiovasculaires et autoimmunes. D’ailleurs, chez les personnes qui méditent, nombre de consultations médicales chutent quasiment de moitié : - 44 %. Mentalement, les neurosciences et l’imagerie médicale ont montré que la méditation régulière induit une réorganisation de l’activité de circuits cérébraux et le développement de nouvelles connexions neuronales dans certaines zones du cerveau, notamment impliquées dans l’attention et les émotions, avec des répercussions sur l’humeur. Ainsi, la méditation aide à chasser les idées noires : chez les dépressifs, elle est validée comme outil de prévention des rechutes, et une étude publiée par des chercheurs d’Oxford en 2016 a établi qu’elle serait au moins aussi efficace que les antidépresseurs. Elle aide à réduire l’anxiété et le stress, moins ruminer, éviter les pensées négatives et relativiser ses difficultés. Outil psychologique, elle est proposée dans certains hôpitaux, en service de psychiatrie mais aussi pour certaines pathologies chroniques, aidant le patient à mieux gérer ses douleurs, le stress et les angoisses induits par la maladie… Une pratique pour ouvrir l’esprit Plus loin encore, la méditation est devenue une aide au développement personnel. Parce qu’elle calme, apaise et équilibre les émotions, réduit les sautes d’humeur ou colères dévastatrices, elle permet de gagner en sérénité et d’améliorer l’humeur. Des changements profitables à soi mais aussi aux autres, car elle aide à accepter ce qu’on ne peut changer — les choses comme les gens — ce qui réduit l’insatisfaction, les conflits et la violence. Véritable porte d’accès au calme intérieur, la méditation permet aussi de développer la compassion et le sens des responsabilités, à être plus au clair dans ses choix et actes en ayant mieux conscience du lien qui nous unit aux autres et au monde (tout en restant, le plus souvent, déconnectée de toute croyance et pratique spirituelles ou religieuses). Un changement de regard… La méditation serait-elle alors une voie vers un monde meilleur, plus doux et bienveillant ? Sans doute, et en cela, elle mérite d’être véritablement développée. D’ailleurs, quand elle est enseignée aux enfants scolarisés (elle est accessible dès 5 ans), elle les aide à se centrer, réguler leurs émotions, améliorer leurs capacités d’attention, mais aussi à surmonter leurs angoisses, peurs et douleurs, et même à améliorer la qualité des échanges familiaux… Pour le Docteur André, son effet va même bien plus loin : « La méditation les aide à véritablement acquérir « plus d’humanité ». À ne pas devenir seulement des travailleurs et des consommateurs, mais à cultiver très tôt leur capacité de présence au monde, et leur conscience de sa beauté et de sa fragilité ». S’il ne faut théoriquement rien attendre de la méditation, on y gagne forcément, en développant non seulement du recul et du calme, mais aussi des facettes de soi qui ne demandent qu’à être cultivées, pour nous aider à mieux affronter les difficultés et mieux apprécier les plaisirs de la vie… Initiation douce Il n’est pas facile de s’asseoir et de décider de « faire le vide dans sa tête » : souvent, ça ne fonctionne pas ou du moins, pas aussi aisément qu’on l’aurait envisagé. Pensées et émotions surgissent, s’agitent, nous parasitent… Normal, car notre mental est rebelle et il faut, sinon le dompter, du moins l’apprivoiser. Cela se fait séance après séance. C’est un entraînement qui exige pratique et régularité : difficile au début, et de plus en plus simple au fil du temps, comme des exercices d’abdominaux ! Voici trois conseils : 1.Les premières séances sont souvent difficiles : ne les prolongez donc pas plus de 5 ou 10 minutes. 2.Quel que soit le résultat de cette séquence, ne vous jugez pas, ne vous dites pas que vous n’y arrivez pas, mais persévérez. Cela deviendra plusfacile, plus naturel, plus habituel, et vous progresserez. 3.Vous pouvez également, surtout pour débuter, utiliser des applications ou CD de méditation guidée, très utiles puisqu’ils sont des « fils conducteurs » En pratique pas à pas Asseyez-vous confortablement dans un endroit calme où vous ne serez pas dérangé et fermez les yeux. Puis laissez-vous flotter en vous centrant sur vos sensations corporelles, en essayant de ne penser à rien de précis. Si fermer les yeux vous est difficile, gardez-les ouverts, et centrez votre regard et votre attention sur un objet placé devant vous (image, bougie, fleur dans un vase, statuette). Quand les pensées viennent vous distraire, laissez-les surgir, mais ne les « entretenez pas» dans un discours mental. Au contraire, laissezles filer, comme si elles vous traversaient puis disparaissaient — vous pouvez imaginer les poser sur un nuage dans le ciel, sur une feuille qui repose sur une rivière qui coule. Même chose avec les bruits qui vous environnent : les entendre est normal, mais il ne faut pas analyser ni réagir à ces stimulations extérieures : à l’inverse, il faut juste les observer et s’en détacher. Centrez votre attention sur votre souffle : écoutez-le, ressentez-le distinctement, précisément, rendez-le fluide, doux, lent, naturel…


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