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Les retrouvailles tant attendues entre les étudiants rapatriés de Chine et leurs familles

Le temps d’incubation du COVID-2019 pose toujours problème


Chady Chaabi
Lundi 24 Février 2020

C’est avec une joie et un soulagement non dissimulés que les familles des Marocains rapatriés de Wuhan en Chine, épicentre du Covid-2019, ont accueilli la sortie de leurs enfants de l'hôpital militaire Mohammed V de Rabat et celui de Sidi Said à Meknès, après qu’ils ont été admis pour une période de surveillance médicale qui a duré une vingtaine de jours, au bout de laquelle le ministère de la Santé a assuré qu’aucun cas lié au nouveau coronavirus n'a été enregistré.
L’épilogue heureux de cette opération de rapatriement n’arrive toutefois pas à masquer l’inquiétude grandissante de la communauté internationale face à la mondialisation de l’épidémie de pneumonie virale, et notamment une période d’incubation qui serait finalement plus longue que prévu. En effet, si l’on en croit les autorités locales, samedi dernier, un septuagénaire chinois du Hubei a contracté le coronarivus, apparu à la fin de l'année dernière dans cette province de Chine, mais n'en a développé les symptômes que 27 jours plus tard, soit bien au-delà de la période d’incubation qui a été annoncée par l’OMS, à savoir entre deux et dix jours, et plus précisément autour de cinq jours.
D'après le gouvernement provincial du Hubei, l'homme en question, âgé de 70 ans, a été en contact avec sa soeur, malade, le 24 janvier. Il a été pris de fièvre le 20 février et la présence du virus dans son organisme a été détectée le lendemain.
A la lumière de cet élément, des doutes sont-ils permis quant aux certificats attestant de la bonne santé des Marocains rapatriés de Wuhan ? Certainement pas. Mais le cas du septuagénaire chinois interroge et confirme que la période d’incubation pourrait être plus longue dans certains cas qui confinent à l’exception. Une incubation plus longue, durant laquelle un individu porteur du virus peut être contaminant sans en avoir conscience, pourrait compliquer les efforts engagés pour contenir la propagation de l'épidémie.
Une autre question divise les chercheurs : Peut-on être contagieux sans symptômes ? Certains estiment que c’est possible. D’après eux, il y a eu quelques cas décrits qui le montrent. Maintenant, le tout est de savoir si c'est de l’ordre de 5%, 10%, et si c'est quelque chose de plus fréquent qu'on ne l'imaginait. « Les réponses à ces questions seront déterminantes, tout comme la capacité à identifier les patients, et les isoler rapidement avant qu'ils ne contaminent d'autres personnes ». En clair, par le biais de cette phrase, l'Organisation mondiale de la santé s'inquiète de possibles porteurs du virus qui s'ignoreraient, et qui risqueraient de répandre l'épidémie. D’autant que l’organisation onusienne s’alarme que «ce virus très dange­reux, qui est l’ennemi public numéro un, ne soit pas traité comme tel. Au moment où nous par­lions, nous sommes encore dans une phase où il est possible de con­tenir l’épidémie. Mais la fenêtre de tir se rétrécit», avertit Tedros Ad­hanom Ghebreyesus, le directeur général.
En tout cas, l’épidémie de pneumonie virale se mondialise. Elle touche désormais plus de 77.700 personnes dans le monde, dont plus de 1.500 hors de Chine. Plus de trente pays sont concernés. L’épidémie a déjà été  mortelle  au  Japon,  en Corée  du  Sud,  à  Taïwan,  Hongkong,  Singapour,  aux  Philippines,  mais  aussi  hors  d’Asie,  en Iran, en France et en Italie où elle a fait, vendredi, sa première victime européenne qui n’avait pourtant eu aucun contact avec la Chine, suivie d’une seconde, septuagénaire elle aussi. Désormais, dans la grande botte, le nombre total de cas a dépassé la centaine dont 89 en Lombardie, région du nord de l’Italie où plusieurs matchs de Série A, le championnat de football italien, ont été reportés et des villes ont été mises en quarantaine, dimanche, en isolant onze communes pour lutter contre l’épidémie, dont le foyer se trouve à quelques kilomètres de Milan, à Codogno. De l’autre côté des Alpes, Olivier Véran, le ministre de la Santé français, a indiqué que les autorités sanitaires se préparent à une épidémie et s’est dit particulièrement attentif à la situation en Italie, pays limitrophe.  
L’apparition de cas en dehors de l’empire du Milieu inquiète au plus haut point l’OMS «sans lien épidémiologi­que clair, tels que les antécédents de voyage et les contacts avec un cas confirmé». «Nous voyons que la situation évolue», a confié Sylvie Briand, la directrice du dé­partement Préparation mondiale aux risques infectieux à l’OMS. Et de préciser : «Non seulement le nombre des cas augmente, mais nous voyons aussi de nombreux modèles de trans­mission dans différents endroits». Toutefois, l’OMS ne parle pas de pandémie. Enfin pas encore. L’organisation inter­nationale considère qu’il y a «des épidémies différentes, montrant des phases différentes».
Une inquiétude amplifiée par la position de la Chine qui est en train de clairement perdre son pari. Alors qu’elle espérait, tel un super-héros, prouver au monde que les mesures draconiennes et inédites de confinement de sa  population avaient permis de protéger le reste de la planète du coronavirus, force est de constater qu’il n’en est rien. En réalité, l’épidémie a finalement pris les autori­tés sanitaires chinoises et mondiales de vi­tesse. C’est certainement la raison pour laquelle la Chine a dû se résoudre à accepter qu’une mission de l’OMS se rende à Wuhan, samedi dernier, composée de 12 scientifiques internationaux, accompagnés de 12 scientifiques chinois.
Dans cette lourde atmosphère, une lueur surgit et elle se nomme le printemps. Quand c’est le président américain qui le prédit, on a du mal à y croire, mais il est probable qu’il ait eu raison en affirmant que l'épidémie du coronavirus disparaîtra probablement en avril à cause de la chaleur. Il est vrai que le coronavirus, à l’instar de la grippe, est souvent saisonnier et prospère l'hiver, quand les organismes sont plus fragiles et que la population vit surtout à l'intérieur avec plus de promiscuité. Un scénario qui n’est pas sans rappeler le SRAS, en 2003, qui s'était éteint au mois de juin (le SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère, de la même famille que le coronavirus, avait tué 750 personnes dans le monde). Néanmoins, nul ne peut ignorer que le Covid-2019 est encore un virus nouveau. Par conséquent, il est impossible de savoir avec précision comment il réagira au changement des températures. Pour exemple, le MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), un des cousins du coronavirus, se porte très bien sous les températures élevées du Moyen-Orient.  

 


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