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Les vacances ne chassent pas le spectre de la violence


Mourad Tabet
Mercredi 3 Juillet 2019

Une étude, réalisée par la Solidarité universitaire marocaine, a tiré la sonnette d’alarme à propos de la montée de la violence à l’égard du corps enseignant dans le milieu scolaire.
Réalisée sur un échantillon de 9038 participants du corps enseignant à travers le pays, cette enquête de terrain a conclu que 46% des participants à cette étude, ont subi au moins une violence (verbale, physique ou harcèlement) au cours de leur carrière.
Ladite étude, coordonnée par Rachid Chakiri et Said Hamidi, a également relevé une corrélation entre le nombre d’élèves en classe et les cas de violence. En effet, plus le nombre d’élèves en classe est élevé, plus les cas de violence vécue par les enseignants sont élevés, passant de 24,4 % pour les classes de 6 à 30 étudiants à 57,10% pour les classes surpeuplées (45 apprenants ou plus).
62,8 % des enquêtés qui travaillent dans des écoles disposant de salles pour des activités parascolaires, n'ont pas été soumis à la violence verbale, tandis que 49,3% d'entre eux l’ont subie faute d’activités dans leurs écoles.
L’enquête a également souligné que 92,5 % des personnes interrogées ont déclaré ne pas avoir été victimes de violence physique dans l'exercice de leur fonction, tandis que 7,5% ont déclaré avoir été victimes de violence physique dans leur école ou dans le voisinage au moins une fois au cours de leur carrière. En plus, 78 % des cas de violence physique ont été enregistré dans les établissements d’enseignement et 17,5% d’entre eux sont dans le voisinage.
Selon l’étude, les auteurs de violence physique à l'école primaire sont principalement les parents d’élèves, tandis que les élèves du secondaire sont les plus susceptibles de commettre une telle violence.
Par ailleurs, 13,3% des participants ont déclaré avoir été harcelés au moins une fois au cours de leur carrière (891 cas de harcèlement). Cette étude a montré que les cas de harcèlement augmentent au fur et mesure du surpeuplement des classes. Ainsi, 9,6 % des cas de harcèlement ont été enregistrés dans les classes dont le nombre d’élèves se situe entre 6 et 30. Et ce pourcentage atteint 17,9 % dans les classes dont le nombre d’élèves dépasse 45.
En outre, 13% des enquêtés déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel au moins une fois au cours de leur carrière. Les enseignants sont les plus exposés au harcèlement (14,1 %) que les autres catégories du corps enseignant (directeurs 6,2 % et surveillants généraux 4,5 %).
Quant au genre, l’étude a souligné que les enseignantes représentent 16% des victimes de harcèlement sexuel, contre 12,4% pour les enseignants. Ce harcèlement augmente en fonction de nombre d’élèves dans les classes (7,4% de cas de harcèlement pour les classes comprenant 6 à 30 élèves et de 35% pour des classes avec 40 élèves ou plus).
S’agissant du harcèlement électronique, l’enquête a révélé que ce sont les élèves qui sont les auteurs de ce type de harcèlement avec 49%, suivis par les personnes étrangères à l'établissement scolaire avec 41,5 %, tandis que les parents ne représentent que 9,7 %.
Dans cette étude, la Solidarité universitaire marocaine ne s’est pas contentée de dresser un constat de la violence faite dans le milieu scolaire à l’égard du corps enseignant, elle a également recommandé plusieurs propositions visant y faire face. Ainsi, 59 % des enquêtés ont mis l’accent sur des propositions à caractère pédagogique telles que le développement des activités parascolaires au sein des établissements scolaires, l’encouragement de la communication interne et externe, et la révision des contenus des manuels scolaires pour répondre aux besoins des étudiants. Le tiers des propositions a souligné la nécessité de protéger le corps enseignant et défendre sa dignité, alors que 8 % seulement ont préféré doter les établissements scolaires de ressources humaines et financières suffisantes pour faire face à la violence.
L'étude a également recommandé, entre autres, l’élaboration de lois pour protéger le corps enseignant de la violence, la création de postes de psychologues et d’assistants sociaux au sein les établissements scolaires, la réduction du nombre d'élèves dans les classes, ainsi que la réhabilitation des associations des parents d’élèves pour qu’elles soient un partenaire efficace dans la lutte contre la violence en milieu scolaire.
  Il y a lieu de souligner que cette étude était au centre d’une conférence de presse organisée vendredi dernier au siège de la Solidarité universitaire marocaine à Casablanca et modérée par Ibrahim Baamrani, membre du comité scientifique. Ce dernier a souligné l’importance de ce genre d’étude dont l’objectif est de comprendre la nature de la violence à l’égard du corps enseignant, affirmant que cette problématique est une cause sociétale qui ne concerne pas seulement les enseignants, mais aussi les partis politiques, les syndicats, la société civile et le gouvernement.
Par ailleurs, le président de cette organisation fondée en 1934, Abdeljalil Bahadou a souligné que cette étude de terrain est une contribution de la Solidarité universitaire marocaine pour défendre « la noblesse de la profession » et « la dignité du corps enseignant ».
Chiffres à l’appui, il a mis à l’index la montée de la violence en milieu scolaire de façon alarmante, et ce d’année en année. Ainsi, la Solidarité universitaire marocaine a traité en 1960 7 cas de violence (le nombre des adhérents était 12.000). Ce chiffre est passé à 18 dossiers chaque année entre 1961 et 1981 (le nombre d’adhérents entre 30.000 et 65.000), à 150 dossiers entre 1990 et 2005 (le nombre d’adhérents entre 90.000 et 114.000) et à 160 dossiers entre 2005 et 2016 (le nombre d’adhérents est passé à 70.000).


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