Manuel Valls, un “combattant” à l'assaut de la mairie de Barcelone


Mercredi 26 Septembre 2018

Manuel Valls, un “combattant” à l'assaut de la mairie de Barcelone
Tout citoyen de l'UE peut se présenter à des élections locales dans un autre pays que le sien au sein de l'Union depuis le traité de Maastricht  

L'ancien Premier ministre français Manuel Valls, qui devait annoncer mardi sa candidature à la mairie de Barcelone, est un "combattant" et un passionné de politique, prêt à tenter à 56 ans l'aventure risquée d'une "nouvelle vie" en Espagne après avoir lourdement chuté en France.
Né dans la capitale catalane le 13 août 1962, ce fan du Barça a grandi à Paris et a été naturalisé français à vingt ans, perdant sa nationalité espagnole. Sa victoire aux municipales de mai 2019 n'a pour l'heure rien d'une évidence.
Tout citoyen de l'UE peut se présenter à des élections locales dans un autre pays que le sien au sein de l'Union depuis le traité de Maastricht.
Ses amis saluent le panache d'une reconversion jamais vue. "C'est un choix de combattant. Manuel Valls prend son risque", commente l'ancien conseiller élyséen Aquilino Morelle, décrivant un "homme très courageux, très volontaire, très déterminé, très entier" et qui "vit par la politique".
Ses opposants dénoncent une ultime trahison, celle des électeurs de l'Essonne, un département de la région parisienne, qui l'ont élu d'un cheveu député en juin 2017, au moment où son avenir politique semble bouché en France.
"Voilà plus de quatorze mois que nous ne sommes plus représentés. A l'Assemblée, il est aux abonnés absents (...) Son slogan c'était +proche de vous+ mais Barcelone, c'est loin d'Évry!", la préfecture de l'Essonne, tempête son adversaire du parti la France Insoumise (gauche radicale) aux législatives, Farida Amrani.
Manuel Valls n'en a cure. "Vous direz ce que vous voudrez. Une seule chose compte pour moi, la manière dont je serai perçu à Barcelone", a-t-il confié à L'Express début septembre.
Lancé tout jeune en politique auprès du socialiste Michel Rocard, qui fut Premier ministre du président François Mitterrand, l'ancien maire d'Evry (2001-2012) a fait d'une forme de transgression sa signature à gauche.
En 2007, il voulait changer le nom du Parti socialiste. Chef du gouvernement de 2014 à 2016 après avoir été ministre de l'Intérieur, il fustige la "gauche passéiste", lance un "j'aime l'entreprise" devant le patronat ou approuve l'interdiction du "burkini" par des maires de droite.
"Il est à la fois réformiste voire social-libéral sur le plan économique (...) et républicain, attaché à la laïcité et une expression rigoureuse du pouvoir régalien", résume le politologue Laurent Bouvet.
Son regard dur, ses réparties sèches, sa moue fréquente lui confèrent l'image d'un homme autoritaire. En période d'attentats, son autorité et sa stature rassurent aussi.
Défenseur de la déchéance de nationalité et de la loi Travail, très contestée dans la rue, théoricien des "gauches irréconciliables" et d'un rapprochement des "progressistes" de gauche et de droite, Manuel Valls laisse un souvenir amer au Parti socialiste.
"Avoir confié la responsabilité du gouvernement à Manuel Valls c'était une grave erreur (...) Ce garçon n'a pas de corpus idéologique, ou très peu", l'a fusillé la semaine dernière sur RMC l'ancien ministre socialiste du Travail François Rebsamen.
Candidat malheureux à la primaire PS de 2017, M. Valls a fait le choix de ne pas parrainer le vainqueur Benoît Hamon et d'apporter son soutien à Emmanuel Macron, ce qui lui a aliéné une grande partie de ses soutiens.
"Valls n'a plus d'amis. Il a tellement déçu et trahi tout le monde, il n'a même pas aidé ses fidèles à trouver un job...", confie une ancienne proche.
A l'Assemblée, M. Valls siégeait depuis juin 2017 comme député apparenté dans les rangs de La République en marche, le parti présidentiel, ne dissimulant pas son envie de "gouverner" à nouveau un jour. Mais sa défense parfois virulente d'une laïcité de combat était en décalage avec la vision du président de la République, qui s'est inquiété en décembre d'une "radicalisation de la laïcité".
Fils du peintre catalan Xavier Valls et d'une mère suisse italienne, Manuel Valls confiait en 2015 au Parisien avoir jusqu'à 16 ans vécu "pleinement cette triple culture espagnole -et catalane-, italienne et française", parlant catalan chez ses parents. Il avait aussi fait de son "amour de la France" et de son patriotisme une marque de fabrique.
Père de quatre enfants, nés d'un premier mariage, il s'est remarié en 2010 avec la violoniste Anne Gravoin, dont il s'est séparé en avril.
La presse espagnole s'est fait l'écho ces dernières semaines d'une relation amoureuse présumée entre l'ancien Premier ministre et Susana Gallardo, riche héritière d'un laboratoire pharmaceutique, et comme lui anti-indépendantiste convaincue.


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