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4,9% de la main-d’œuvre des pays de destination
Intitulé : «Estimations mondiales de l’OIT concernant les travailleuses et les travailleurs migrants: Résultats et méthodologie», le nouveau rapport indique que leur nombre a été estimé à 169 millions en 2019, soit une hausse de 5 millions de travailleurs migrants (3%) par rapport à l’estimation de 2017 qui était de 164 millions, et une hausse de 19 millions (12,7%) par rapport aux 150 millions de travailleurs migrants estimés en 2013.
Alors qu’à l’échelle mondiale, les travailleurs migrants constituent 4,9% de la main-d’œuvre des pays de destination, ce chiffre atteint son plus haut niveau, soit 41,4%, dans les pays arabes. Le taux d’activité des migrants, qui s’élève à 69%, est plus élevé que celui des non-migrants qui est de 60,4%.
Les femmes représentent 41,5% des travailleurs migrants et les hommes 58,5%. La proportion moindre de travailleuses migrantes peut s’expliquer par la faiblesse de la présence des femmes parmi les migrants internationaux (47,9%) d’une part, et leur taux d’activité relativement plus bas par rapport à celui des hommes (59,8% contre 77,5%) d’autre part. « Les femmes sont confrontées à davantage d’obstacles, économiques et non économiques, en tant que travailleuses migrantes et il est plus probable qu’elles émigrent dans le cadre de regroupement familial, pour des raisons autres que professionnelles. Elles peuvent subir des discriminations fondées sur le sexe sur le marché du travail et manquer de réseaux sociaux, ce qui rend difficile la conciliation du travail et de la vie familiale dans un pays étranger. Ce sont là des facteurs susceptibles de réduire la représentation des femmes parmi les travailleurs migrants», explique le rapport.
Les adultes dans la force de l’âge (de 25 à 64 ans) constituent 86,5% des travailleurs migrants. Les proportions des jeunes âgés de 15 à 24 ans et des travailleurs âgés (de 65 ans et plus parmi les travailleurs migrants sont plus faibles et s’élèvent respectivement à 10% et 3,6%. A noter que les jeunes constituent 12,9% de la population immigrée en âge de travailler, les adultes dans la force de l’âge 74,7% et les travailleurs âgés 12,4%. La part des jeunes parmi les travailleurs migrants internationaux a augmenté au fil du temps, passant de 8,3% en 2017 à 10% en 2019. A l’inverse, la part des travailleurs âgés (de 65 ans et plus) s’est réduite de 5,2% à 3,6% au cours de la même période, laissant la part des adultes dans la force de l’âge inchangée. «La forte représentation des adultes dans la force de l’âge peut s’expliquer par une meilleure capacité de cette catégorie d’âge à émigrer vers un pays étranger (en termes de moyens financiers et de réseaux sociaux) et par leurs gains potentiels plus élevés que ceux des jeunes migrants moins expérimentés, ou des migrants plus âgés auxquels il reste moins d’années économiquement actives », indique le rapport. Et de préciser : « L’essor de la migration des jeunes est vraisemblablement le fruit de taux de chômage élevés dans de nombreux pays en développement et du phénomène de «l’explosion démographique des jeunes»».
Le secteur des services, premier employeur des travailleurs migrants
Les chiffres par secteur montrent que 66,2% des travailleurs migrants sont employés dans les services, 26,7% dans l’industrie et 7,1% dans l’agriculture. Toutefois, il existe des différences considérables entre les sexes selon les secteurs. Dans le cas des femmes, 79,9% travaillent dans les services, 14,2% dans l’industrie et 5,9% dans l’agriculture. Comparée à celle des femmes, la répartition des travailleurs migrants hommes entre l’industrie et les services est relativement plus équilibrée, avec 35,6% des hommes employés dans l’industrie et 56,4% dans les services. Les 7,9% de travailleurs migrants hommes restants sont employés dans l’agriculture. « La part plus importante des travailleuses migrantes dans les services peut, en partie, s’expliquer par la demande croissante de main-d’œuvre dans l’économie des services à la personne, y compris la santé et le travail domestique. Ces sous-secteurs ont une main-d’œuvre à prédominance féminine et dépendent fortement des travailleuses immigrées. Les travailleurs migrants hommes sont plus présents dans l’industrie, trouvant du travail dans les sous-secteurs de la fabrication et de la construction », constatent les rédacteurs dudit rapport.
Parmi les 169 millions de travailleurs migrants internationaux estimés, 113,9 millions (67,4 %) se trouvent dans les pays à revenu élevé et 33 millions (19,5%) dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, si bien que 86,9% des travailleurs migrants internationaux se trouvent dans l’un ou l’autre groupe de pays. Le reste se trouve dans les pays à revenu intermédiaire inférieur (9,5%) et à revenu faible (3,6%).
Forte présence dans les pays à revenu élevé
Les travailleurs migrants représentent une part importante de la main-d’œuvre des pays à revenu élevé: les migrants hommes constituent 18,7% de la main-d’œuvre masculine, tandis que les migrantes représentent 17,6% de la main-d’œuvre féminine. En revanche, dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, la part des travailleurs migrants ne dépasse pas 2,5%. « Le fait que la majorité des travailleurs migrants se trouve dans les pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire supérieur est une constante observée dans les précédentes éditions de ce rapport et peut s’expliquer, entre autres, par les plus grandes possibilités d’emploi dans ces pays. Cependant, il est intéressant de noter que la part des travailleurs migrants dans les pays à revenu élevé a reculé de 74,7% en 2013 à 67,4% en 2019, tandis que leur part dans les pays à revenu intermédiaire supérieur passait de 11,7% en 2013 à 19,5% en 2019. Cela est peut être dû à l’augmentation des possibilités d’emploi dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, à l’évolution démographique, ainsi qu’à des changements dans les politiques migratoires », explique le rapport.
Les 169 millions de travailleurs migrants se distribuent entre les grandes régions du monde de la manière suivante: 37,7% en Europe et Asie centrale; 35,6% dans les Amériques; 14,3% dans les États arabes; 14,2% en Asie et Pacifique; et seulement 8,1% en Afrique. En ce qui concerne l’origine des migrants internationaux, la région Asie et Pacifique se situe au premier rang (étant la région d’origine d’un tiers des migrants internationaux), suivie de la région Europe et Asie centrale, des Amériques, de l’Afrique et des Etats arabes.
Précarité et vulnérabilité, l’autre face de la migration du travail
En outre, l’OIT a indiqué que de nombreux travailleurs migrants occupent souvent des emplois temporaires, informels ou non protégés, ce qui les expose à un risque plus important d’insécurité, de licenciements et de conditions de travail dégradées. La crise de Covid-19 a intensifié leur caractère vulnérable, en particulier en ce qui concerne les travailleuses migrantes qui sont surreprésentées dans les métiers faiblement rémunérés et peu qualifiés, ont un accès limité à la protection sociale et ont moins la possibilité d’avoir recours à différentes formes de soutien. «La pandémie a mis en évidence le caractère précaire de leur situation. Les travailleurs migrants sont souvent les premiers à être licenciés. Ils rencontrent des difficultés pour avoir accès aux traitements et ils sont souvent exclus des mesures prises pour répondre à la Covid-19», souligne Manuela Tomei, directrice du Département de l’OIT des conditions de travail et de l’égalité.
Hassan Bentaleb