Les centrales syndicales sont pour le moin désabusées par la prestation du chef du gouvernement, mardi dernier, sous la Coupole lors de la séance mensuelle consacrée à la politique générale du gouvernement.
Pour Abderrahman El Azzouzi, secrétaire général de la FDT, le dialogue social est au point mort. Car en dépit des rounds de négociations organisés avant la Fête du travail, et en dépit des « mesures » prises par Benkirane à la veille de celle-ci, rien de concret n’a été réalisé.
Selon lui, l’intention du chef du gouvernement est de tergiverser et de gagner plus de temps. « Il a été décidé avant le 1er Mai de nous réunir avec l’Exécutif au cours de ce mois qui touche à sa fin mais le chef du gouvernement continue encore de manœuvrer pour gagner du temps ».
« Le dialogue avec Benkirane laisse à désirer », a ironisé, pour sa part, Abdelkader Zair, vice-secrétaire général de la Confédération démocratique du travail. « C’est un genre de dialogue dont nous n’avons jamais vu pareil auparavant », a-t-il martelé dans une déclaration à Libé. Selon lui, plusieurs raisons expliquent cet état de fait. Tout d’abord, le dialogue social actuel est un dialogue sui generis, car on y pérore beaucoup, mais il n’en résulte que peu d’engagements.
Il l’est aussi parce que « le chef du gouvernement annonce aujourd’hui une augmentation des salaires, et le jour d’après celle de la hausse des prix ». Abdelkader Zair fait ainsi allusion, de toute évidence, à la hausse des prix de l’eau, de l’électricité et de l’assainissement, décision intervenue quelques jours seulement après l’annonce unilatérale d’augmenter le SMIG.
Ce double langage a poussé le dirigeant syndicaliste à taxer le chef du gouvernement d’« irresponsable ».
Devant les députés de la Chambre des représentants, Abdelilah Benkirane a longuement évoqué les mesures prises par son équipe dans le domaine social. Mais les syndicalistes lui ont vite rétorqué que l’effet de ces mesures reste limité vu les augmentations successives des prix des produits de consommation. En plus, ils critiquent le gouvernement de n’avoir pas mis en œuvre les dispositions de l’Accord du 26 avril 2011 qui, elles, n’impacteront pourtant en rien le budget général de l’Etat.
A rappeler que les groupes de l’opposition ont, eux aussi, critiqué les mesures mises en œuvre par l’Exécutif qu’ils ont taxées de «démarche à portée limitée» et de «mesures prises de manière unilatérale».